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Palais de lElysée Jeudi 28
août 2014
Monsieur le Président du Sénat,
Monsieur le ministre des Affaires étrangères,
cher Laurent FABIUS,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les ambassadeurs,
Nous nous retrouvons pour cette Conférence qui
est devenue un rendez-vous incontournable, un
rite, mais qui se situe, aujourdhui, dans
un contexte particulièrement lourd.
Au cur du Moyen-Orient, une organisation
barbare tente de prendre la dimension dun
Etat pour y imposer un califat. Rien que cela.
A lEst de lEurope, un conflit qui a
déjà fait plus de 2 000 morts, met en cause les
principes sur lesquels notre sécurité
collective était fondée depuis la fin de la
guerre froide.
A lOuest de lAfrique, un fléau
sanitaire sajoute au spectre terroriste et
accable des pays qui, jusque-là, étaient
regardés comme les plus dynamiques du monde sur
le plan économique.
Ces crises qui peuvent paraître disparates, ne
peuvent plus être regardées comme spécifiques
ou régionales : elles sont globales et
internationales. Elles ne nous sont pas
extérieures, elles nous concernent directement.
Ce nest pas parce quelles sont loin
quelles nont pas de ramifications,
ici même. Elles nous concernent donc tous
presque personnellement.
Quand un avion civil est abattu dans le ciel
ukrainien, quand des combattants de la haine sont
formés pour mener leurs tâches criminelles
jusquici dans nos pays, et quand des
journalistes sont enlevés et assassinés dans
des conditions effroyables, nous sommes tous
concernés.
La France est consciente de lextrême
gravité de ces menaces.
Face à elles, elle ne peut pas rester
indifférente ou spectatrice. Ce ne serait pas
conforme à son histoire, encore moins à notre
statut de membre permanent du Conseil de
sécurité. Ce ne serait pas compatible avec
notre intérêt bien compris et avec notre
vocation de grand pays porteur de valeurs. Tel
est le sens de notre politique extérieure : agir
pour la paix et la sécurité du monde. Tel est
le travail inlassable de notre diplomatie, sous
la conduite de Laurent FABIUS, dont je salue une
nouvelle fois laction.
La France est en mouvement. Sur tous les fronts.
Dabord au Moyen-Orient.
Ici même, lan dernier, jexprimais ma
conviction quune intervention
internationale était nécessaire en Syrie. A la
suite de lutilisation par le régime des
armes chimiques, il sagissait dempêcher
de nouveaux massacres. Je vous disais que linaction
faisait le jeu des extrémistes. Hélas, la
démonstration est faite et elle est implacable !
Je regrette que la mobilisation internationale
pour régler la situation en Syrie ait fait à ce
point défaut, notamment au Conseil de
sécurité. Nous en mesurons aujourdhui
toutes les conséquences : le régime de Bachar
El ASSAD poursuit, sans aucune retenue, sa
politique de répression ; les réfugiés se
massent, chaque jour plus nombreux, dans les pays
voisins ; et les groupes terroristes gagnent de
nouvelles positions. Voilà le résultat.
Mais le danger na pas simplement grandi, ce
qui serait déjà un péril. Il est devenu
immense. Le conflit a débordé en Irak, un pays
pour des raisons sur lesquelles je ne
reviendrai pas qui était déjà soumis
aux divisions, aux conflits inter-religieux et à
linstabilité. LEtat islamique, en
tout cas qui se prétend comme tel, sest
engouffré dans la brèche, parce que le
terrorisme se nourrit toujours du chaos.
Ce groupe a conquis de larges parties du
territoire irakien, en plus de ce quil
avait déjà quasiment en possession en Syrie. Il
menace aussi bien Bagdad que le Kurdistan
irakien. Il sen prend aux minorités, les
chrétiens dIrak, les Yazidis et dautres
aussi. La France a donc décidé de prendre ses
responsabilités. Elle a fourni une aide pour
venir en aide aux populations réfugiées,
notamment au Kurdistan dIrak. Elle a
également livré des armes aux forces engagées
en première ligne contre lEtat islamique.
Depuis, et tant mieux, dautres pays
européens nous ont rejoints, mais nous ne
pouvons pas en rester là. Notre soutien doit
être amplifié pour préserver lunité de
lIrak et permettre que chaque communauté
vive en paix.
Cest pourquoi jai lancé une
initiative. Elle vise à améliorer la
coordination (quand je dis « laméliorer
», cest lorganiser) de laction
internationale contre lEtat islamique, sur
les plans humanitaire, sécuritaire mais aussi
militaire. Cest le sens de la conférence
internationale que la France propose de réunir
ici même, à Paris, dès lors que le
gouvernement irakien aura été constitué.
Car pour vaincre lEtat islamique, pour
vaincre le terrorisme, la première condition, cest
que les Irakiens eux-mêmes se rassemblent.
Pour vaincre lEtat islamique, pour vaincre
le terrorisme, il faut aussi que la communauté
internationale prenne la dimension du danger et
organise une mobilisation à cette hauteur, dans
le respect du droit international.
Pour vaincre lEtat islamique, chaque pays
doit également sengager à lutter contre
les filières djihadistes, les filières du
terrorisme international et prévenir les
départs de jeunes fanatiques sur les zones de
combat. Le Conseil de sécurité en sera saisi le
25 septembre prochain. Quant à la France, elle na
pas attendu puisque nous mettons dores et
déjà en uvre un plan anti djihadistes. Il
a été adopté en Conseil des ministres au mois
de mai.
Une large alliance est nécessaire, mais je veux
que les choses soient claires : Bachar El ASSAD
ne peut pas être un partenaire de la lutte
contre le terrorisme. Cest lallié
objectif des djihadistes. Il ny a pas de
choix possible entre deux barbaries parce quelles
sentretiennent mutuellement.
La France est également en soutien des pays de
la région qui accueillent les réfugiés. Je
pense à la Jordanie mais également à la
Turquie et forcément au Liban. Aujourdhui,
le tiers de la population qui vit au Liban est dorigine
syrienne, par la force des choses. Au Liban, nous
sommes liés par un pacte damitié et nous
veillons à préserver, autant quil est
possible, lunité de ce pays ami. Nous
avons, là encore, décidé de livrer à son
armée, en liaison avec lArabie saoudite,
des moyens opérationnels. Ils lui sont
indispensables pour assurer la sécurité dans
une région déjà tourmentée, non pas
simplement par ce quil se passe en Syrie et
en Irak, mais aussi compte tenu de la résurgence
du conflit israélo-palestinien qui a connu, ces
dernières semaines, une phase dramatique.
