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De
notre correspondante en
Suisse, Cendrine HIRT
Etre
un enfant sourd au
Cameroun
24 novembre
2004
- Etre
un enfant sourd au
Cameroun
La situation des
personnes sourdes dans la
population africaine
Vivre ou naître avec un
handicap n'a rien de
facile quel que soit le
coin du monde où se
trouve la personne. En
effet, les obstacles à
surmonter sont multiples
tout au long de leur vie.
Dans les pays
industrialisés, la
technologie, la médecine
et les services sociaux
mettent à disposition du
handicapé toute une
série de moyens
facilitant la vie ou
atténuant les
difficultés. En
revanche, dans les pays
en voie de
développement, la
personne handicapée est
contrainte de vivre avec
son handicap sans aucun
moyen palliatif la
plupart du temps.
En Afrique, il y a plus
d'un milliard de
personnes vivant dans la
pauvreté; certaines
manquent d'eau, d'autres
n'ont pas accès aux
soins médicaux, beaucoup
n'ont pas de maisons pour
se loger ni même pour se
mettre à l'abri, nombre
d'entre elles n'ont pas
les moyens de recevoir
une éducation.
Selon le Développement
Humain des Nations Unies,
les 20 pays les plus
pauvres au monde se
trouvent tous en Afrique.
Il existe différents
groupes de pauvres mais
les femmes et les
personnes handicapées
sont les plus
désavantagées; elles
ont pourtant des besoins
importants. Les personnes
sourdes, quant à elles,
sont les plus négligées
et vivent bien souvent
dans la misère. La
surdité est un handicap
invisible qui peut rester
longtemps ignoré. Les
Etats africains
s'occupent souvent des
autres handicaps avant de
s'intéresser à la
population sourde qui
devient alors
marginalisée. La
déficience auditive est
donc un handicap
difficile, tout
particulièrement dans
ces pays en voie de
développement où la
capacité à participer
à des conversations est
vitale pour la survie
économique et sociale.
Travailler et avoir une
famille sont des
préoccupations qui
concernant autant les
sourds que les
entendants. Cependant,
compte tenu du taux
souvent élevé de
chômage dans les pays
africains, les
perspectives des
personnes sourdes se
trouvent très limitées.
Souvent analphabètes,
les adultes sourds
rencontrent souvent de
grandes difficultés à
communiquer oralement et
par écrit et de ce fait
ne peuvent espérer se
dégager une place dans
le milieu du travail.
En Afrique, les gens
considèrent souvent, par
ignorance, la surdité
comme un signe d'idiotie
et de bêtise, empêchant
les personnes qui en
souffrent d'apprendre
quoi que ce soit. Dans
certains pays, les gens
croient que les personnes
sourdes possèdent des
esprits démoniaques. Ces
coutumes africaines
montrent à quel point
les sourds peuvent avoir
une condition misérable,
ne se mêlant pas avec
des personnes
entendantes. A cause de
ces traditions, certains
sourds ne connaissent pas
leurs droits comme celui
de s'exprimer en public.
La naissance d'un
handicapé dans une
famille donne aujourd'hui
lieu à des
interprétations et
préjugés de tout genre.
De plus, la notion de
"sourd-muet",
contre laquelle il a
déjà fallu beaucoup
lutter dans les pays
occidentaux, persiste
encore en Afrique.
Pourtant, ces enfants
appelés
"sourds-muets"
ne sont atteints d'aucun
trouble les empêchant
physiologiquement de
parler. Leur mutité
n'est que la conséquence
de leur surdité.
L'enfant qui naît sourd
pour diverses raisons ne
pourra jamais entendre la
parole et la répéter
naturellement comme font
tous les enfants
apprenant à parler; sans
prise en charge, il
deviendra
"muet". Par
ailleurs, celui qui
développe une surdité
suite à une maladie
telle que la méningite
perdra progressivement
l'usage de la parole si
une rééducation ne lui
est pas proposée.
Naître sourd au sein des
grandes familles
africaines où
fréquemment plus d'une
dizaine de personnes
dépendent du revenu d'un
seul membre de la famille
pour la survie
quotidienne est une
situation lourde de
conséquences. De plus,
la famille ne pourra
souvent pas compter sur
les gains du travail
futur de l'enfant sourd.
Il constitue alors une
charge de plus pour la
famille, un fardeau. Et
quand cet enfant sourd
est une fille, la
surdité devient un
double handicap. Qui
voudra épouser une fille
sourde et combien la
famille de la mariée
pourra-t-elle demander à
celle du futur époux
comme compensation
financière ?
L'enfant sourd suscite
malheureusement peu
d'intérêt sur le plan
communautaire mais aussi
au niveau familial.
