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De notre correspondant au
Maroc, Chafik
LAMRABAT
REDUIRE LES EMISSIONS DU CHARBON, LE MEILLEUR
SCENARIO - 13 janvier 2009
La combustion des combustibles fossiles, en
particulier le charbon, le pétrole et le gaz,
est responsable d'environ 80 % de l'augmentation
des émissions de dioxyde de carbone depuis
l'ère industrielle. Une étude menée par la
NASA préconise de concentrer les efforts sur une
réduction des émissions issues du charbon. Une
solution présentée comme la plus réaliste pour
limiter la concentration du gaz à effet de serre
dans l'atmosphère en-deçà des niveaux
dangereux.
Une équipe de chercheurs de la NASA a mis au
point une série de scénarios qui envisagent
différentes perspectives d'évolution de
l'exploitation des ressources fossiles dans le
monde. Il en ressort un scénario qualifié de
réaliste, qui permettrait de limiter la
présence de dioxyde de carbone sous les niveaux
que les scientifiques considèrent comme
dangereux pour le climat.
Déterminer quand et comment la production de
pétrole aura atteint son niveau le plus élevé
est une question depuis longtemps débattue. Il
est donc difficile d'anticiper le niveau des
émissions futures, et d'estimer avec précision
l'impact de cette combustion sur le climat,
préviennent les chercheurs.
Afin de mieux comprendre comment les émissions
pourraient évoluer à l'avenir, Pushker
Kharecha, de la NASA et James Hansen, du Goddard
Institute for Space Studies, ont examiné un
éventail de scénarios de consommation des
combustibles fossiles.
Cette recherche, publiée l'été dernier dans
l'American Union's Global Biogeochemical Cycles,
montre que la hausse des émissions de CO2
imputables aux combustibles fossiles peut être
contenue en-deçà des niveaux dangereux, pour
autant que les émissions des centrales au
charbon soient réduites à néant au niveau
mondial, et ce, au cours des prochaines
décennies.
"C'est le premier document de la
littérature scientifique qui mêle explicitement
les deux questions essentielles relatives à la
fois à la production pétrolière mondiale de
pétrole et à l'impact des hommes sur le
changement climatique" explique Karecha.
L'étude s'appuie sur des recherches récentes,
qui définissent un niveau de concentration du
dioxyde de carbone dans l'atmosphère qu'il
serait dangereux de dépasser. Ce seuil est de
450 parties par millions (ppm). Soit une
concentration de 61% supérieur à celle de
l'ère pré-industrielle, de 280 ppm, mais de
seulement 17% supérieur au niveau actuel de 385
ppm.
Le deux scientifiques ont mis au point 5
scénarios qui englobent la période 1850-2100.
Chacun de ces scénarios reflète une estimation
différente du pic de production mondial de
pétrole, dépendant de la taille des réserves,
de leur valorisation et de la technologie.
Le premier scénario prend en compte une absence
de restriction des émissions du combustibles
fossiles et prolongent la tendance actuelle, avec
une croissance annuelle des émissions de 2% ,
jusqu'à ce que la moitié de chaque gisement ait
été récupéré. S'ensuit une baisse de 2% par
an.
Dans ce scénario, la concentration de dioxyde de
carbone dans l'atmosphère aura plus que doublé
par rapport à l'ère pré-industrielle,
dépassant le seuil de 450 ppm en 2035. Même en
prenant en compte une hypothèse basse des
réserves en combustibles fossiles, le niveau
fatidique est dépassé en 2050.
Le deuxième scénario considère une réduction
des émissions en provenance du charbon, d'abord
par les pays développés à partir de 2013, et
dans les pays en développement une décennie
plus tard. Les émissions des centrales à
charbon seraient ainsi progressivement
éliminées d'ici à 2050. Les trois autres
scénarios reprennent cette hypothèse, mais en
l'assortissant de différentes situations
d'utilisation et de fourniture de pétrole. L'un
des cas considère la possibilité d'un recul du
pic de production de 21 ans, soit en 2037. Un
autre examine les implications d'une
surestimation des réserves, ou encore l'addition
d'une taxe sur les émissions qui rendrait le
pétrole trop coûteux à extraire. Le dernier
scénario, enfin, remplace la notion de pic par
un "plateau" s'étendant de 2020 à
2040.
Ces 4 scénarios conduisent à des niveaux de
concentration de CO2 dépassant les 450 ppm à
des dates différentes, mais tous ont vu leur
niveau de concentration baisser sous ce niveau au
plus tard autour de 2080. Deux des scénarios
permettent de maintenir le niveau sous la barre
des 450 ppm.
A partir de chacune de ces hypothèses, l'équipe
de chercheurs à utilisé un modèle
mathématique, appelé Bern carbon cycle model,
pour convertir les émissions de dioxyde de
carbone de chaque scénario en concentration dans
l'atmosphère.
Karecha commente les résultats obtenus :
"Parce que le charbon est bien plus abondant
que le pétrole et le gaz, la réduction des
émissions du charbon est absolument essentielle
pour éviter un changement climatique
'dangereux', avec une concentration de dioxyde de
carbone qui excéderait les 450 ppm" .
"La stratégie de limitation que nous
préconisons, une élimination progressive des
émissions de CO2 à partir de la houille au
cours des prochaines décennies, est réalisable
compte tenu des technologies actuelles ou
disponibles à court terme" conclut-il.
Source : NASA
Chafik LAMRABAT
redaction@fil-info-france.com
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