Cest la troisième crise de Gaza en 6 ans
après celle de 2008 et celle de 2012
mais cest aussi celle qui est la
plus meurtrière (plus de 2 200 morts).
Aujourdhui, un cessez-le-feu a été
trouvé et négocié au Caire. Je veux saluer
tous ceux qui y ont contribué. La France a joué
son rôle. Des engagements ont été pris par
chacune des parties. Ils doivent donc être
strictement, précisément, rigoureusement mis en
uvre car Gaza ne peut plus rester une base
armée pour le Hamas, ni non plus une prison à
ciel ouvert pour ses habitants. Il faut aller
vers une levée du blocus progressive et une
démilitarisation du territoire.
La France, là encore, a fait des propositions
pour assurer une supervision internationale de la
destruction des tunnels ; sécuriser la
réouverture des points de passage entre Gaza dune
part, Israël et lEgypte dautre part
; et donner à lAutorité palestinienne les
moyens de répondre à la crise humanitaire et dentreprendre
une nouvelle fois, je dis bien une nouvelle fois,
la reconstruction de Gaza.
Cest le chemin de la paix quil
convient de retrouver. Au plus vite. Chacun en
connaît les conditions et les paramètres. Je
vais les répéter : un Etat palestinien
démocratique et viable, vivant aux côtés de lEtat
dIsraël en sécurité. Mais nous voyons
bien que les formules finissent par sépuiser.
La négociation pour la négociation ne suffit
plus, dès lors quelle naboutit
jamais. Nous devons lui donner toujours sa chance
et la responsabilité en revient aux
parties-prenantes. Mais il reviendra à la
Communauté internationale de prendre linitiative.
Le rôle des Etats-Unis est décisif. Mais celui
de lEurope ne lest pas moins : elle
doit agir et utiliser tout le potentiel, par
exemple, de linitiative arabe de paix. Elle
na pas été suffisamment prise en compte
depuis 2002. Cest lEurope qui fait
beaucoup pour reconstruire, développer la
Palestine. Cest lEurope qui doit
aussi faire pression, sur les uns et sur les
autres, et ne pas être simplement un guichet
vers lequel on sadresse pour effacer les
plaies de conflits récurrents.
Parallèlement, nous avons à trouver une issue
aux discussions avec lIran, parce que
là-aussi tout est lié. Notre objectif, il est
tellement simple que je peine à lénoncer,
cest de faire renoncer lIran à laccès
à larme nucléaire.
La France a montré sa fermeté et Laurent
FABIUS, à un moment décisif, a été
particulièrement clair dans les négociations.
La France sest aussi montrée disponible et
jai moi-même été lun des premiers
chefs dEtat occidentaux à rencontrer le
Président iranien ROHANI. Cétait lannée
dernière, lors de lAssemblée générale
des Nations Unies. Mais je constate que les
discussions entre lIran et les 5+1 ont
été reportées, après avoir été ensevelies
par je ne sais quelles conditions posées et qui
navaient pas lieu dêtre. De même,
il y a toujours des voix qui sélèvent
pour dire quil serait bon de lier les
négociations avec lIran, sur le
nucléaire, avec la situation en Irak. Je récuse
tout lien, il naurait aucun sens. LIran
doit tout simplement avoir le courage de prendre
les mesures qui démontreront, de façon
vérifiable et incontestable, son renoncement à
une capacité nucléaire militaire.
Cest vrai que la crise irakienne démontre
que nos préoccupations ne divergent pas toujours
avec lIran et que ce pays peut être un
interlocuteur sil décide, cest la
condition essentielle, de sinscrire dans
les principes qui permettent un échange sincère
et utile. La France est prête à considérer lIran
comme tel. Mais à ces conditions et seulement à
ces conditions.
Voilà déjà ce qui devrait nous mobiliser pour
la paix et pour la sécurité : le Moyen Orient,
le Proche Orient.
Mais la paix et la sécurité sont également
menacées à lEst de lEurope. A
quelques heures davion dici.
Notre continent connaît, en Ukraine, lune
des crises les plus graves depuis la fin de la
guerre froide. Je veux exprimer devant vous la
position de la France sur ce sujet grave.
Dun côté, la Russie doit respecter la
souveraineté de lUkraine, arrêter son
soutien aux séparatistes et les amener à
accepter un cessez-le-feu bilatéral. La Russie
doit contrôler effectivement sa frontière et en
terminer avec les transferts darmes et de
matériels. Sil était avéré que des
soldats russes sont présents sur le sol
ukrainien, ce serait bien sûr intolérable et
inadmissible.
De lautre, les autorités ukrainiennes
doivent faire preuve de retenue dans les
opérations militaires et décider dune
large décentralisation au bénéfice des
régions russophones et écarter toutes
provocations.
La solution à la crise en Ukraine est politique,
elle nest pas militaire. Cest
pourquoi le 6 juin dernier, lors des
commémorations du Débarquement, jai saisi
lopportunité de la présence du Président
POUTINE et du Président POROCHENKO pour
permettre quil y ait cette première
rencontre. La présence dAngela MERKEL a
été utile à ce moment. Depuis, la Chancelière
et moi-même avons poursuivi nos démarches pour
tisser les fils, renouer les contacts. Nous y
sommes parfois parvenus, mais nous navons
pas pu obtenir jusque-là un règlement de la
situation.
Les Européens ont dû renforcer les sanctions.
Elles seront forcément maintenues, voire
augmentées, si lescalade se poursuit. Je
le dis nettement, je ne souhaite pas en arriver
là. Ce nest pas lintérêt de la
Russie, ce nest pas lintérêt de lEurope,
ce nest pas lintérêt de la France.
La Russie ne peut, à la fois, aspirer à être
une puissance reconnue du XXIème siècle et ne
pas en respecter les règles. Elle subit, en ce
moment même, un isolement croissant et les
conséquences dun ralentissement de sa
croissance sont avérées, à cause des
sanctions.
Cette contradiction, cest bien évidemment
dabord au Président russe de la résoudre.
Jai dit plusieurs fois à Vladimir POUTINE
que la France et lUnion européenne
souhaitaient poursuivre lapprofondissement
de nos relations avec la Russie. Parce que la
Russie est un grand pays, parce que la Russie a
également son destin sur le continent européen
et quil y a un lien historique, culturel,
économique entre la Russie et la France.
Mais, aujourdhui, la crise ukrainienne est
un blocage. Raison de plus pour le lever
rapidement ! La France y est prête avec lAllemagne.
Je fais une nouvelle fois la proposition de se
réunir dans le format quon appelle
maintenant « Normandie » - la marque est
déposée ! - pour trouver un accord global. Mais
on ne va pas se réunir à quatre si les
conditions de cet accord ne sont pas posées.