L'investissement des
parents auprès des
enfants sourds est
souvent infime (pas
d'argent pour le
transport jusqu'à
l'école et peu de temps
pour le suivi scolaire à
la maison). Beaucoup
d'enfants recensés ne
sont pas inscrits à
l'école. Beaucoup de
parents entendants
négligent leurs enfants
sourds et les cachent
dans leur chambre à
coucher toute la journée
ne les faisant sortir que
pendant la nuit à cause
de la honte.
Ainsi, souvent négligés
par la famille,
marginalisés par la
société, ignorés de
l'Etat, parfois
analphabètes et sans
emploi, les sourds en
Afrique vivent encore
actuellement une
situation loin d'être
enviable. Pourtant, pour
les enfants sourds, la
clé est d'apprendre:
apprendre non seulement
les matières scolaires
mais surtout apprendre le
monde, apprendre qui ils
sont, à savoir des
personnes à part
entière pleines de
capacités et de
possibilités qu'on doit
éveiller en eux.
Il apparaît donc v:
adultes sourds à
apprendre un métier,
créer des emplois qui
leur sont accessibles,
leur donner les moyens
financiers de s'installer
à leur propre compte
pour leur permettre
d'être plus
indépendants et de
participer à la vie
socio-économique de leur
pays :
- informer et conseiller
les parents et
l'entourage des enfants
sourds, leur donner des
cours de langue des
signes
- apprendre aux personnes
sourdes leurs droits
humains (par exemple, la
reconnaissance officielle
de la langue des signes,
le contrôle de leurs
affaires)
- encourager la création
d'associations de sourds,
développer des
activités au sein des
communautés de sourds
(événements sportifs,
etc.).
La fréquence et les
causes de la surdité en
Afrique
Environ 2/3 des personnes
déficientes auditives
proviennent des pays en
voie de développement.
Dans beaucoup de pays
africains, la
sensibilisation au
problème de la
déficience auditive est
peu répandue et le
manque de ressources ne
permet pas de réaliser
des programmes de
dépistage suffisants
alors que l'incidence de
la déficience auditive
dans ces populations est
élevée.
Bien qu'il soit difficile
d'obtenir une vue
d'ensemble de la
prévalence et des causes
de la déficience
auditive en Afrique,
plusieurs études peuvent
servir d'indicateurs et
apporter une certaine
représentation de la
situation actuelle.
Il a été démontré que
la déficience auditive
est commune parmi les
enfants en Afrique. Dans
beaucoup de pays au sud
du Sahara, le taux de
prévalence de la
surdité sévère ou
profonde est plus élevé
que dans tout autre pays
en voie de
développement.
L'estimation du nombre
d'enfants de 5 à 14 ans
atteints de déficience
auditive est de 1,2
millions. Dans certains
pays, le taux de surdité
peut s'élever jusqu'à
plus de 10% des enfants.
Ce continent possède une
population jeune sujette
à des maladies pouvant
entraîner des pertes
auditives (rougeole,
otite moyenne, infections
bactériologiques, etc.).
Ces maladies se propagent
facilement et ne peuvent
pas toujours être
soignées. La déficience
auditive due à une cause
génétique peut
également jouer un rôle
important. (fréquence
des mariages
consanguins). Dans
certains pays, plus de
75% des surdités sont
secondaires (acquises en
bas-âge suite à une
méningite dans plus de
55% des cas); moins de
10% des enfants sont nés
de parents sourds.
La prise en charge des
enfants sourds africains
Comme en France, il n'y a
pas, en Afrique, un
enfant sourd mais des
enfants avec des
surdités de toutes
sortes, des
potentialités et des
besoins particuliers, des
milieux familiaux
différents et des
écoles aux projets et
aux ressources variées.
Pourtant, dans la plupart
des écoles pour enfants
sourds des pays africains
sub-sahariens, la
situation est la
suivante:
La grande majorité des
écoles a été fondée
par des spécialistes de
l'éducation des enfants
sourds, formés parfois
en Europe, parfois sur
place par diverses
associations. Ces
pionniers ont souvent dû
former eux-mêmes sur le
terrain leurs assistants;
ils sont très demandeurs
pour réactualiser leur
formation continue pour
eux-mêmes et pour
pouvoir proposer à leurs
jeunes collègues de
réelles formations
initiales et continues.
Pourtant, les salaires
que les écoles peuvent
leur verser sont rarement
à la hauteur de leur
engagement, de leur bonne
volonté et de la
créativité dont ils
doivent faire preuve pour
pallier le manque de
formation et de
matériel.
