- Mardi
15 février 2005 N° 957/22353
- LIBAN : Un attentat
à la bombe (350 kg de TNT) a été perpétré
lundi en plein centre de Beyrouth au passage du
convoi militaire blindé qui escortait l'ancien
Premier ministre Rafik Hariri (photo).
Il venait de quitter le siège du parlement à
l'issue d'une réunion consacrée aux prochaines
élections législatives prévues en mai 2005.
Rafik Hariri a été tué sur le coup ainsi que
14 autres personnes dont l'ex-ministre de
l'Economie Basile Fouleihane. 140 autres ont
été blessées. Un groupe inconnu, baptisé
"An-Nasr wal Jihad fi Bilad el-Cham"
("Groupe pour la victoire et la guerre
sainte au Levant"), a revendiqué l'attentat
"contre les infidèles, les renégats et les
tyrans" dans un document vidéo diffusé sur
la chaîne satellitaire qatariote Al-Jazeera. Début
septembre 2004, la France et les Etats-Unis
avaient fait adopter le 2 septembre 2004 devant
le Conseil de sécurité des Nations Unies la résolution 1559 exigeant
le respect de la Constitution et le départ des
troupes étrangères, (NDLR. syriennes), du
Liban. La Constitution avait été amendée pour
permettre la prorogation du mandat d'Emile Lahoud. Rafik
Hariri, Premier ministre de 1992 à 1998 puis de
2000 à octobre 2004, homme d'affaires sunnite de
60 ans influent sur le plan politique malgré sa
démission intervenue le 20 octobre 2004, s'était
joint récemment aux appels de l'opposition pour
un retrait syrien du Liban. Il a fait fortune en
Arabie Saoudite (estimée à 10 milliards de
dollars) et avait participé à la reconstruction
de Beyrouth détruite par 15 ans de guerre civile par
l'intermédiaire de sa société privée,
Solidere, qu'il avait fondée et qui est cotée
à la bourse de Beyrouth. En novembre 2002, il
obtient l'accord de la communauté internationale
réunie à Paris pour venir au secours du Liban
qui risque l'asphyxie financière, en
contrepartie de réformes économiques prévoyant
notamment la privatisation de divers secteurs de
l'économie. Ses divergences avec le Président
Emile Lahoud ont empêché la mise en oeuvre de
ces réformes. Le Liban a aujourd'hui une dette
d'environ 35 milliards de dollars, soit près du
double de son PIB. Il avait sa propre chaîne de
télévision, Future TV et son
journal, Al-Mostaqbal. Il possédait aussi
Radio-Orient, installée à Paris. ** Le
vice-Premier ministre israélien Shimon Peres a
dit n'avoir "aucune idée de qui a commis
cela" ajoutant "Rafik Hariri vivait
dans un pays dangereux et (le gouvernement
libanais) aurait dû prendre le contrôle de ce
pays. Au lieu de cela, il l'a abandonné à
toutes sortes de terroristes". Pour
l'experte Rime Allaf, de
l'Institut royal des affaires internationales (RIIA, Royal
Institute of International Affairs) de
Londres, cet attentat est "l'oeuvre de
services secrets, pas d'une petite organisation.
Ceux qui l'ont commis visent à plonger le Liban
dans le chaos et à faire accuser la Syrie".
FRANCE : Le Président Jacques Chirac a
condamné "ce crime avec la plus grande
fermeté" et réclamé l'ouverture d'une
"enquête internationale (...) pour
déterminer les circonstances et les
responsabilités de cette tragédie". Le
Premier Ministre libanais, Rafik Hariri, était
un ami personnel du chef de l'Etat. Le ministre
des Affaires Etrangères, Michel Barnier, qui
recevait à Paris son homologue israélien Silvan Shalom, a estimé
que "ce qui est visé, c'est probablement le
processus démocratique et le processus politique
qui doit être engagé" au Liban.
ETATS-UNIS : Après
l'assassinat du Premier ministre libanais, Rafik
Hariri, la Maison Blanche a parlé d'un
"terrible rappel que le peuple libanais
devait pouvoir poursuivre ses aspirations et
déterminer son propre avenir politique, libéré
de la violence, de l'intimidation et libéré de
l'occupation syrienne". **
Le président du Comité
international de la Croix-Rouge (CICR),
dont le siège est à Genève en Suisse, Jakob
Kellenberger, a entamé lundi une visite à
Washington où il doit rencontrer le président George W.
Bush, la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice, le
secrétaire à la défense Donald Rumsfeld et le
conseiller à la sécurité nationale Steven
Hadley. Jakob Kellenberger doit notamment aborder
"la question du traitement des détenus de
la base américaine de Guantanamo, sur l'île de
Cuba" pour lequel "nous avons toujours
d'importants sujets de préoccupation à cet
égard" a indiqué le Président du CICR. Le
CICR avait publié un rapport dans lequel
étaient évoquées "des pratiques
assimilables à des tortures effectuées par les
soldats américains lors des
interrogatoires". Le Pentagone avait
démenti que des prisonniers aient été
maltraités, voire torturés, à Guantanamo. Le
CICR rend régulièrement visite depuis début
2002 aux 600 prisonniers détenus à Guantanamo.