Notre disponibilité est donc là, nous y
travaillons avec la Chancelière. La réponse
doit venir notamment du côté russe.
La paix et la sécurité de lEurope ne se
jouent pas quen Europe, mais également
loin dEurope. Jévoquais le
Moyen-Orient, le Proche-Orient. Je dois parler de
lAfrique.
Cest un continent ami auquel lHistoire,
là aussi, nous lie. Les commémorations de cette
année nous ont encore rappelé ce quavaient
fait les Africains, pendant la Première Guerre
mondiale et pendant la Seconde, pour assurer nos
victoires, cest-à-dire notre liberté.
Alors il y a ce lien de sang qui demeure. Mais il
y a aussi cette conviction que lAfrique est
le continent de la croissance.
En ce moment, les ambassadeurs peuvent en
témoigner, lAfrique se couvre de projets,
met en place les infrastructures, exploite ses
ressources minières, fait des efforts
considérables en matière de nouvelles
technologies ou même de transition
énergétique. Rien quen 2013, six des dix
économies les plus dynamiques du monde sont
africaines. Cest dire si la vision de lAfrique,
que beaucoup ont, doit changer.
Lors du Sommet de lElysée en décembre
dernier, nous avons essayé de moderniser la
tradition des rencontres entre la France et lAfrique.
Nous avons pris des décisions importantes. Dabord,
la France va consacrer 20 milliards deuros
au cours des dix prochaines années pour le
développement de lAfrique. LAgence
française de développement jouera un rôle de
premier plan dans cette stratégie. Nous avons
même eu lidée avec les
entreprises, parce que rien ne peut se faire sans
les entreprises quune Fondation
franco-africaine pour la croissance pouvait
permettre dêtre un levier, pour que nous
puissions être utiles à lAfrique et
utiles aussi à nos entreprises. Cette fondation
est en train de se mettre en place et dengager
ses premières actions.
Mais en même temps que je parle de lAfrique,
par les liens qui nous unissent par lhistoire,
par léconomie, par les liens humains, je
dois aussi parler de lAfrique comme dun
continent vulnérable. Lépidémie Ebola en
est, encore une fois, la démonstration tragique.
Elle aurait appelé une réaction encore plus
rapide. Cette épidémie a déjà fait plus de 2
000 morts et encore nous navons
toujours pas recensé toutes les victimes
Depuis le début de cette épidémie, la France sest
impliquée aussi bien le ministère des
Affaires étrangères que le ministère des
Affaires sociales et de la Santé. Les experts de
lINSERM et de lInstitut Pasteur ont
identifié la présence du virus dès lorigine.
Aujourdhui ces mêmes experts contribuent
activement au diagnostic et à la surveillance de
la maladie. Ils sont présents, courageusement
présents, sur place.
Je veux saluer aussi les organisations non
gouvernementales présentes pour former,
accompagner, soigner les malades et constater,
hélas, les ravages du virus. La France doit
montrer sa solidarité. Elle nest pas que
financière, elle doit être aussi scientifique,
humaine.
Toutes les mesures ont été aussi prises pour
protéger nos ressortissants. Des moyens
militaires, jen remercie le ministre de la
Défense, ont été déployés pour assurer une
capacité dévacuation sanitaire. Elle est
mise à la disposition de lOrganisation
mondiale de la santé.
Les épidémies font leur lit de la pauvreté et
sont les produits de la fragilité des systèmes
de santé. Voilà pourquoi la France, jen
ai décidé, a maintenu la contribution quelle
verse au Fonds mondial de lutte contre le Sida,
le paludisme et la tuberculose.
Dune manière générale, même dans ces
moments où nous traversons ce que lon
appelle des « difficultés budgétaires » (en
fait, nous connaissons des déficits depuis plus
de dix ans, mais nous avons décidé tout
simplement de les réduire), même dans ce
contexte que chacun connait, la France continue
de figurer parmi les tous premiers donateurs
mondiaux en matière de développement. Elle a
accru la concentration de ses moyens : en 2013, laide
de la France en direction des pays les moins
avancés a augmenté du tiers par rapport à
2012. Nous ne le faisons pas simplement par
générosité, nous le faisons aussi parce que
nous sommes conscients que cette misère et cette
pauvreté peuvent créer un terreau au
terrorisme.
LAfrique, malgré ses atouts, est un
continent menacé par linsécurité. Chaque
fois quun pays ami est victime du
terrorisme, nous sommes à ses côtés. Chaque
fois quil est aussi victime dun
risque daffrontement qui peut déboucher
sur des massacres ou même un génocide, nous
sommes également à ses côtés, sans rien
demander en échange, sans avoir aucune idée de
contrepartie ou dintérêt mercantile.
En décembre dernier, nous sommes intervenus en
République centrafricaine, nous avons évité le
pire, je dis bien le pire. Nous avons été les
premiers, jy reviendrai. Mais, aujourdhui,
lUnion européenne fait un excellent
travail avec lEUFOR. Les casques bleus dans
quelques mois, cétait dailleurs
notre volonté, vont prendre le relai. Nous
sommes également soucieux que lEtat
centrafricain se reconstitue et que puissions
avoir, en même temps, une transition
démocratique. Cela veut dire des élections.
Au Mali, la décision avait été prise au début
de lannée 2013. Certains oiseaux de
mauvais augure nous avaient dit que nous serions
là pour toujours... Nous avons fait notre
travail. Je salue laction quont pu
conduire le ministre de la Défense, Jean-Yves LE
DRIAN, et les forces armées. Le résultat est
là, la démocratie a été rétablie, les
projets de développement redémarrent. La
réconciliation est en cours. Elle a tardé, cest
vrai. Et la France appuie, sans réserve, laction
de lAlgérie en faveur de ce processus.
Quant à nos forces armées, elles contribueront,
sous dautres formes, à notre présence
militaire. Nous lavons adaptée et elle
prendra dautres formes pour éviter la
résurgence du terrorisme. Cest lopération
Barkhane qui fait que nous sommes moins présents
au Mali et davantage sur des sites où nous
étions déjà installés. Nous faisons en sorte
quavec 3 000 hommes nous puissions assurer
la sécurité de lAfrique de lOuest.