Les projets éducatifs de
ces écoles se sont
structurés de façon
empirique à partir des
besoins les plus urgents
et des ressources
locales. Les enseignants
expriment maintenant le
besoin de mener une
réflexion sur les
méthodes utilisées,
comme par exemple quelle
langue des signes
utiliser. En effet, on
peut trouver dans un
même pays des écoles
utilisant des signes de
LSF (langue des signes
française) et d'autres
ceux de l'ASL (American
Sign Language), selon
l'endroit où ont été
formés les premiers
enseignants. Ou encore
quelle place accorder aux
signes par rapport à
l'enseignement de la
parole. Comment
construire cet
enseignement de la parole
quand il n'y a ni
orthophoniste ni,
souvent, enseignant
spécialisé formé.
Les enfants sourds sont
très rarement
appareillés, ce qui est
un problème crucial. La
récupération de
prothèses d'occasion,
même à grande échelle,
ne peut suffire à le
solutionner; il faut
trouver le moyen de
dépister et mesurer les
surdités, de faire
adapter et régler les
prothèses, etc. De plus,
se posent des questions
telles que le coût des
piles et les difficultés
à les stocker dans des
régions très chaudes et
parfois très humides.
Les écoles elles-mêmes
sont rarement équipées
de matériel
spécialisé. Dans ces
centres, on trouve au
mieux un audiomètre,
très rarement une cabine
d'audiométrie
insonorisée, parfois un
petit amplificateur de
table (pour des dizaines
d'enfants), mais le plus
souvent rien.
Même le matériel
pédagogique de base fait
souvent défaut et la
récupération de
matériel n'est pas
toujours une réponse
adaptée car il vaut
mieux aider les
intervenants africains à
créer ou trouver du
matériel qui corresponde
à la culture des enfants
dans les ressources
locales.
On relève néanmoins
certains éléments tout
à fait positifs: les :
pédagogiques, des
formations, des modes
palliatifs de
communication, etc.
Le travail mené par ces
écoles a donné espoir
à des familles qui se
rencontrent, se
documentent, se
mobilisent. Aux côtés
des professionnels, ces
familles ont déjà
commencé à faire
évoluer l'image des
sourds dans la société
et à faire entendre des
pouvoirs locaux que les
personnes sourdes ont à
la fois des besoins à
assumer et des
potentialités à
partager.
La situation des sourds
au Cameroun
La question de la
personne handicapée en
général, et du sourd et
malentendant en
particulier, est devenue
l'un des défis majeurs
au Cameroun en ce début
de 21ème siècle.
Les sourds, tout comme
les autres handicapés au
Cameroun, éprouvent
d'énormes besoins
d'éducation, de
formation, d'encadrement,
de logement, de
nutrition, de santé,
etc. Ils sont aujourd'hui
victimes du phénomène
d'exclusion dans la
société. La solidarité
traditionnelle et le
soutien mutuel
caractéristiques de la
société africaine ont
disparu progressivement
au profit d'un certain
égocentrisme.
Pour la société, la
personne handicapée est
improductive et constitue
donc une charge. Du fait
de la crise économique,
l'Etat n'a plus les
ressources lui permettant
de s'occuper de manière
efficace des personnes
handicapées. Quant aux
structures privées
uvrant pour cette
cause, elles sont
limitées par leurs
faibles moyens
d'intervention.
Les institutions
accueillant de enfants
sourds au Cameroun sont
les suivantes :
dans la province du
Littoral à Douala, l'IJS
(Institut des Jeunes
Sourds), le CRES (Centre
de Rééducation pour
Enfants Sourds) et la
FEDEMEA (Fondation pour
Enfants Déficients
Mentaux et Auditifs);
dans la province de
l'Ouest à Bafoussam, le
CERSOM (Centre
d'Education et de
Réhabilitation des
Sourds et Malentendants);
dans la province du Nord
à Garoua, le CRESAS;
dans la province du
Centre à Yaoundé,
l'ESEDA (Ecole
Spécialisée pour
Enfants Déficients
Auditifs, où s'est
déroulée cette mission
humanitaire).
L'E.S.E.D.A de Yaoundé
au Cameroun
Ecole Spécialisée pour
Enfants Déficients
Auditifs
Historique
L'ESEDA a été ouverte
en 1972 grâce à
l'initiative d'une
religieuse, le Dr.
Hélène Ressicaud
(médecin directeur à
l'Ecole privée
d'infirmiers de Yaoundé
et médecin coordinateur
des activités médicales
catholiques du Cameroun).
A l'époque, aucune
structure n'existait pour
les sourds au Cameroun.
Le Dr. Ressicaud envoya
des personnes se former
en France, obtint un
terrain et recueillit des
fonds pour construire
deux bâtiments.
