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De
notre correspondant : Cikuru
Batumike
- FEMMES
ENTREPRENEURS D'AFRIQUE :
QUEL BILAN ? - 22
août 2004 -
Des
décideurs de la branche
économique restent peu
convaincus de
l'importance et de
l'expansion des
entreprises gérées par
les femmes en Afrique.
Dans leur esprit, être
femme est une chose. Et
femme entrepreneur, une
dimension supplémentaire
dans un univers de
travail où le pouvoir
doit toujours rester
mâle.
-
- Deux
postulats connus : les
femmes sont, en
priorité, assignées aux
tâches domestiques;
qu'elles aient une vie
professionnelle est, tout
simplement, la
résultante des
contraintes de
l'environnement familial.
Peu d'études font
mention à leur position
de cadre ou
d'entrepreneur dans le
monde de travail, parce
que inimaginable. Celles
qui ont eu l'occasion de
s'y pencher constatent
que la culture
d'entreprise a toujours
exclu le pouvoir des
femmes en son sein. Les
quelques femmes qui
parviennent à renverser
cette tendance
traditionnelle et
dépassée de l'identité
professionnelle restent
confrontées à la
méfiance de leur
entourage. Elles
découvrent les
problèmes concrets, dont
certains imprévus. Elles
manquent d'interlocuteurs
professionnels des
secteurs publics et
privés en mesure de
défendre leur position.
Elles sont victimes de la
mauvaise coordination et
collaboration des
fournisseurs de services
de développement de leur
entreprise.
Profil type
Un profil basé sur des
interviews avec 235
femmes entrepreneurs dans
six pays les moins
développés, a été
récemment dressé par la
Cnuced. Au fait,
qu'est-ce qu'une femme
entrepreneur type ? La
rencontre de Ouagadougou,
au mois de juillet 1999,
en avait brossé un
portrait sommaire: "
C'est celle qui est
éduquée, celle qui a
créé seule son
entreprise sans avoir
bénéficié d'un support
financier. C'est celle
qui vit les divergences
entre les pratiques
coutumières et les
dispositions légales
freinant sa participation
effective au secteur
entreprenariat. C'est
celle qui n'a pas accès
au financement, aux
matières premières, à
l'information sur les
opportunités
commerciales, aux
réseaux de commerce ou
une simple formation en
gestion
d'entreprises."
Quand elles existent, les
entreprises dirigées par
les femmes restent, dans
tous les cas, les plus
isolées et les moins
connues des initiatives:
un petit pourcentage
réussit à percer sur le
marché international.
L'Afrique à la
traîne
Depuis la
rencontre des femmes
entrepreneurs tenue à
Ouagadougou, sous la
houlette de la CNUCED et
de l'ONUDI,
représentants des
gouvernements, donateurs,
institutions de
recherche, ONG, Chambres
de commerce, associations
et entrepreneurs
réfléchissent sur les
voies et moyens de mener
des actions en faveur de
l'entreprenariat féminin
en Afrique. La rencontre
prévue pour le 19 mai
2001 à Bruxelles, devait
abonder dans le sens de
la réunion de
Ouagadougou.
Timidement mais d'une
manière efficace, des
structures se créent, à
l'initiative des
personnes ayant une
vision nouvelle, pour
encourager les femmes
entrepreneurs capables,
avec une aspiration et la
compétence nécessaire,
d'être à la tête d'une
entreprise. On le sait,
le nombre d'entreprises
qu'elles gèrent n'est
pas encore en constante
évolution dans le monde:
les politiques et les
projets imaginés par des
différentes
organisations nationales
et internationales,
tardent à leur donner
une stabilité.
Précisément: dans le
domaine de
l'entreprenariat,
l'Afrique est à la
traîne. Elle déploie
son imagination à la
reconstitution d'un
paysage de travail dans
lequel le rôle des
femmes ne doit pas être
négligé, en terme de
l'égalité de traitement
et de responsabilités.