Mais aussitôt fermé un risque, écartée une
menace, un autre péril surgit. Nous lavons
vu au Nigéria : Boko Haram avec son intention de
bâtir un califat. Quavons-nous fait ? Nous
avons mis sur pied une réaction internationale,
réuni ici les pays de la région (ce quon
appelle les pays du bassin du lac Tchad) et
permis que les renseignements, les échanges dinformations,
les actions éventuelles puissent être
coordonnées. Le Nigéria 20ème puissance
économique du monde, léconomie la plus
dynamique dAfrique et sans doute la
première vit dans la menace de Boko
Haram. Le Nigéria a confiance en la France et la
France fera tout pour préserver la capacité du
Nigéria à être une grande économie et un
grand pays démocratique.
Mais je vais vous livrer ma préoccupation
majeure, à ce moment même, alors quil y a
pourtant tant de sujets dinquiétudes et de
vigilance. Cest la Libye.
La confusion est totale, des groupes djihadistes
ont pris le contrôle de sites importants et pas
simplement de sites pétroliers. Il y a deux
parlements, deux gouvernements, même si, pour
nous, il ny en a quun seul de
légitime. Il y a aujourdhui des milices et
il y a, au sud de la Lybie, une formation de
groupes terroristes qui attend dintervenir.
Si nous ne faisons rien je nentends
rien de sérieux, rien de politique, rien dinternational
cest le terrorisme qui se répandra
dans toute cette région. Alors, la France
demande aux Nations Unies, parce que ce sont
elles qui doivent prendre leurs responsabilités,
dorganiser un soutien exceptionnel aux
autorités libyennes pour rétablir leur Etat.
Nous devons également être très attentifs par
rapport aux voisins de la Lybie : lEgypte
mais aussi la Tunisie, parce que la Tunisie peut
être lexemple de la réussite des
printemps arabes. Ils étaient partis de là et
il est à craindre que ce soit le seul résultat.
Faut-il encore le préserver.
Pour répondre à toutes ces sollicitations, à
tous nos devoirs, à tous les risques, la France
dispose dun outil militaire efficace. Cest
pourquoi jai décidé de maintenir les
crédits de la loi de programmation militaire.
Chacun considère que cest un choix dévidence.
Quand on a à réduire les déficits, quand on
connait une croissance faible, il a fallu, non
pas simplement linsistance du ministre de
la Défense, mais toute la conviction qui doit
être la nôtre et la vôtre, pour que nous
prenions bien acte quavoir un outil de
défense, ce nest pas simplement un
élément de puissance, cest une condition
même pour notre propre sécurité.
Mais nous ne pouvons pas simplement en rester à
des volumes de crédits sur lesquels je vois des
spécialistes disserter au centime deuro
près. Ce qui compte, cest lusage de
ces crédits : est-ce quils sont employés
pour être les mieux adaptés aux menaces ? Doù
lenjeu de la cyberdéfense, par exemple,
mais aussi du renseignement. Cest pourquoi
jai veillé à ce que les capacités de la
DGSE puissent être également renforcées.
Je disais que parfois nous courons le risque
on ne nous le reproche pas à létranger,
cest exceptionnel, mais en France dagir
seul. Je réponds que nous ne sommes pas seuls,
nous sommes les premiers. Cest assez
différent. Nous sommes parfois même des
pionniers dans la solidarité internationale. Mon
intention est toujours dagir avec nos
partenaires européens. Parce que plus que
jamais, jai la conviction que lEurope
doit être présente en tant que telle dans un
monde où la neutralité nest plus permise.
Lambition mille fois répétée dune
véritable Europe de la Défense surtout
de la part de ceux qui ne font rien doit
maintenant devenir une réalité. LUnion
européenne ne peut pas tout attendre dun
ou de deux Etats membres je dirais
essentiellement dun, cest-à-dire la
France pour assurer lessentiel de lengagement
budgétaire et humain au bénéfice de la
sécurité de tous. Cette prise de conscience et
ce partage de leffort sont les conditions
du renforcement de lEurope sur la scène
internationale.
Dans quelques jours, je me rendrai au sommet de lOTAN
qui doit définir sa mission et savoir à quoi
elle sert. Il y a une idée que nous allons
promouvoir, cest celle de doter lAlliance
dune capacité de réaction rapide, pour
faire face aux crises, et dans laquelle chaque
pays membre doit prendre sa part.
La France est un pays qui compte sur la scène
internationale, grâce à sa diplomatie, grâce
à loutil de défense. Mais lavenir
de la France, cest aussi son économie. Les
attributs de la puissance, les attributs de linfluence,
ne sont pas simplement liés à la politique
extérieure. Cest aussi ce que nous sommes
capables de faire sur le plan de léconomie,
de lindustrie, de notre compétitivité. On
me dit que je suis loin du sujet. Non je suis
dans le sujet parce que la France doit mobiliser
tous ses atouts, toutes ses énergies pour rester
à son niveau. Aujourdhui, cest la
cinquième puissance économique du monde.
Cest pourquoi jai engagé le pacte de
responsabilité et de solidarité et défini
aussi une stratégie de compétitivité pour que
les entreprises soient plus modernes, plus fortes
et que notre commerce extérieur puisse être
rééquilibré.
Dailleurs, je considère que le
redressement du commerce extérieur fait partie
de la politique extérieure. Cest la raison
qui a justifié que nous puissions rassembler,
autour du ministre des Affaires étrangères, les
services et les moyens du commerce extérieur. Cest
votre rôle aussi aujourdhui, Mesdames et
Messieurs les ambassadeurs.
Pour accompagner nos entreprises à lexportation,
nous devons revoir un certain nombre de nos
dispositifs. La simplification, là aussi, a sa
place avec une unité de pilotage. Ce qui fait
souvent le charme de la France, cest la
pluralité des acteurs, y compris administratifs.
Mieux vaut concentrer, pour mieux décider et
pour agir plus vite.
Je sais que cest une mission nouvelle pour
vous. Vous en connaissez lenjeu et je vous
demande de lexercer avec tous les
ministères, tous les opérateurs et notamment la
Banque publique dinvestissement et toutes
les régions françaises qui font également
beaucoup pour le développent des exportations.
Notre cible, ce sont les PME qui doivent être
davantage à linternational. Et nous devons
nous concentrer aussi sur certaines zones
géographiques.
Dabord lAsie, là où la croissance
est la plus forte.
Lannée 2014 a été marquée par le
cinquantième anniversaire de la reconnaissance
par la France de la République populaire de
Chine. Les Chinois y étaient très attachés.
