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De notre correspondant à
Clugnat (23), François
JAUMEAU
Copyright 2014 - François
Jaumeau
Comment un village déserté
de sa mine renaît ? - 30 août
2014
Au 19ème siècle, à l'heure de la révolution
industrielle et de l'apparition de la machine à
vapeur, de nombreuses mines de charbon virent le
jour un peu partout en France. Le Bourbonnais ne
fit pas exception et en 1770 sous l'impulsion des
frères Matthieu, la mine de Noyant d'Allier et
son puits d'Arcy vit le jour. Situé sur la veine
Montmarault à Souvigny, exploitant du charbon
anthracite dont le taux de volatilité est d'à
peine 8 %, elle connu trois phases d'existence :
la première jusqu'en 1812, puis entre 1899 et
1917 exploitée par la compagnie de Commentry
Desmaisons et enfin sa phase de prospérité
entre 1924 et 1943. Sa fermeture fut décidée
par les Allemands qui avaient alors besoin de
pétrole synthétique pour faire fonctionner
leurs véhicules, les moyens étant alors
concentrés sur les exploitations voisines de St
Hilaire utilisant du schiste bitumineux. Cette
dernière survivra alors jusqu'en 1951. Noyant
devint alors, dans les années 50, un village
fantôme, les corons désertant, les mineurs
repartant chez eux en Pologne, ou allant vers
d'autres sites : Brassac les mines, St Eloy les
mines ou St Etienne. Le maire de l'époque, ne
voulant pas voir son village mourir, décida de
lancer un appel à reconquête de son territoire
et c'est ainsi que des rapatriés indochinois
firent irruption à l'hiver 1954. Après la
défaite de Dien Bien Phu, plus de 8000 arrivées
furent enregistrées, pour des populations
complètement dépaysées, arrivant de zones où
les températures flirtaient avec les 40°. C'est
ainsi que Noyant d'Allier fut considéré comme
le village le plus jeune de France, avec jusqu'à
2200 habitants dont une très forte proportions
de jeunes, ses 17 classes accueillant entre 50 et
60 enfants par classe. Une pagode fut érigée
alors au plus près de ces anciens corons,
auxquels ces réfugiés redonnèrent vie. Il
n'était alors pas surprenant de croiser jusque
dans les années 1990, une petite mamie
vietnamienne en habits traditionnels dans les
rues du village. Un musée, installé dans les
anciens locaux miniers, fait revivre cette
histoire au moyen d'une collection importante de
matériels ; de ces cuffats, sortes d'ascenseur
permettant à 5 mineurs d'y prendre place, aux
grisoumètres apparus dans les années 1950.
Francois Jaumeau
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