De notre correspondant à Brest, Michel PALUD


Petite ballade au fort de Bertheaume - 4 juin 2008

Bertheaume. Sentinelle de pierre aux portes de la rade de Brest. A quelques encablures du port du Conquet.

Bertheaume et son fort séculaire, à la passerelle impressionnante à franchir, même par beau temps.

Bertheaume et son théâtre de verdure, lointain cousin des amphithéâtres antiques.

Bertheaume et son festival de musique, "Berthe’Home", dont la première édition en 2006 fut un succès.
Bertheaume et son spectacle annuel "sons et lumières".

Bertheaume, une petite île à proximité immédiate de la côte, constitua dès la préhistoire un refuge pour l’Homme.
Battu par les flots, le roc est accessible à la faveur de la basse mer.

Sa position stratégique, à l’extérieur mais à la vue du goulet de Brest, en fit un lieu convoité. Les Ducs de Bretagne y établirent au XVème siècle le "Château du Perzel", mais c’est deux siècles plus tard, que l’îlot trouva ses lettres de noblesse. Sur les ruines, en 1689, l’infatigable Vauban fait établir une batterie de défense côtière qui participera activement à maintenir l’Anglois au plus loin.

Encore deux siècles plus tard, à la fin du XIXème siècle, le fort sera abandonné et une batterie plus puissante sera édifiée à terre.

L’occupant allemand utilisera évidemment cette place forte et y fera installer dès 1940 de puissantes pièces d’artillerie. Le fort, sévèrement bombardé pendant le siège de Brest, se rendra avec l’ensemble de la garnison allemande basée à Brest (la plus importante après celle de Berlin), au mois de septembre 1944.

Propriété du ministère de la défense, le fort de Bertheaume sera placé en sommeil pendant quarante-cinq années, avant que la princesse charmante, en l’occurrence la commune de Plougonvelin, ne viennent le faire renaître en 1992.

Débarrassé de sa gangue de verdure et après de gigantesques travaux de restauration et de consolidation, le fort est de nouveau accessible au public, pour une visite agréable et sympathique. La vue y est fantastique et, quel que soit le temps, le spectacle est au rendez-vous.

Un parcours aventure a même élu domicile au fort : deux tyroliennes terrifiantes de 40 et 100 mètres sont en effet proposées aux intrépides.

Chaque année, des spectacles « sons et lumières » de grande qualité illuminent quelques fraîches soirées estivales.
Un épisode célèbre, où l’histoire locale a tutoyé l’Histoire de France, a été retracé avec talent voici quelques années, sur le fort et en mer. En 1512, Hervé de Portzmoguer, protégeant la retraite de sa flotte, y perdra la vie et son navire. A proximité immédiate du fort, Portzmoguer, au commandement de la "Cordelière", combattra à un contre trois la frégate anglaise « La Régente ». Voyant le combat perdu, les deux navires bord contre bord, Portzmoguer mettra le feu aux deux vaisseaux. Mille cinq cents marins périront.

La marine nationale française a honoré ce grand marin en baptisant une de ses frégates de son nom francisé : Primauguet.



Michel PALUD