Nous avons reçu le Président XI Jinping. Il mavait
lui-même reçu en Chine. Nous avons signé des
accords importants dune valeur de 18
milliards deuros. Nous avons toujours un
déficit de plus de 25 milliards deuros
avec la Chine. Donc il y a de la marge ! Cest
ce que nous avons fait comprendre. Le
rééquilibrage du commerce extérieur nest
pas une décision administrative, mais il suppose
que nous ayons un dialogue avec la Chine et la
capacité doffrir technologies,
investissements, compétitivité
Avec lInde, nous avons également une
relation de confiance. Lalternance na
rien changé. Avec le nouveau Premier ministre
Narendra MODI, nous avons établi un programme de
travail. Nous avons confiance pour un certain
nombre de contrats. Je lai invité à venir
à Paris dici la fin de lannée.
Avec le Japon, là aussi, nous avons fait en
sorte que la confiance soit au rendez-vous. Jai
effectué une visite dEtat en juin 2013 et
jai reçu le Premier ministre ABE en mai
2014. Nous avons consolidé des partenariats en
matière politique notamment en matière
de défense et de démocratie et sur le
nucléaire civil, question éminemment sensible.
Nous avons fait en sorte davoir une
coopération de haut niveau par rapport aux
conséquences de Fukushima.
Mais je veux aller plus loin, nous devons faire
un travail avec tous les pays de la région. Je
vais les citer tous, parce que tous sont
importants : la Corée du Sud, le Vietnam, lIndonésie,
Singapour, la Malaisie, la Birmanie, la Mongolie,
les Philippines, lAustralie, la
Nouvelle-Zélande. Je ne veux écarter aucun pays
et je vais demander à tous les membres du
Gouvernement daller faire un certain nombre
de déplacements. Je demande aux ambassadeurs de
les organiser.
Moi-même, vous le savez, jirai en
Australie dans le cadre du G20. Je ferai une
visite dans ce pays où, jusque-là, aucun
Président de la République française nétait
allé. Pourquoi dis-je cela ? Non pas parce que
je cèderais à une mode «Asie-Pacifique », là
où serait la croissance de demain, mais parce quil
y a là une population, un dynamisme et aussi un
enjeu. En plus, dans ces pays, limage de la
France est bonne, pour ne pas dire excellente. Il
y a une demande de culture et de produits
français.
Il y a une autre région du monde où nous devons
être encore davantage présents, cest lAmérique
latine. Cest un pôle majeur. Nos
entreprises lont parfaitement compris.
Elles y investissent davantage. Nous devons aussi
faire des coopérations technologiques. Je suis
allé au Brésil dans le cadre dune visite
dEtat, cétait à la fin de lannée
dernière. Je suis allé au Mexique, début 2014.
Je dois dire que ce que nous avons mis en place,
avec le Conseil stratégique franco-mexicain, est
un exemple à suivre pour tous les grands pays,
notamment en Amérique latine : associer pas
simplement les diplomates et les responsables
politiques cela nous pouvons y parvenir
sans peine mais associer les entreprises,
les acteurs culturels, les personnalités, ceux
qui saiment mutuellement
Cest
le cas entre la France et le Mexique, malgré lHistoire
ou à cause de lHistoire.
Nous avons transposé ce modèle et je me rendrai
en Argentine, au Chili et au Pérou en 2015.
Globalement, je voulais insister devant vous,
malgré la gravité de la conjoncture que nous
vivons (je parle de la conjoncture politique
internationale), sur lenjeu de lattractivité.
Nous devons multiplier les décisions dinvestissement
créateur demplois en France. Là aussi, cest
une tâche que vous devez accomplir. Non pas
simplement attirer des entreprises pour quelles
viennent dans les pays amis, pour développer un
courant déchange, mais également susciter
dans les pays où vous êtes un intérêt pour la
France, pour des investissements en France.
Laurent FABIUS, avec le ministre de lIntérieur,
a fait en sorte que nous puissions simplifier la
délivrance des visas pour les investisseurs, les
entrepreneurs, les étudiants, les chercheurs...
Parce que cétait quand même un paradoxe :
on voulait que les gens viennent, mais on ne leur
permettait pas de venir. Ce qui est compliqué
pour investir, sauf à le faire sur internet mais
cela na pas donné toujours les résultats
escomptés
De la même façon, le tourisme est devenu pour
nous un élément dattractivité. Cest
le principe même, le symbole même, de lattractivité
qui veut venir nous voir. Nous sommes la
première destination touristique du monde. Cela
flatte notre orgueil
Mais nous ne sommes
pas le pays qui a le plus dexcédent dans
sa balance touristique. Cela heurte nos
habitudes... Nous devons faire en sorte que nous
puissions proposer des produits, des
équipements, et être le plus possible
accueillants, parce que si lon nest
pas bien reçu, il ny a aucune raison quon
vienne nous voir. Cela commence, et Laurent
FABIUS en a fait lexpérience lui-même, à
laéroport.
Nous nallons pas faire que les ambassadeurs
aillent dans les gares pour faire agent daccueil
Mais sil le faut, nous le ferons ! Ce que
nous devons faire, cest que lensemble
des acteurs économiques se mobilisent par
rapport à cette ambition-là. Jai donné
un chiffre : le tourisme, cest 7% du PNB, cest
deux millions demplois. Nous voyons que
nous avons, puisque nous sommes le pays le plus
beau du monde, un certain nombre de marges à
construire. Nous le ferons avec la culture.
La culture, ce nest pas une forme dexcellence
française que nous proposons au monde avec
obséquiosité et avec le souci que notre langue
puisse être parlée sans que nous fassions deffort
pour quil en soit ainsi. La culture, cest
un vecteur, non seulement dinfluence, non
seulement de partage, mais aussi de
développement économique. La bataille des
industries culturelles, on le voit bien, va
bientôt arriver, avec des opérateurs qui vont
venir, dès cet automne, pour proposer leurs
produits. Nous pouvons ériger des barrières,
fixer des cordons sanitaires sur le plan
culturel, cest perdu davance
Ce
quil faut, cest être les meilleurs,
tout en défendant lexception culturelle. Cest
ce que nous allons faire dans toutes les
négociations internationales.
Les industries culturelles doivent être pour
nous un enjeu majeur comme, dailleurs, le
développement international de nos universités,
de nos grandes écoles. Parce que nous devons
permettre à plus de jeunes Français de
découvrir le monde. Nous navons rien à
craindre, lorsque nous voyons un certain nombre
de jeunes diplômés aller à létranger
cela serait le contraire qui serait
pernicieux à la condition bien sûr quils
reviennent et quils viennent donner leur
talent à leur propre pays qui les a formés. Noublions
jamais qui a formé, parce que nous ne sommes
rien sans la République !
Et puis, il y a laccueil des étudiants
étrangers en France. Là-aussi, nous devons
faire en sorte quil y en ait davantage,
parce que cest une condition pour notre
propre influence.
Le rayonnement, cest la francophonie.