L'école commença avec
seulement 6 enfants dans
une salle privée de
l'école d'infirmiers
avec l'aide de jeunes
coopérantes françaises,
professeurs spécialisés
pour enfants sourds.
Progressivement, les
enfants sourds ont
commencé à entrer de
plus en plus jeunes à
l'école, vers 3 ou 4 ans
au lieu de 10 ans
Ainsi la démutisation a
pu se faire plus tôt et
a permis à de nombreux
enfants d'arriver au
certificat d'étude
primaire.
En 1983, Hélène
Ressicaud dut regagner la
France sur ordre de sa
congrégation car elle
avait atteint l'âge de
la retraite. Elle s'est
éteinte au matin du 9
janvier 2004 à l'âge de
95 ans. Avant de quitter
le Cameroun, elle a
créé l'association
"Fondation pour
l'Education et la
Promotion des Personnes
Déficientes Auditives
(FEPPDA), reconnue
d'utilité publique, avec
notamment Mme Josette
EBANGA à la présidence
du comité
d'administration et Mme
Gisèle MBIMI comme
trésorière. C'est alors
à cette association que
la gestion de l'ESEDA a
été remise.
Le 08 octobre 2003, un
nouveau bâtiment
(accueillant une cuisine
et un réfectoire) offert
par le Lions Club a été
remis officiellement en
présence du Ministre des
Affaires Sociales et du
Ministre de la Santé.
Dès 1985, une formation
d'enseignants
spécialisés pour
enfants déficients
auditifs d'une durée de
3 ans a été mise sur
pied pour de jeunes
Camerounais bacheliers.
Cette école de formation
fonctionne au sein de
l'ESEDA dont la plupart
des enseignants ont été
formés sur place. Des
enseignants sont aussi
formés pour les autres
écoles du Cameroun, en
particulier celle de
Bafoussam.
Situation pédagogique
Pour l'année scolaire
2003-2004, l'école
comptait 204 élèves;
cette année 2004-2005,
l'ESEDA accueille 197
élèves répartis dans 2
classes de maternelles, 2
classes de 1ère année,
2 classes de 2ème
année, 2 classes de
3ème année, 1 classe de
4ème année, 2 classes
de 5ème année, 2
classes de 6ème année,
1 classe de 7ème année,
1 classe de 8ème ainsi
que 3 classes d'atelier.
D'un point de vue
académique, les
programme enseignés sont
ceux du Ministère de
l'Education Nationale du
Cameroun mais les
méthodes d'enseignement
sont bien évidemment
adaptées aux enfants
sourds. L'enseignement de
la langue des signes est
présent depuis quelques
années. Compte tenu de
l'absence de
logopédistes/orthophonistes
au Cameroun, comme dans
la plupart des pays
d'Afrique, les
professeurs doivent
assumer à la fois
l'enseignement scolaire
et la prise en charge du
développement du langage
et
de la communication.
Les enfants y
bénéficient d'une
formation scolaire
comportant un cycle
primaire complet; au
terme de cette 7ème
année, les élèves se
présentent au certificat
d'études primaires : s
sont dirigés dans l'un
des ateliers de la
section artisanale de
l'ESEDA pour un
apprentissage pratique:
coupe et couture
(confection de vêtements
d'enfants et d'objets en
tissu pagne), peinture et
poterie, jardinage; la
section de sculpture sur
cornes de zébus a été
interrompue suite au
décès du maître
d'atelier en juillet
2004.
Cette formation pratique
est dispensée en 3 ans.
Tous les élèves
s'initient à toutes les
spécialités et
reçoivent également un
enseignement général
(français, maths,
hygiène).
L'enseignement est
dispensé par 21
intervenants dont les
grades varient: une
aide-maternelle, une
enseignante de couture,
un enseignant de
céramique lui-même
sourd, une stagiaire
sourde ayant obtenu son
baccalauréat et suivant
l'école de formation de
professeur spécialisé,
2 techniciennes
spécialisées
(enseignants n'ayant pas
le niveau bac), 2
professeurs d'éducation
physique et sportive, 13
professeurs spécialisés
dont l'un est également
interprète en LSF, l'un
audioprothésiste
assistant (formé dans un
centre d'appareillage
acoustique de
Clermont-Ferrand) et
l'une elle-même sourde,
ancienne élève de
l'ESEDA.
Activités
extra-scolaires et
associations liées à
l'ESEDA
Maurice SIMO, un jeune
professeur de l'école
formé comme pair
éducateur anime un pôle
anti-sida pour éduquer
les jeunes sourds à la
prévention contre ce
fléau mais également
contre les maladies
sexuellement
transmissibles et les
grossesses précoces
(CERAS, Centre de
Ressources et d'Animation
des Sourds-Muets). Pour
en savoir plus, cliquez
sur CERAS.
