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De notre correspondant au
Maroc, Chafik
LAMRABAT
LA FACE CACHÉE DE LURANIUM - 2
décembre 2008
Si les problèmes en aval de la filière
nucléaire (déchets nucléaires, retraitement,
transports de déchets, enfouissement) sont
régulièrement mis en lumière, les activités
en amont (mines, transformation chimique,
enrichissement, etc.) font, elles, rarement la
une de lactualité. Pourtant, les nuisances
qui sont liées à ces activités, notamment
lexploitation des mines duranium,
sont particulièrement polluantes et ont de forts
impacts environnementaux et sanitaires.
De la mine à la centrale...
Le minerai duranium est la matière
première à partir de laquelle est fabriqué le
combustible nucléaire utilisé dans les
centrales. Les principaux pays producteurs sont
le Canada (32% de la production mondiale),
lAustralie (19%), le Niger (8,5%), la
Russie et le Kazakhstan.
La fabrication des assemblages combustibles
nécessite quatre étapes principales :
1. Lextraction du minerai duranium
dans des mines à ciel ouvert ou des galeries
souterraines.
2. La transformation sous forme de yellow
cake : le minerai est concentré sur son
lieu dextraction. Les roches sont
dabord concassées et finement broyées, et
luranium est extrait par différentes
opérations chimiques. Le concentré ainsi
fabriqué a laspect dune pâte jaune
qui contient environ 75% duranium.
3. Le raffinage et la transformation chimique :
le yellow cake doit subir plusieurs
transformations chimiques avant
lenrichissement.
4. Lenrichissement : la proportion
datomes duranium- 235 dans
luranium naturel nest que de 0,7%.
Or, les réacteurs nucléaires à eau (les plus
répandus actuellement) utilisent comme
combustible un uranium contenant entre 3 et 5%
duranium-235. Luranium naturel est
donc enrichi. Cette opération se fait
habituellement par diffusion gazeuse (il existe
aussi la technique de centrifugation), qui est
une opération extrêmement énergivore.
Entre les différentes étapes, de nombreux
transports de matières souvent
internationaux ont lieu.
Les problèmes liés à lextraction de
luranium
Destruction de lenvironnement
La construction des mines occasionne la
destruction de villages entiers, le
déménagement dautres villages et le
détournement de rivières, ainsi que la
stérilisation de terrains agricoles et de
terrains naturels. Le traitement du minerai exige
lusage de produits chimiques toxiques qui
sont régulièrement déversés dans
lenvironnement.
Déchets radioactifs
Pendant létape de broyage de
luranium, presque tout luranium est
extrait de la roche écrasée, mais les produits
de désintégration sont laissés dans les
résidus. Ces résidus conservent 85% de la
radioactivité du minerai dorigine. Les tas
de résidus miniers contiennent également des
matières chimiques toxiques : acides, arsenic,
nitrates et métaux lourds.
Or, le problème de lélimination de ces
déchets radioactifs est très complexe, et
na jamais été réellement abordé.
Dimmenses tas de résidus ont été
abandonnés lors de fermetures de mines. En
France, on évalue le stock de résidus à
environ 50 millions de tonnes.
Impacts sur la santé
Les isotopes duranium présents dans
luranium naturel, ainsi que leurs
descendants (radon, radium...), posent des
problèmes chimiques ou liés à la
radioactivité. Luranium, comme
dautres métaux lourds, est fortement
toxique. Son incorporation dans lorganisme
humain se manifeste par des atteintes rénales,
très souvent irréversibles, et par des lésions
des artères.
Les isotopes de luranium, comme les autres
matières radioactives, émettent des radiations
ionisantes assez fortes pour endommager ou
détruire des cellules vivantes. Les effets
nocifs des radiations atomiques cancer,
leucémie, problèmes de reproduction et troubles
génétiques ont fait lobjet
dimportants débats. Aujourdhui, la
plupart des scientifiques considèrent que toute
exposition aux radiations atomiques constitue un
risque pour la santé.
Libéré en grande quantité par lactivité
minière, le gaz radon-222 peut provoquer le
cancer du poumon, des maladies du sang, des
troubles rénaux et des problèmes de
reproduction.
Le radium-226 est un autre sous-produit de
luranium en désintégration. Il
sagit dun métal lourd radioactif.
Ses effets reconnus sont plusieurs types de
cancers.
De tous les sous-produits de la désintégration
de luranium, le thorium-230 a la demi-vie
la plus longue, soit 76.000 ans. Il est
particulièrement toxique pour le foie et les
reins.
Le minerai duranium extrait du sol et
broyé est plus dangereux encore que
luranium à létat naturel, car il
expose davantage les humains, la faune et la
flore à la radioactivité de luranium
lui-même et des gaz et solides radioactifs
quil répand dans lenvironnement.
Les personnes qui courent le plus grand risque
sont les mineurs qui transportent luranium
vers la surface. Les produits de filiation du
radon sont présents dans la poussière
microscopique quils respirent. Les
gisements à très haute teneur en uranium
constituent un risque encore plus grand pour les
mineurs à cause de niveaux très élevés de
radioactivité.
Droits des peuples autochtones
Lactivité dextraction de
luranium, comme toute activité minière,
pose aussi le problème des droits des
populations locales. Ce problème est
dautant plus aigu que de nombreux sites
mettent en danger des populations autochtones
déjà fragilisées. Cest le cas des Inuits
au Canada, des Navajos aux Etats-Unis, des
Aborigènes en Australie et des Touaregs au
Niger.
Limplantation de sites industriels de
grande taille constitue souvent un profond
changement pour les populations autochtones, avec
de nombreux effets néfastes : propagation de
maladies, déstabilisation sociale, sans parler
de lexposition aux pollutions.
REFERENCES
Goldschmidt F. et Peres J.M., Radiological impact
assessment of a uranium mill talings repository,
Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire.
Chafik LAMRABAT
redaction@fil-info-france.com
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