La plupart des détenus ont été capturés lors
de l'invasion américaine en Afghanistan il y a 3
ans sans statut de prisonniers de guerre, ce qui
ne leur permet pas de bénéficier des quatrièmes conventions de Genève sur le
traitement des prisonniers de guerre. Les
Etats-Unis les soupçonnent d'être liés aux
talibans ou au réseau terroriste Al-Qaïda.
IRAN : L'agence
officielle de presse IRNA a rapporté qu'un
incendie a ravagé lundi une mosquée Ark dans le
centre de Téhéran faisant une soixantaine de
morts et plus de 250 blessés parmi plusieurs
centaines de fidèles réunis pour la prière du
soir.
CISJORDANIE : Un
responsable militaire israélien a annoncé lundi
que le transfert, prévu mardi, de la
responsabilité de la sécurité sur la région
de Jéricho a été reporté à la suite de
divergences sur les modalités de cette
opération. ** Un adolescent palestinien a été
tué lundi à Hébron par des tirs de soldats
israéliens.
BANDE DE GAZA : Un poste
militaire israélien a été la cible de tirs de
mortier.
BOSNIE : Le président serbe Boris Tadic a achevé
lundi une visite historique de 2 jours au Kosovo où il a
dénoncé la situation des Serbes dans cette
province à majorité albanaise et a demandé
l'aide de la communauté internationale. Il a
déclaré : "Si des gens sont tués parce
qu'ils ont une autre religion, c'est une
violation du fondement même des valeurs
européennes. Nous voulons un avenir européen et
dans ce sens nous avons besoin de l'aide de la
communauté européenne". Lors d'un
entretien dimanche avec le chef de la mission de
l'ONU au Kosovo (MINUK) Soren
Jessen-Petersen, il a demandé des garanties
supplémentaires de sécurité pour les Serbes du
Kosovo".
PHILIPPINES : 3 attentats
à la bombe perpétrés à Manille, Davao City et
General Santos, revendiqués par le groupe
islamiste Abbu Sayyaf , a fait
11 morts et une cinquantaine de blessés. Un
porte-parole d'Abou Sayyaf, Abu Solaiman, a
déclaré à la radio DZBB que ces attaques
étaient le "cadeau de la
Saint-Valentin" pour la présidente Gloria
Arroyo précisant que "d'autres actions
allaient suivre". Ces actions interviennent
alors que la chaîne de télévision locale ABS-CBN
News avait annoncé vendredi qu'un
assistant du commandant du groupe terroriste Abou
Sayyaf, Khadafy Janjalani, appelé Omar Usman
Jimlani, a été arrêté à Zamboanga Sibugay,
sur l'île de Mindanao, dans une opération
conjointe menée par la police et l'armée des
Philippines.
IRAK : Un soldat américain a
été tué et 3 autres ont été blessés dans
l'explosion d'une bombe lundi près de Baaqouba,
à 60 km au nord-est de Bagdad. Ce décès porte
à 1 456 le nombre de soldats américains morts
en Irak depuis l'invasion de l'Irak en mars 2003,
selon des chiffres divulgués par le Pentagone.
TOGO : La journée "Togo
mort" organisée lundi par l'opposition pour
protester contre le "coup d'Etat" du
président investi Faure Gnassingbé a été peu
suivie à Lomé, la capitale, où un manifestant
a été tué par les forces de l'ordre.
BURKINA FASO : Une
délégation gouvernementale qui s'est rendue
lundi à Ouagadougou, la capitale, a indiqué que
le Togo examinait "la possibilité"
d'appliquer les décisions prises lors du sommet
de chefs d'Etat de la CEDEAO le 9
février 2005 à Niamey, exigeant "le retour
de l'ordre constitutionnel au Togo". Si le
Togo refuse de revenir à l'ancien ordre
constitutionnel, la CEDEAO menace d'appliquer son
protocole "sur la bonne gouvernance",
qui prévoit des sanctions en cas de non-respect
de ses critères. Les présidents de la CEDEAO
ont fait savoir lundi qu'ils attendaient une
réponse "demain (NDLR. mardi) au plus
tard" des autorités du Togo à leur
exigence de ce retour à l'ordre constitutionnel.
RDC (Rép. Dém. Congo) : Dans un
communiqué de presse publié lundi à Kinshasa,
la Mission de l'Organisation des Nations Unies en
République démocratique du Congo (MONUC) s'est
félicitée de "la décision des autorités
marocaines d'engager des poursuites judiciaires
contre 6 de ses soldats" qui ont commis des
abus sexuels sur des civils congolais. Un
communiqué de la Mission du Maroc à l'ONU
indique que "dans le cadre de l'enquête
diligentée avec la célérité requise, le
Commandant du contingent marocain de la MONUC et
son adjoint ont été relevés. Aussi, sur les 17
militaires du contingent marocain convoqués dans
le cadre de l'enquête sur la première plainte,
quatre ont été identifiés par deux victimes.
Ils ont été remis aux arrêts et seront
poursuivis en justice" ajoutant :
"(...)l'enquête ouverte dans le cadre de la
seconde plainte, a permis l'identification de 2
militaires marocains reconnus par une victime.
Les deux militaires mis en cause ont été remis
aux arrêts, seront rayés des contrôles des
Forces Armées Royales et poursuivis par la
justice militaire".
La citation du jour : "C'est
une grande misère de n'avoir pas assez d'esprit
pour mieux parler, ni assez de jugement pour se
taire". Jean de La Bruyère
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