L'ESEDA propose
également des activités
culturelles. Une troupe
théâtrale, nommée
"L'Opéra du
Silence" est
constituée d'élèves de
l'ESEDA et même parfois
d'anciens élèves. Son
répertoire est composé
de saynètes mimées et
de danses traditionnelles
camerounaises
accompagnées de
tambours, tam-tam, etc.
Cette troupe se produit
au cours de fêtes
scolaires.
L'APE, association des
parents d'élèves, a
également été créée
pour améliorer les
conditions de
scolarisation et
l'intégration des
enfants sourds de
l'ESEDA; elle est
également responsable de
la cantine de l'école.
Un nouveau président et
un nouveau comité ont
été installés le 22
octobre dernier.
Situation financière
Le nombre d'enfants
sourds scolarisés à
l'ESEDA a diminué pour
des raisons financières.
Depuis sa fondation,
l'équilibre financier
avait pu être obtenu
grâce à un contrôle
strict du comité de
gestion. Malheureusement,
en raison de la crise
économique qui sévit en
Afrique et spécialement
au Cameroun, la
subvention du Ministère
de l'Education Nationale
a été réduite de
moitié en 1990 puis
totalement supprimée en
1991. La participation
des parents était alors
de 100'000 CFA (1000.-
FF) par an bien qu'un
enfant coûte en
réalité près de
400'000 CFA (4000.- CHF);
cependant, cet écolage a
diminué de plus de la
moitié à cause du
chômage des parents. De
plus, le coût d'un
enfant est plus cher
depuis que les salaires
des professeurs ont
augmenté du fait de la
valorisation liée au
diplôme mais également
parce que le nombre
d'enfants sourds dans une
classe ne peut pas
dépasser une dizaine
d'élèves. Depuis 1979,
SOS Enfants sans
frontières apporte son
soutien à
l'établissement par le
parrainage d'enfants
ainsi que la fondation
hollandaise Liliane.
Le voyage humanitaire à
l'ESEDA
C'est en août 2002 que
débute cette histoire.
Je fais alors
connaissance, par
l'intermédiaire de l'ONG
française "SOS
Enfants sans
frontières", d'une
fillette alors âgée de
7 ans ½ prénommée
Marie-Thérèse. A ce
moment, je n'ai alors en
ma possession qu'une
fiche signalétique et la
photo passeport d'une
petite fille africaine.
Ce jour-là, je suis
devenue la marraine d'une
enfant sourde profonde
scolarisée à l'ESEDA de
Yaoundé au Cameroun.
Progressivement une
relation va se nouer
entre nous, rythmée par
l'envoi de petits colis
et par la réception de
petites cartes dessinées
ou bricolées par ma
filleule accompagnant ses
bulletins scolaires. Cela
ne devait être que le
commencement d'une longue
histoire
Ma filleule est donc une
petite fille prénommée
Marie-Thérèse, née le
28 janvier 1995, âgée
aujourd'hui de 9ans ½.
Elle est la 3ème enfant
d'une fratrie de 5
enfants et vit avec sa
famille à Yaoundé au
Cameroun. La situation de
la famille est très
précaire puisque les
parents ont peu de moyens
de subsistance (commerce
de vivres au marché).
Cette fillette présente
une surdité profonde
bilatérale suite à une
méningite contractée à
l'âge de 15 mois et
identifiée tardivement.
Après avoir été
plongée dans le coma
pendant une semaine,
cette petite fille s'est
retrouvée sourde, ne
sachant plus marcher et
ayant l'oeil gauche
fermé. Elle a cependant
favorablement évolué
puisqu'aujourd'hui elle
est tout à fait autonome
dans sa vie quotidienne,
effectuant même seule
les déplacements de son
domicile éloigné
jusqu'à l'école. Elle
est scolarisée depuis
l'âge de 4 ans ½ à et
suit actuellement la
4ème année primaire
(correspondant au Cours
Elementaire 1 dans le
système scolaire
français).