Jacques ATTALI vient de me remettre un rapport
qui souligne limmense atout économique que
la francophonie peut représenter. Je veux que la
dimension économique de la francophonie soit
présente, lors du prochain sommet de lOIF
à Dakar, au mois de novembre.
Enfin, défendre la place de la France dans le
monde, cest aussi plaider dans les lieux
majeurs de décisions, notamment le G20, pour une
croissance plus forte et plus équilibrée. Cest
ce que nous ferons en Australie, à Brisbane.
Nous continuerons à mettre à lagenda, les
choses ont progressé, la régulation financière
et la coopération fiscale internationale.
Ne croyons pas que nous sommes, là aussi,
isolés dans ce combat. Les Etats-Unis et même
un pays comme le Royaume-Uni sont venus en
soutien. Parce que cest lintérêt de
tous que la finance noire ou grise puisse être
éradiquée et que les conditions fiscales de la
concurrence puissent être précisées.
Enfin, il y a un grand rendez-vous nous lavons-nous
même fixé en laccueillant : la
Conférence sur le climat à la fin de lannée
2015. Chaque jour, chaque minute même, les
conséquences du réchauffement climatique se
font de plus en plus dévastatrices. Ils
engendrent des catastrophes, des déplacements de
population, de linstabilité politique et
des conflits meurtriers.
Tout le gouvernement, je dis bien tout le
gouvernement, est mobilisé. Cest le défi
du siècle. Je veux saluer aussi laction de
Nicolas HULOT qui, à mes côtés, fédère les
initiatives de la société civile, cest-à-dire,
les entreprises, les chercheurs, les citoyens,
sur tous les continents par rapport à cet enjeu.
En septembre, je me rendrai au sommet des chefs dEtat
et de gouvernement sur le climat organisé par
BAN Ki-moon, aux Nations Unies. Jy
annoncerai la stratégie daction de la
France pour la préparation de la Conférence de
2015, la COP21. Dores et déjà, jai
apporté mon soutien à la démarche de la Banque
mondiale pour donner un prix au carbone. Parce
que si lon veut réorienter les
investissements vers lefficacité
énergétique et les énergies propres, il faut
que la pollution ait un coût. La France
participera aussi à la capitalisation, tant
attendue, du Fonds vert pour le climat dici
la fin de lannée.
Si nous voulons convaincre ce nest
pas facile, on se rappelle des échecs cuisants
à Copenhague ; ils tiennent sans doute à la
méthode, mais ils tiennent aussi à la
réticence à la résistance dun certain
nombre de pays , nous devons être
exemplaires en France et exemplaires en Europe.
En France, nous le sommes, puisque cet automne,
Mme ROYAL, le ministre de lEcologie va
présenter le projet de loi sur la transition
énergétique et la croissance verte. Les deux
formules sont importantes. La transition
énergétique pourra être au rendez-vous pour le
climat. Mais aussi la croissance verte parce que
ce sont des atouts pour notre propre
développement économique.
LEurope devra très bientôt, à la fin de
lannée, déterminer sa politique
énergétique et climatique à lhorizon
2030.
Mesdames et Messieurs les ambassadeurs, je vous
demande de placer la COP21 au cur de vos
priorités. Le ministre des Affaires étrangères
vous définira tout au long de la journée,
comment y parvenir.
Je voudrais conclure sur lenjeu majeur que
représente lEurope pour notre pays. Lors
des élections européennes, pas simplement en
France, mais notamment en France, les citoyens
ont exprimé leur défiance, mais aussi leurs
exigences.
La réponse, cest que lEurope doit
changer. Elle doit remettre en cause un certain
nombre de politiques, clarifier son organisation,
retrouver le soutien des peuples
et surtout
gagner la bataille de la croissance et de lemploi.
Pourquoi ?
Parce quun jeune sur quatre en Europe est
au chômage. Parce que la reprise est trop
faible. Parce que linflation est trop
basse. Parce que lEuro est trop cher. Parce
que lEurope est menacée par une longue et
peut être interminable stagnation, si nous ne
faisons rien.
Agir, cest le faire dabord à léchelle
nationale. Cest ce que la France fait. Elle
na pas attendue la réorientation de lEurope,
même si elle y travaille, pour faire ses
réformes. Ces réformes sont engagées. Elles
portent dans de nombreux domaines, avec le souci
de la compétitivité et de la justice.
Mais ces réformes que lon appelle
structurelles doivent avoir ce but : améliorer
la performance économique et sociale de nos
pays. Ces réformes ne pourront marcher que si lEurope
se mobilise aussi et crée un contexte. Les deux
sont liés. Nattendons pas tout de lEurope,
mais ne pensons pas que ce seront seulement les
réformes structurelles (nécessaires,
indispensables) et la réduction du déficit
public (que nous devons poursuivre) qui
suffiront. Il faut quil y ait un esprit,
une coordination et également des choix.
La BCE a commencé à agir. Mais beaucoup
dépendra de la façon dont les banques
saisissent ces liquidités de la BCE et les
mettent à disposition de léconomie. Nous
vivons quand même un paradoxe, jamais les taux dintérêts
nont été aussi bas. Je ne parle pas des
taux dintérêts français qui sont
historiques. On est aujourdhui à 1,30 sur
les marchés, avec un écart entre les taux
français et les taux allemands de 0,3. Jamais
cela na été aussi bas.
Apparemment, tout va bien. Les capitaux sinvestissent,
les taux dintérêts sont bas, mais linvestissement
tarde, pourquoi ? Parce que le canal de
transmission nest pas automatique. Il y a
un problème de transmission de la politique
monétaire, pourtant très favorable au crédit,
aux entreprises qui naccèdent pas
suffisamment à ces crédits. Cest
pourquoi, je réunirai au mois de septembre les
Assises du financement pour linvestissement,
pour que nous puissions avoir davantage de
mobilisation pour linvestissement.
La BCE prend ses responsabilités. Mario DRAGHI a
fait des déclarations. Je ne vais pas les
interpréter parce que cela ne serait pas
forcément lui rendre service et nous rendre
service par la même occasion. Mais en même
temps, elle peut, comme elle en a parlé, aller
plus loin si nécessaire. Les pays qui
connaissent la reprise la plus forte, je pense
aux Etats Unis, ont une politique monétaire qui
a été un très fort soutien à lactivité.
A côté de la politique monétaire, il faut une
politique budgétaire qui doit jouer un rôle
important et tenir compte des situations
conjoncturelles, ce que lon appelle les
circonstances exceptionnelles. Est-ce que lon
est dans une circonstance exceptionnelle ? Oui :
stagnation (même sil y a une reprise, elle
est trop faible) et inflation faible. Certain
parlent de déflation, nous nen sommes pas
là.
