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De notre correspondant au
Maroc, Chafik
LAMRABAT
Le réchauffement climatique passe-t-il à la
vitesse supérieure ? - 20
décembre 2008
La fonte record des glaces du Groenland et le
dégazage massif des dépôts de méthane
autrefois congelé dans le sous-sol des côtes
sibériennes indiquent que des changements
importants sont en train de se produire en
Arctique, risquant d'amplifier le réchauffement
du climat mondial.
Il y a quelques mois déjà, les scientifiques
avaient constaté que les fonds marins de
l'Arctique libéraient du méthane dans
l'atmosphère, un gaz à effet de serre vingt
fois plus puissant que le dioxyde de carbone. Une
nouvelle étude, présentée le 16 décembre 2008
à la conférence de l'Union américaine de
géophysique à San Francisco, démontre que les
estimations doivent être revues à la hausse.
« Il y a cinq ans, je n'étais pas certain que
le phénomène soit très sérieux, mais à
présent je suis sûr que quelque chose de grave
est en cours et que nous devrions avertir les
gens », s'alarme Igor Semiletov du International
Arctic Research Center (IARC, université de
l'Alaska, Fairbanks), chef scientifique d'une
expédition océanographique le long du littoral
sibérien l'été dernier.
Les analyses de l'eau indiquent des taux de
méthane dissous jusqu'à 200 fois supérieurs à
la normale, indiquant des dégagements
significatifs qui n'avaient pas été mis en
évidence durant les années 1990. Selon Igor
Semiletov, cela démontre avec certitude que les
dégagements de méthane sont en train de
s'accroître dans des proportions importantes.
Les scientifiques estiment que la quantité de
méthane stocké dans le pergélisol arctique
sous forme de clathrates (des hydrates) serait
supérieure aux réserves mondiales de charbon et
représenterait douze fois la quantité
actuellement présente dans l'atmosphère. Suite
au réchauffement climatique, ce méthane se
trouve maintenant au seuil de la fonte, et au
niveau des côtes de la Sibérie, la température
de l'air a augmenté de plus de 5 degrés durant
la dernière décennie. « Nous ne nous étions
pas rendu compte à quel point ce réservoir de
méthane était vulnérable », confie Igor
Semiletov.
La fonte se poursuit au Groenland
Les chercheurs ne disposent pas encore de
suffisamment de données pour déterminer en
quelle proportion cet hydrate de méthane qui
s'échappe du plateau continental sibérien peut
affecter le reste de la planète, selon Edward
Brook, de l'université d'Etat d'Oregon. Dans un
rapport rendu public au cours de la même
conférence, le chercheur estime peu probable
qu'un dégagement catastrophique de méthane se
produise au cours de ce siècle, bien qu'il
admette que le changement climatique accélérera
le relâchement, et suggère une surveillance
accrue du processus afin de prévenir toute
modification brutale de la situation.
Tout comme en Sibérie, la calotte glaciaire du
Groenland se réduit inexorablement. Alors qu'une
année moyenne comprend de 10 à 15 jours de
températures positives, donc de fonte, cette
période s'est élevée à 35 jours en 2008. Les
dernières évaluations basées sur des mesures
effectuées au moyen d'un satellite météo
militaire ont révélé que l'île perd
maintenant plusieurs centaines de milliards de
tonnes de glace par an.
Selon Julienne Stroeve, du National Snow and Ice
Data Center de l'université du Colorado, cette
observation confirme les prévisions
antérieures, que d'aucuns trouvaient pourtant
trop pessimistes.
Les modèles climatiques prévoient que
l'Arctique devrait se réchauffer plus rapidement
que le reste du globe, car la disparition de la
glace de mer permet au rayonnement solaire de
pénétrer les océans, accélérant encore la
fonte.
http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/climatologie-1/d/le-rechauffement-climatique-passe-t-il-a-la-vitesse-superieure_17677/
Chafik LAMRABAT
redaction@fil-info-france.com
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