Après un an de
correspondance avec ma
filleule, le besoin de me
rendre sur place se fit
sentir de plus en plus
fortement. C'est ainsi
que l'idée d'un voyage
humanitaire émerge:
rèse mais surtout
d'apporter mes
compétences
d'orthophoniste aux
enseignants spécialisés
de cet établissement et
de les aider à mieux
équiper leur
établissement. Ce projet
a alors été
officialisé à l'automne
2003
Les objectifs de ce
voyage étaient donc de
rencontrer ma filleule
Marie-Thérèse,
d'apporter du matériel
éducatif et spécialisé
pour équiper l'école
(matériel LPC et LSF,
brochures d'information
sur la surdité et
l'audition, bandes
dessinées sur la vie
d'un enfant sourd, livres
pour enfants en langues
des signes, livres
jeunesse, ouvrages sur la
surdité, jeux
éducatifs, audiomètre,
prothèses auditives
d'occasion, tricotins et
laine pour l'atelier
couture, matériel pour
la fabrication de jouets
sonores, etc.) ainsi que
d'offrir de nouveaux
moyens pédagogiques aux
professeurs fort
méritants de cet
établissement qui
revêtent tant de
casquettes à la fois
(enseignants,
éducateurs,
orthophonistes,
audioprothésistes, etc.)
malgré des moyens
limités mais avec
toujours beaucoup
d'ingéniosité et de
créativité.
Une fois les contacts
pris sur place avec Mme
Ebongue, directrice de
l'ESEDA, et Mme Ebanga,
présidente de la FEPPDA,
des démarches de
recherche de donateurs et
de collecte de matériel
ont été entreprises à
la fois en Suisse et en
France auprès de
multiples interlocuteurs.
C'est ainsi que des
dizaines de lettres et de
courriels ont été
envoyés à des donateurs
potentiels.
Les donateurs qui ont
répondu à cet appel se
sont montrés très
généreux et nous ont
permis d'acheminer du
matériel pédagogique et
technique pour équiper
l'école et créer une
petite bibliothèque.
Ainsi, ce n'est pas moins
de 100 kilos de matériel
qui ont été emportés
à Yaoundé pour un
montant de plus de
12'000.- FF.
Parmi le matériel
collecté, on trouvait du
matériel orthophonique,
du matériel de Langage
Parlé Complété, du
matériel de Langue des
Signes, des bandes
dessinées sur la
surdité, des ouvrages
sur la lecture labiale,
des fournitures scolaires
(stylos, feutres,
crayons, gommes), des
livres jeunesse, des
livres préscolaires, un
audiomètre tonal, 20
prothèses auditives
analogiques d'occasion,
de petites percussions en
bois pour l'atelier
d'éducation auditive, du
petit matériel de
bricolage pour la
fabrication de jouets
sonores, des tricotins
pour l'atelier couture
ainsi que de la laine et
des modèles pour
l'initiation à cette
activité.
Et au fil des mois de
préparation, le jour J
du départ pour Yaoundé
est arrivé et le 8
octobre 2004, je posais
le pied sur le sol du
Cameroun.
Une école entourée de
verdure
Une cour de
récréation d'où fusent
des cris et des rires
d'enfants que rien ne
différencie des autres
cours
De petites
mains qui signent avec
enthousiasme
Voilà
la vision de bonheur qui
s'offre au visiteur
étranger qui entre dans
l'enceinte de l'ESEDA.
Ce qui réjouit d'emblée
le visiteur est
l'épanouissement de ces
enfants sourds qui, sans
la possibilité d'être
scolarisés dans cet
établissement
spécialisé, resteraient
isolés, confinés à la
maison, mis à l'écart
voire même rejetés et
privés d'éducation et
d'ouverture au monde.
Cela reste
malheureusement le cas
d'un certain nombre
d'enfants non recensés
souvent par manque
d'information de la part
de leur entourage. Preuve
en est ces deux
adolescents de 13 et 15
ans qui sont actuellement
scolarisés en 1ère
année primaire à
l'ESEDA pour la première
fois de leur vie
A l'ESEDA, une chance de
scolarisation et de
formation professionnelle
est offerte à ses
enfants mais c'est aussi
et surtout une chance de
s'insérer dans la
société camerounaise,
de s'ouvrir au monde et
à la culture,
d'acquérir une langue.
C'est pourquoi la Langue
des Signes Française a
été introduite depuis
quelques années et
constitue aujourd'hui une
langue enseignée et
d'enseignement; l'anglais
est également abordé
dès la 4ème année
primaire.
Dans le but d'offrir la
meilleure intégration
possible, l'ESEDA suit
également les anciens
élèves désormais
intégrés dans les
établissements de la
ville en leur proposant
un soutien pédagogique
tous les mercredi
après-midi et samedi
matin.
C'est aussi l'occasion
pour ces adolescents de
rester en contact et
surtout de se rencontrer
lors des
"causeries"
éducatives et activités
du Centre de Ressources
et d'Animation pour
sourds-muets (CERAS)
fondé par l'un des
professeurs spécialisés
de l'école. La lutte
contre le sida, les
maladies sexuellement
transmissibles et les
grossesses précoces
indésirées sont le
cheval de bataille de
cette association qui
uvre pour mettre à
la disposition des jeunes
sourds des moyens
d'information et de
prévention contre ces
fléaux.