Là aussi, il y a une situation assez curieuse. Cest
que nous nous plaignons de linflation
faible, et les Français de la vie chère... Les
deux sont vrais. Cest-à-dire que le taux
de croissance des prix peut être effectivement
bas et, en même temps, le sentiment que certains
prix sont trop élevés, notamment pour les plus
fragiles, existe. Nous devons faire en sorte quil
puisse y avoir une prise en compte de ces
situations dans la conduite de la politique
budgétaire de chacun des pays. Le rythme de
réduction des déficits doit donc être
compatible avec les objectifs de croissance et la
situation de faible inflation.
LEurope doit faire aussi davantage, elle
doit relancer ses investissements, portés dailleurs
sur les priorités essentielles : les
infrastructures, la recherche, linnovation,
la formation, lenvironnement. Jean-Claude
JUNCKER a annoncé 300 milliards euros, avec des
investissements publics et des investissements
privés. Là aussi, nous ferons en sorte que ce
plan-là puisse être non seulement confirmé
mais mis en uvre. Et que cela puisse être
fait dans les meilleurs délais.
Cest la position que je défendrai lors des
prochains Conseils européens : une nouvelle
initiative de croissance et une pleine
utilisation des flexibilités dans le rythme de
réduction des déficits, dans le respect des
règles européennes mais avec tout ce quelles
permettent.
Je proposerai quun sommet de la zone euro
puisse être réuni dans les meilleurs délais
pour prendre les décisions nécessaires.
Cest lintérêt de lEurope car
cest sa place dans léconomie
mondiale qui est en cause. Nous ne pouvons pas
être regardés comme un continent qui aurait la
plus faible croissance du monde et qui serait le
seul continent à ne pas vivre la reprise
économique.
Le changement en Europe, ce sont aussi des
politiques davenir : une politique de lénergie
pour réussir la transition, une politique du
numérique pour rattraper le retard qui a été
pris, pour constituer des leaders à léchelle
mondiale et pour respecter et faire respecter ce
quon appelle les données personnelles.
Et puis le changement en Europe, cest davoir
aussi des exigences de transparence et de
réciprocité dans les négociations
internationales et notamment pour le traité
transatlantique. Cest cette exigence de
transparence et de réciprocité que jai
portée auprès de la Commission européenne avec
nos amis italiens.
Enfin le changement en Europe, cest une
meilleure surveillance des frontières
extérieures de lespace Schengen et
notamment en Méditerranée. Le ministre de lIntérieur
a pris une décision, à ma demande, avec lItalie
pour faire en sorte que nous puissions éviter
les drames qui se produisent en Méditerranée.
Nous devons faire en sorte quil y ait un
renforcement de ce que lon appelle «
Frontex » - organisation, protection,
surveillance des frontières - mais aussi que,
dans lespace européen, nous préservions
la libre circulation des personnes.
Les institutions européennes auront à sorganiser
par rapport à ces priorités. Jean-Claude
JUNCKER, nouveau Président de la Commission,
présentera bientôt son collège des
commissaires. Jai désigné Pierre
MOSCOVICI pour être le commissaire français. Et
jai demandé au Président, qui a toute
liberté pour composer son équipe, quil
puisse avoir une responsabilité économique dans
cette Commission. A lui ensuite de faire ses
choix.
La France continuera à tenir son rôle en
Europe. Pour lEurope, pas simplement pour
la France, même si la France ne peut pas être
regardée comme un pays qui ne serait quun
pays dEurope. Nous sommes la deuxième
économie de lEurope, nous sommes la nation
qui consacre le plus à son effort de défense en
Europe. Nous sommes le pays qui a une politique
extérieure qui est à la fois conforme aux
délibérations européennes, mais qui prend des
initiatives. Nous devons donc avoir la place en
Europe qui correspond à notre statut.
Mais nous sommes aussi lucides : lEurope à
28, peut-être demain davantage, doit changer ses
modes de décisions et son organisation. Jai
plaidé, et je continuerai de le faire - des
discussions vont avoir lieu puisque certains pays
veulent se désengager de lUnion
européenne - pour quil y ait une union
différenciée. Que ceux qui veulent aller plus
vite, plus loin, notamment dans le cadre de la
zone euro, puissent avoir une organisation qui
puisse être adaptée à cette exigence dagir.
Cest ce modèle-là qui permettra de donner
à la construction européenne son sens et
peut-être sa légitimité aux yeux de nombreux
peuples.
Mesdames et Messieurs les ambassadeurs, jai
insisté sur la gravité des menaces. Je ne veux
pas ici, assombrir encore le tableau, inquiéter
nos compatriotes mais en même temps, rien ne
serait pire que de faire croire que le monde nest
pas dangereux. Il lest. Il nest pas
simplement dangereux, brutal, et parfois cruel
pour les peuples qui subissent les conflits 180
000 morts en Syrie, cest sans doute un des
drames les plus importants de laprès-guerre...
Ce qui se passe à Gaza depuis maintenant trop dannées.
Ce qui risque de se produire en Irak, avec lextermination
dun certain nombre de minorités. Ce qui
peut dégénérer en Afrique. Ce qui peut
prospérer, le terrorisme, partout et avec ses
filières et ses ramifications. Nous pouvons
déplorer, nous devons agir.
Nous devons dire aux opinions publiques et je
pense aux Français, que la meilleure protection,
la meilleure sécurité, cest de traiter
les problèmes, cest de ne pas les ignorer.
La tentation existe, je la connais, de dire, tout
cela ne nous regarde pas, tout cela est trop
loin. Pourquoi allons-nous nous mobiliser en
Afrique ou ailleurs. Est-ce bien là notre place
? A-t-on encore les moyens, les ressources de le
faire ? Faut-il dépenser de largent alors
que dautres ne font rien ? Je sais bien que
ces discussions ont lieu dans un certain nombre
de familles, je ne parle pas que des familles
politiques. Mais ce serait la pire des attitudes,
le pire des comportements. Faire comme si tout
cela nexistait pas.
Il y a 100 ans, lEurope plongeait le monde
dans un siècle dhorreurs. 100 ans
Un
ouvrage dun historien australien, qui a
défrayé la chronique, décrit lenchaînement
qui a conduit à cette catastrophe. Il sappelle
Les Somnambules. Somnambule, cela veut dire
marcher mais ne rien voir : être apparemment
réveillé mais dans un profond sommeil. Cest
un risque qui peut, individuellement, ne pas nous
concerner, mais collectivement parfois nous
toucher. Ne soyons pas des somnambules qui
marchent comme si le monde nexistait pas.
