|
De notre correspondante en
Suisse, Cendrine HIRT
Groupes d'entraide pour les
proches des malades Alzheimer
16 juin 2004
Les proches des malades atteints d'Alzheimer
n'osent souvent pas demander de l'aide, par
culpabilité de ne pas être à la hauteur ou
encore voulant rester loyal à leur conjoint ou
parent jusqu'au bout. Véritables soignants à
plein temps, ils finissent souvent par être
rattrapés par l'épuisement et l'isolement,
d'où l'importance de rejoindre un groupe
d'entraide tel que ceux proposés dans
différentes villes de Suisse romande.
"Je suis fatigué de répéter trente fois
la même chose", "j'ai parfois envie de
le taper car on dirait qu'il fait exprès",
"je le regarde avec colère", sont des
phrases qui reviennent souvent dans les paroles
de l'entourage, éprouvé par la maladie de leur
parent.
La maladie d'Alzheimer n'atteint pas que le
malade lui-même; elle fait aussi des victimes
dans l'entourage. En Suisse, 89 000 personnes
souffrent de cette affection mais près de 300
000 proches sont directement concernés. Ce sont
eux qui se trouvent en première ligne,
confrontés aux innombrables difficultés
quotidiennes qu'engendre cette maladie. Leur
rôle est si essentiel auprès du malade qu'on
les nomme aujourd'hui "proches
soignants" ou "soignants
naturels".
Les proches fournissent des efforts énormes pour
leur conjoint ou parent alors que leurs
ressources sont souvent limitées; ils pensent
parfois pouvoir tout assumer seuls alors que
fréquemment ils ne se sentent pas à la hauteur.
Se faire aider prend donc toute sa signification
car les proches vivent dans une situation de
stress permanent ayant des conséquences sur leur
qualité de vie, leur santé mentale et physique.
Peu de familles recourt au réseau d'aide et de
soutien à leur disposition (aide à domicile,
centre de jour, groupe d'entraide, unité
d'accueil temporaire). Les raisons de cette
résistance sont multiples : sens du devoir,
déni, sentiment de culpabilité, question de
génération. Certains proches vont jusqu'à
l'épuisement qui les conduit à
l'hospitalisation (et simultanément bien souvent
aussi à l'hospitalisation du malade Alzheimer se
retrouvant seul sans soutien) ; cette étape sert
parfois de déclic pour que la famille accepte
une aide à domicile.
Les proches soignants sont confrontés
quotidiennement à la perte des facultés
cognitives de l'être aimé et y assistent
impuissants; ils doivent alors faire le deuil de
la personne qu'elle était autrefois, un poids
énorme qu'il n'est pas conseillé de porter
seul.
Il faut non seulement aider et accompagner le
malade mais également aider et accompagner les
proches pour qu'ils puissent continuer à donner
les meilleurs soins possibles. C'est le message
que les groupes d'entraide et partage de
l'Association Alzheimer Suisse transmet partout
en Suisse romande.
Pouvoir enfin parler avec des personnes
concernées par le même problème, oser dire et
entendre les choses, apprendre à anticiper
l'évolution de la maladie, mieux comprendre
certains comportements pour réagir de manière
plus adéquate, apprendre ses propres limites,
autant d'occasions de mieux vivre la maladie du
conjoint ou du parent.
Le diagnostic précoce de la malade est
également un élément essentiel pour éviter
les malentendus, l'agressivité, parfois même la
maltraitance. La révélation de la maladie
permet à l'entourage de mettre un nom sur des
comportements étranges ou irritants, de
réaliser que l'autre ne fait pas exprès. Cela
permet aussi d'offrir au malade la possibilité
de prendre des dispositions quant à son avenir
tant que ses capacités intellectuelles sont
encore suffisantes. De plus, les médicaments
actuels retardant l'évolution d'environ un an ne
sont efficaces qu'en phase débutante. Par
ailleurs, avec un dépistage précoce, les
familles peuvent se tourner vers des structures
de soutien mieux acceptées par le malade.
Deux services de présence à domicile, l'un à
Genève, l'autre à Lausanne, proposent de
prendre le relais du conjoint dans la prise en
charge du malade Alzheimer.
L'évolution de cette affection étant
inéluctable, le poids tant physique que
psychique ne fait qu'augmenter pour les proches.
Des incidents de plus en plus conséquents et
préoccupants interviennent dans la gestion de la
vie quotidienne au point qu'un jour le proche
n'ose plus laisser seul le malade. Pour des
raisons de sécurité, une présence vingt-quatre
heures sur vingt-quatre devient indispensable, ce
qui isole alors totalement le malade et le
proche. Il est donc nécessaire à ce stade de
passer le relais à des personnes formées. Ainsi
deux associations suisses romandes offrent une
évaluation à domicile des besoins puis un
accompagnement afin de soulager l'entourage
pendant une demi-journée ou une journée
entière par semaine pour des prix modiques. Ces
quelques heures hebdomadaires permettent au
conjoint de respirer, de consacrer du temps à
lui-même. Le rôle de l'accompagnateur n'est pas
de s'occuper des soins quotidiens (douche,
médicaments, etc.) mais de créer des moments de
plaisir en organisant des activités à faire
ensemble (promenade, sortie au cinéma, cuisine,
etc.). Le contact régulier créé entre
l'accompagnateur et le proche permet à ce
dernier de rompre l'isolement et de confier ses
difficultés : uisse, rue Pestalozzi 16, 1400
Yverdon-les-Bains, Suisse, Tél. (00 41) 24 426
20 00.
Un ouvrage très utile pour l'entourage,
intitulé "Le guide des aidants" et
contenant nombreux conseils pour les familles,
est également diffusé par l'association.
De notre correspondante en Suisse, Cendrine
HIRT
Retour
Sommaire
-
-
-
- Offre
n° 3
|
|