Ce séjour a donc été
l'occasion de faire
profiter les enseignants
de plusieurs
interventions théoriques
leur permettant de
réactualiser ou de
compléter leurs
connaissances dans
certains domaines
(exploitation du
matériel pédagogique et
thérapeutique,
audiométrie tonale,
lecture labiale, Langage
Parlé Complété,
éducation auditive).
Les professeurs
spécialisés de l'ESEDA
ont été contactés pour
connaître leurs attentes
et leurs besoins en terme
de formation. Différents
sujets leur ont été
soumis pour leur
permettre de se
perfectionner sur le plan
théorique mais
également d'élargir
leurs compétences: fin
de leur formation.
Les domaines abordés par
des exposés théoriques
tout en faisant des liens
avec la pratique
pédagogique des
enseignants ont été les
suivants :
- initiation à
l'audiométrie tonale: en
effet, certains
enseignants de
l'établissement sont en
charge de réaliser les
audiogrammes des enfants
sourds susceptibles
d'être appareillés;
cette intervention était
donc destinée à
réactualiser leurs
connaissances mais
surtout à initier les
autres professeurs.
- lecture labiale: une
approche théorique mais
également des
suggestions pratiques
concernant des activités
de lecture labiale
pouvant être réalisés
avec les enfants en
travail individuel ou
collectif ont été
proposées.
- langage parlé
complété (LPC): l'ESEDA
a introduit depuis
quelques années la
langue des signes grâce
à la formation d'un
professeur et d'anciens
élèves au SERAC de
Paris; toutefois,
l'oralisation des enfants
sourds se poursuivant par
une démutisation et
l'apprentissage de la
lecture labiale, une
introduction théorique
au LPC a été offerte
afin de mettre à la
disposition des
enseignants un moyen
supplémentaire dans
leurs interventions
"othophoniques"
auprès des élèves. Des
documents d'information
ont également été
distribués (brochures et
affichettes de
présentation du LPC de
l'ALPC Suisse).
- éducation auditive:
des activités
d'éducation auditive
sont proposées par l'un
des professeurs
spécialisés (Maurice
Simo) aux enfants 1h par
semaine; ces activités
se déroulent de
préférence à
l'extérieur sur le
terrain de sport au moyen
d'instruments à
percussion (djembé,
tambour, tam tam);
différents jeux
d'écoute auditive sont
proposés aux enfants
(jeu des chaises
musicales, jeu
"debout/assis",
jeu du petit écureuil en
cage", etc.). Pour
permettre aux enseignants
d'élargir leurs
activités et
d'approfondir la
démarche d'éducation
auditive, une
présentation
d'activités travaillant
l'écoute et l'analyse
des sons selon
différents critères
(intensité, hauteur,
rythme, durée, etc.) ont
été présentées.
- exploitation du
matériel pédagogique et
spécialisé collecté:
une présentation du
matériel acheminé a
été effectuée dans le
but de découvrir comment
pouvait être exploité
ce nouveau matériel avec
les enfants sourds, que
ce soit dans le cadre
d'activités d'expression
et de compréhension en
langage oral/écrit,
d'activités de lecture
labiale, d'éducation
auditive, etc.
Une initiation au
tricotin auprès des
apprentis de l'atelier
couture a suscité
beaucoup d'intérêt et
sera étendue aux
élèves des classes;
cette nouvelle activité
manuelle leur permettra
de créer un objet
personnel de fin d'année
ainsi que de petits
objets à vendre lors des
kermesses de l'école.
Ce fut aussi, en tant
qu'orthophoniste, une
expérience très
enrichissante de vivre au
rythme de l'école,
d'observer les démarches
pédagogiques dans tous
les niveaux de classe et
de partager idées et
vécus avec les
enseignants.
L'un des souhaits
d'avenir de l'ESEDA
serait de pouvoir
équiper l'école en
matériel informatique
afin de proposer aux
élèves d'acquérir de
nouvelles compétences et
d'accéder à l'immense
source de connaissances
qu'est l'internet.
L'ESEDA souhaiterait
aussi appareiller un
maximum d'enfants de
l'établissement. En
effet, seuls une
vingtaine d'élèves
bénéficient d'une
adaptation prothétique
alors que nombreux sont
les enfants qui
conservent des restes
auditifs exploitables.