Restons éveillés, vigilants, cest ce que
lhistoire nous a appris.
Notre politique étrangère va bien au-delà de
nos intérêts. Elle a vocation à être utile au
monde tout entier. Cest pourquoi, Mesdames
et Messieurs les ambassadeurs, vous jouez un
rôle très important. Vous êtes des acteurs
décisifs de notre politique. Je veux saluer, à
la fois, ce que vous faites et en même temps
tous les fonctionnaires français qui sont en
poste à létranger et qui uvrent
pour le rayonnement de la France.
Alors ensemble, avec courage, menons toutes les
batailles nécessaires. Celles de la sécurité,
du développement, de lenvironnement, de la
croissance, mais surtout menons le combat de la
paix. Cest celui que la France a toujours
mené. Et cest ce qui fait collectivement,
notre honneur et notre fierté.
Vive la République et vive la France !
Source officielle : Présidence la République
française
Publication : Fil-info-France édition datée du jeudi 28 août 2014
Lien permanent sur Internet de cette
page web :
http://www.fil-info-france.com/22eme-Conference-des-Ambassadeurs-2014-Paris-discours-integral-Francois-Hollande-fil-info-diplomatie.htm
Quotidien
international francophone
Fil-info-France
du mardi
26 août 2014
-
- FRANCE - FIL INFO
POLITIQUE - Démission
du gouvernement Manuel Valls
acceptée par François Hollande
qui le renomme Premier ministre :
François Hollande, président de la
République, a reçu lundi matin
25 août 2014, le Premier
Ministre, Manuel Valls (photo) qui lui a présenté
la démission de son
Gouvernement. Celle-ci a été
acceptée par le Chef de l'Etat
qui lui a demandé de constituer
une "équipe en cohérence
avec les orientations quil
a lui-même définies pour notre
pays". La composition du
gouvernement Valls II sera
annoncée dans la journée de
mardi 26 août 2014, Manuel Valls
a débuté ses consultations
auprès des candidats potentiels
aux postes ministériels où les
écologistes d'Europe Ecologie-Les
Verts (EELV) pourraient
revenir au gouvernement, selon
l'une des correspondantes de Fil-info-Paris. Jean-Christophe
Cambadélis, Premier
secrétaire du Parti socialiste,
et Christiane Taubira, Garde des sceaux,
ministre de la Justice, venue à
vélo, ont été les premiers
reçus par le Premier ministre
reconduit dans ses fonctions.
Cette démission intervient au
lendemain des déclarations
anti-gouvernementales d'Arnaud Montebourg , ministre de
l'Economie, du Redressement
productif et du Numérique,
prononcées dimanche 24 août
2014 lors de la 42ème Fête de
la Rose à Frangy-en-Bresse en
Saône-et-Loire qui estimait que
la "réduction à marche
forcée des déficits serait une
aberration économique"
(NDLR. lire Fil-info-France
daté du lundi 25 août 2014. Arnaud Montebourg
y a ouvertement souhaité un
"changement de cap de la
politique", estimant que
"devant la gravité de la
situation économique", il
avait le "devoir de proposer
des solutions alternatives"
(sic). Déjà, samedi 23 août
2014, dans les colonnes du
quotidien parisien " Le
Monde ", Arnaud Montebourg a
déclaré qu'Il "faut donner
la priorité à la sortie de
crise et faire passer au second
plan la réduction dogmatique des
déficits, qui nous conduit à
l'austérité et au
chômage" (sic). Début de
citation : "Aujourd'hui, la
réduction à marche forcée des
déficits est une aberration
économique, car elle aggrave le
chômage, une absurdité
financière, car elle rend
impossible le rétablissement des
comptes publics, et un sinistre
politique, car elle jette les
Européens dans les bras des
partis extrémistes" dixit
Arnaud Montebourg. Or, rappelle
la rédaction du quotidien
international francophone Fil-info-France, la réduction des
déficits publics - à la demande
expresse de la Cour des Comptes - est la priorité
principale du nouveau
gouvernement de Manuel Valls,
lequel a mis sur pied, le Pacte de
responsabilité, qualifié de
"patriotique pour l'emploi
et l'investissement" par le
Parti socialiste, le propre parti
politique d'Arnaud Montebourg.
Rappelons que la France a déjà
perdu son triple A en novembre
2012 en raison de déficits
structurels. Et selon l'Agence France
trésor, l'encours de la
dette négociable de l'Etat au 31
mai 2014 est de 1 516 044 518 773
euros, ce que ne peut ignorer
Arnaud Montebourg, certes avocat
de formation, mais aujourd'hui
ministre de l'Economie. "Arnaud Montebourg
ministre ou avocat contre
Peugeot-Citroën",
s'interrogeait déjà Rachida
Dati, en juillet 2012, lors de
ses déclarations sur le
constructeur automobile français
PSA Peugeot Citroën. Plus de
détails : Manuel Valls,
Premier ministre, annonce 50
milliards d'euros d'économies
dans la dépense publique ; Le Pacte de
responsabilité qualifié de
"patriotique pour l'emploi
et l'investissement" par le
Parti socialiste ; Les députés
socialistes votent les
dispositions les plus
destructrices pour le droit du
travail, selon la CGT ; Pacte de
responsabilité et appel des
syndicats CGT, FO, FSU et
Solidaires à une grève unitaire
le mardi 18 mars 2014 ; Réaction des
écologistes d'Europe
Ecologie-Les Verts (EELV) après
la déclaration de politique
générale du Gouvernement ; Economies du pacte
dit de responsabilité :
iniquité, austérité et
inefficacité, selon EELV ; Les plus grandes
organisations syndicales CGT,
FSU, Solidaires, appellent à
l'unité pour le défilé du
jeudi 1er mai 2014 ; Pierre Moscovici,
ministre de l'Economie et des
Finances, très applaudi par les
patrons à l'université d'été
du MEDEF ; Selon le quotidien
Le Figaro, Pierre Moscovici
aurait perdu le contrôle de la
dette, soit un record de 95,10 %
du PIB en 2014 ; Manuel Valls,
Premier ministre, engage la
responsabilité du gouvernement
sur une déclaration de politique
générale ; Les mauvais chiffres
du chômage du mois d'avril 2014,
5 285 600 en France y compris
Dom, publiés par François
Rebsamen ; Blogger, webmaster
: Copyright et
conditions d'utilisation du fil
info ; Fil-info-France,
quotidien international pourquoi
?
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QUOTIDIEN
INDEPENDANT
( ! ) Liens en bleu
CONDITIONS
D'UTILISATION
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