On dénombre, chaque
année, en Afrique,
l'arrivée sur le marché
de travail, des femmes
auto-employées, des
propriétaires, des
gérantes de micro,
petites et moyennes
entreprises. Secteurs les
plus prisés: le textile,
la vente de produits
d'artisanat, l'élevage,
le petit commerce et les
services. Une récente
étude réalisée par la
Cnuced et l'Onudi en
souligne l'impact sur
l'évolution de la
mentalité dans 11 pays:
Burkina Faso, Côte
d'Ivoire, Éthiopie,
Gambie, Madagascar, Mali,
Maroc, Sénégal,
Tanzanie, Zambie et
Zimbabwe.
Des freins à
l'évolution
Dans nombre de
pays concernés par
l'étude susmentionnée,
la Constitution a
toujours mis en avant
l'égalité de l'homme et
de la femme, cependant
que des codes et autres
règles de la loi n'ont
jamais été harmonisés
avec les principes
énoncés. L'existence
des pratiques en rapport
avec la coutume et les
déséquilibres
structurels du système
légal restent des causes
d'une multitude
d'obstacles auxquels les
femmes entrepreneurs
continuent à faire face.
Leur rôle de second plan
dans la famille, le
manque de prise de
décision indépendante,
l'absence d'autonomie et
tout ce qui intervient
dans leur existence sous
couvert du poids des
traditions, les privent
de toutes possibilités
d'assumer leur autonomie.
En dehors de la famille,
elles ne peuvent
prétendre à devenir
entrepreneurs tant
qu'elles ne sont pas en
mesure de se former, de
contrôler leurs actifs,
de prendre des risques,
d'accéder à un capital,
de bénéficie: ent les
fruits de leur travail
pour couvrir les
différentes dépenses de
son ménage; nourriture,
habits, éducation des
enfants. Rarement, elles
réinvestissent leurs
économies dans le
développement de leurs
activités. Au point où
l'on en est, leur
potentiel économique
n'est pas suffisamment
mis en valeur.
La part des
gouvernants
Pour sortir les femmes
entrepreneurs de cette
"léthargie de
l'identité
professionnelle",
différentes études de
la Cnuced donnent des
exemples concrets tirés
des missions d'estimation
de besoins et avancent
des conclusions et
recommandations,
particulièrement dans le
domaine politique. Elles
préconisent,
principalement, la
création d'entreprises
par les femmes et leur
intégration dans le
développement
économique. Elles
suggèrent la création
d'un environnement
légal, économique et
favorable propres à
faciliter la tâche aux
créatrices d'emplois et
l'amélioration des
structures déjà en
place. Il est impératif
que des partenaires
potentiels ou effectifs
(gouvernements, services
de développement du
commerce, ONG,
associations de commerce,
communauté
internationale) mettent
leurs efforts en commun
pour créer ces
conditions de travail en
faveur de celles qui le
souhaitent. Il est vrai
que quelques
gouvernements africains
ont commencé à donner
plus d'importance à la
place des femmes dans le
développement
d'entreprises. Mais, ce
rôle se fait
indépendamment d'une
stratégie et d'une
approche communes, qui
intègrent certains
aspects politiques. Les
gouvernements de
plusieurs pays n'ont pas
encore décidé de la
nécessité de créer un
environnement favorable
aux femmes entrepreneurs,
en arrêtant, par
exemple, un programme
d'aide proprement dit à
leur commerce. En
Afrique, nombre de
programmes sur le
chantier (initiés la
plupart de temps par des
donateurs occasionnels)
ne visent que
l'auto-emploi et les
micro entreprises: deux
segments les plus larges
d'activités.
Conjointement, le CNUCED
et l'ONUDI formulent
depuis peu des
propositions en plusieurs
points dont les plus
essentiels concernent
l'amélioration d'un
environnement politique,
prêt à adopter des
mesures basées sur des
expériences pratiques;
la révision des lois et
pratiques
discriminatoires en
parallèle avec
l'éducation des femmes
entrepreneurs et leurs
droits ; l'information du
public sur l'importance
de la contribution des
femmes dans l'économie
et leur accès facilité
aux services de
développement. Autant de
questions abordées
auxquelles s'ajouteront
d'autres à l'occasion
des futures rencontres
internationales.
Cikuru
Batumike
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