Grâce aux vingt
prothèses auditives
d'occasion qui ont pu
être récoltées auprès
de donateurs, de nouveaux
enfants, dont ma filleule
Marie-Thérèse âgée de
9 ans et demi, pourront
connaître la joie
d'entendre mais cela
reste insuffisant et la
collecte d'appareils
auditifs doit se
poursuivre.
Je rentre de ce séjour
avec des milliers de
souvenirs dans la tête
et des milliers
d'émotions dans le
cur.
Je remercie tous les
enseignants de l'ESEDA,
leur directrice Mme
Mpanjo Ebongue, la
présidente de la
fondation FEPPDA Mme
Ebanga et sa trésorière
Mme Mbimi et surtout tous
les enfants, du plus
petit au plus grand, pour
leur accueil chaleureux
et pour tout ce qu'ils
ont bien voulu partager
et me faire vivre.
Sans oublier tous les
donateurs, particuliers,
professionnels de la
surdité, associations,
éditions, qui par leur
générosité ont permis
de faire de cette mission
un succès et
d'améliorer le quotidien
des élèves et
enseignants de l'ESEDA.
Afin que cette action se
poursuive et qu'une
seconde mission puisse
être organisée, nous
maintenons notre appel
aux donateurs.
Et pour que ce projet ne
reste pas une goutte
d'eau dans la mer, nous
espérons que le site
internet
(www.voyages-humanitaires.info)
créé à cette occasion
pour relater cette
expérience suscitera
d'autres initiatives
personnelles ou
collectives et que
d'autres entreprises
verront le jour.
APPEL AUX DONATEURS
Pour adresser vos dons de
matériel ou en espèces,
contacter:
Cendrine Hirt,
orthophoniste, Route
d'Yverdon 11, 1373
Chavornay, Suisse
Tél/Fax (0041)
24.441.85.44, e-mail: in
o@voyages-humanitaires.info
COLLECTE D'APPAREILS
AUDITIFS
Afin de permettre à un
plus grand nombre
d'élèves de l'ESEDA de
bénéficier d'appareils
auditifs, nous lançons
un appel à toute
personn: ateurs seraient
également d'un grand
secours. Du matériel de
nettoyage des embouts est
aussi recherché.
DON DE MATERIEL
PEDAGOGIQUE ET SCOLAIRE
Pour continuer à
équiper l'école, nous
recherchons:
- des livres pour enfants
(de l'âge préscolaire
à l'adolescence)
- des jeux éducatifs
- du matériel
logopédique/orthophonique
- des fournitures
scolaires (crayons,
feutres, stylos, gommes,
ardoises, peinture, etc.)
- des livres/jeux en
Langue des Signes
Française
- des tricotins et des
pelotes de laine pour
l'atelier couture
- du matériel
informatique
(ordinateurs,
imprimantes, disquettes,
etc.)
- des ouvrages
professionnels sur la
surdité, la logopédie,
la rééducation du
langage, etc.
Articles déjà parus sur
le sujet:
Témoignage: Courrier
d'une marraine. Info SOS
Enfants sans frontières,
No 56, 2ème trimestre
2004.
Voyage humanitaire au
Cameroun: Rencontre avec
les enfants sourds de
Yaoundé. Article paru
sur la Page Info
"Humanitaire"
du site internet
d'informations
www.fil-info-france.com
le 25.04.2004
Voyage humanitaire au
Cameroun: Rencontre avec
les enfants sourds de
Yaoundé. Journal de
Vallorbe, No 11 du
19.03.04. Journal de
Sainte-Croix, No 26 du
07.04.04. Journal de
Cossonay, No 16 du
16.04.04. Journal Le
Républicain,
Estavayer-le-lac et
District de la Broye, No
16 du 22.04.04.
Voyage humanitaire au
Cameroun: Rencontre avec
les élèves sourds de
l'E.S.E.D.A. Aux Ecoutes,
No 8, mars 2004, FOROM,
Lausanne.
Soutien aux enfants
sourds du Cameroun: A la
rencontre de
Marie-Thérèse. Sourd
aujourd'hui, no
1/janvier, pp 8-9 et no
2/février 2004, p. 9,
FSS-RR, Lausanne.
Voyage humanitaire au
Cameroun: Comment
améliorer le quotidien
des enfants sourds?
Journal des Sourds, no
210/déc. 03-janv. 04, pp
14-15, Les Mains du CRAL,
Genève.
A paraître
prochainement:
Vivre au rythme des
enfants sourds de
Yaoundé: Le récit d'un
voyage humanitaire au
Cameroun. Sourd
aujourd'hui, FSS-RR,
Lausanne; Journal des
Sourds, Les Mains du
CRAL, Genève;
Connaissances Surdité,
ACFOS, Paris.
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Sommaire
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nouvelles de l'ONU à
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