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De notre correspondant à
Clugnat (23), François
JAUMEAU
Copyright 2013 - François
Jaumeau
Chronique d'une sortie de l'enfer - 29
janvier 2013
Je m'étais résigné à ne jamais connaître la
joie d'un foyer aimant et chaleureux, moi le
beagle tricolore arrivé un beau matin de 1999 au
refuge SPA de St Sulpice le Guérétois,
lâchement abandonné lorsque j'étais encore
tout petit.
Pour moi, les années passèrent toutes pareilles
aux autres, monotones, rythmées par de courtes
sorties qu'un bénévole consentait à
m'accorder. Je n'y voyais que le gris de mon box,
ouvert aux quatre vents, soumis aux caprices de
la météo. Qu'il pleuve, vente ou neige, je
restait là, impassible, à manger mes
croquettes, pâtés et riz en prenant soin de ne
pas en laisser une miette. Pour moi, pas de
vacances, pas de festivités : les journées
étaient identiques les unes aux autres.
Certes, on venait me voir et me caresser à
travers les barreaux de fer forgé et les grilles
de ma prison, mais sans aller plus loin. En 2009,
j'ai cru que j'allai être adopter quand un jeune
homme passa toute sa journée à être à mes
côtés, à me parler et me caresser comme à un
humain.
Pour lui, je n'étais plus la bête affreuse dont
il faut à tout prix se débarrasser, mais un
être vivant dont il fallait prendre soin. Quelle
ne fut pas ma déception quand, à l'orée du
soir, il replia consciencieusement ses affaires
et s'en alla, non sans s'arrêter me dire au
revoir. Je le revis de temps en temps, et en
décembre 2012, comme pour m'offrir de belles
étrennes, il revint pour de bon cette fois-ci.
Je voulus le remercier de ne pas m'avoir oublié,
lui signifiant mon attachement dès la première
minute et faisant de ses jambes une niche et un
rempart infranchissable que d'éventuelles mains
voudraient m'arracher et me remettre dans ce box
si froid et inhumain que j'ai connu pendant trop
longtemps. Je découvris sa maison comme si je la
connaissais depuis longtemps, l'appropriant en un
rien de temps, son fauteuil au coin du feu dont
je m'attribuai la place, lui laissant à lui les
simples chaises cannelées.
Je pouvais voir dans ses yeux la honte de m'avoir
laissé si longtemps dans ce refuge. Certes, il
avait déjà, à l'époque de notre première
rencontre, un chien, malade de surcroit, qui lui
accaparait une grande partie de son temps, et il
espérait, vu ma frimousse, que j'allai trouver
une famille. Je ne lui en veux pas car je sais
qu'avec lui, j'ai trouvé un ami, un foyer
chaleureux où je pourrai passer le restant de ma
vie. En échange, je lui offre toute ma
tendresse, je lui redonne confiance en lui et
permet d'appréhender, avec plus de facilités,
la gent féminine. Notre relation est alors
basée sur un échange fait de confiance et de
complicité, à tel point que je le suivi, sans
crainte, lorsqu'il retourna à la SPA pour faire
mes papiers définitifs d'adoption. Ce n'est pas
que j'y étais malheureux par rapport à mes
congénères, animaux ou humains, d'autres
refuges ou maisons de retraite, on prenait soin
de moi mais rien ne vaut un bon foyer aimant que
j'ai découvert et qui me rendrait très triste
à en mourir si je devais le quitter.
Je souhaite le même bonheur à tous mes
compatriotes de cette SPA de Creuse ou
d'ailleurs, de pouvoir offrir et recevoir
affection, tendresse et compagnie à un foyer.
Que nos futurs adoptants ne prennent pas peur de
récupérer un vieux chien car, à mon image,
nous pouvons être encore vif et très attachant,
des vraies petites gueules d'amour que l'on a à
revendre. Et ce n'est pas parce que l'on est
considéré comme grands chiens ou chiens de
chasse que nous ne pouvons pas être de
véritables animaux de compagnie tel un caniche,
nous avons certes des personnalités différentes
mais comme vous chers humains. Ne soyez pas
sectaire comme vous le faites entre vous,
évinçant des personnes de votre cercle d'amis
car il est juif, noir, arabe ou que sais-je.
Apprenez à nos côtés la tolérance.
Ne suis-je pas mignon, que cela vous donne
l'envie d'adopter un de mes congénères ou d'en
aider un, en devenant famille d'accueil.
Je voulais, au travers de ce billet, vous faire
découvrir notre vie de chien dans les
fourrières et vous donner envie d'adopter, comme
ce qui vient de m'arriver.
Très cordialement,
Pyrus
Pour aider la SPA de la Creuse, adressez vos dons
à SPA de la Creuse, Clocher, 23000 St Sulpice le
Guérétois
Francois Jaumeau
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