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- "Il
vaut mieux hasarder de
sauver un coupable
que de condamner un
innocent."
- Voltaire
1694 - 1778
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Correspondance
suisse de Cedric
Morgenstern
.
LE « PETIT JUGE »
PIERRE- HENRI WINZAP
FRISE LE RIDICULE
16 mars 2007
« Le juge a communiqué
sa haine contre la
Turquie, cest une
haine raciste
impérialiste ! »
Cest en ces termes
que le politicien turc
Dogu Perinçek a
accueilli le verdict du
Tribunal de Lausanne, qui
la condamné à 90
jours-amende à Frs.
100.- avec sursis pendant
deux ans assortis
dune amende de
3.000 francs. Dogu
Perinçek devrait verser
en outre une indemnité
symbolique de 1.000
francs à lASA,
lAssociation
Suisse-Arménie, 10.000
francs de dépens et
5.000 francs pour les
frais de la cause.
Ce jugement nest
certes pas fait pour
arranger des relations
diplomatiques déjà
tendues entre les deux
pays, lavocat de
Dogu Perinçek, Me
Laurent Moreillon, ayant
de surcroît affirmé, le
6 mars dernier, « que
laffaire monterait
jusquà la Cour
Européenne à Strasbourg
».
Observateur au procès de
Lausanne, le consul de
Turquie à Genève, M.
Cermien Karaman a
déclaré après la
lecture du verdict : «
Je ne peux pas dire que
ce jugement me réjouisse
». Quant à
lambassadeur de
Turquie en Suisse, il a
critiqué la décision du
Tribunal de Montbenon du
9 mars 2007 à Lausanne,
déploré les
conséquences futures de
ce jugement et le fait
quon ne peut plus
discuter de manière
ouverte en Suisse.
Sans doute faisait-il
allusion à la
Constitution Fédérale
qui garantit ? du moins
sur le papier - la
liberté
dexpression et la
liberté de la presse en
Suisse, tandis que
lart. 301 du Code
pénal turc ? dont
Bruxelles réclame la
suppression - limite
cette liberté
dexpression en
Turquie.
Quant à lart. 261
bis du Code pénal qui
régit la norme pénale
antiraciste en Suisse, il
permet, à usage interne,
dempêcher la
propagande
didéologies
contraires à un Etat de
droit.
Mais où se situent, dans
la pratique, les limites
de cet Etat de droit ? A
quel moment, la liberté
dexpression
enfreint-elle la norme
pénale antiraciste ou
devient-elle calomnie
et/ou diffamation ? La
barrière reste floue.
Laissée à
lappréciation
dune Justice qui
est loin dêtre
parfaite et infaillible,
elle est sujette à
controverses et suscite
bien des polémiques.
Cest sans doute là
que le bât blesse.
Président dudit
Tribunal, surnommé
aujourdhui le «
petit juge »,
Pierre-Henri Winzap,
justifie son verdict en
ces termes : « Si le
Conseil Fédéral
na pas reconnu le
génocide arménien,
cest pour un
problème de relations
internationales».
On sen doutait. La
Turquie est un allié
économique et un
partenaire militaire
non-négligeable de par
sa situation
géographique mais depuis
les fracassantes
déclarations à Ankara,
du Ministre de la Justice
Christoph Blocher, chef
de file de lUDC,
les relations entre les
deux pays sont tendues.
Impossible donc, pour le
Conseil Fédéral, de
rajouter de lhuile
sur le feu.
« Un génocide na
pas à être sanctionné
par une Cour de justice
internationale pour avoir
valeur de génocide. Il
faut et il suffit
quil soit reconnu
comme tel. Le génocide
arménien est un fait
historique avéré selon
lopinion publique
suisse ». ajoute « le
petit juge ».
On en reste baba !
Impossible pour le «
petit juge » de se
reposer sur une
reconnaissance officielle
du génocide arménien
par le Conseil Fédéral,
ce qui laurait
libéré de toute
responsabilité
personnelle. Il se voit
donc obligé de
reconnaître que « le
génocide arménien est
un fait historique
avéré » mais se
protège aussitôt - il
tient sans doute à sa
peau ! ? en usant de la
« couverture » de «
lopinion publique
suisse » !
Largument est
ridicule !
« Avec ce jugement, la
Suisse sest jetée
dans le feu ! » a
déclaré Erkan Önsel,
vice-Président du Parti
des Travailleurs turcs
(Isçi partisi), « Les
juges nont même
pas examiné les 90 kilos
darchives que nous
avions apportés. En nous
traitant de
génocidaires,
lamitié
turco-suisse a été
détruite ».
De son côté, Me
Philippe Nordmann, avocat
de lASA confirme «
quil portera de
nouveau plainte pénale
si le politicien turc
persiste à nier le
génocide arménien ».
Quant à Dogu Perinçek,
il préfère parler « de
massacres commis de part
et dautre ».
On sait que le mot «
génocide » a été
créé en 1944 suite à
lentreprise
dextermination des
Juifs et des Tsiganes par
les nazis, qui a fait 6
millions de morts lors de
la dernière Guerre
mondiale. Mais le crime
de génocide,
imprescriptible, défini
en droit international
par la Convention de
Genève de 1948
sapplique
également à des
massacres plus récents,
ceux perpétrés par les
Khmers rouges au Cambodge
dans les années 1970,
ceux commis en
ex-Yougoslavie et au
Rwanda dans les années
1990. Rétrospectivement,
le mot « génocide » a
ensuite été employé
pour désigner les
massacres commis en
Turquie contre les
Arméniens en 1915,
massacres qui ont fait un
million et demi de
victimes. Au rang des
génocides, on pourrait
également citer celui
des Arawaks, exterminés
par les colons espagnols,
dont on trouve encore
quelques descendants à
Cuba et en Jamaïque.
Quant au mot « massacre
», il désigne une
tuerie sauvage et en
masse, dêtres et
de gens sans défense, ou
en situation
dinfériorité, une
extermination à laquelle
on pourrait tout aussi
bien assimiler
lesclavage des
Noirs, dont
labolition, en 1833
na pas, pour
autant, mis fin au
racisme.
Le « petit juge »
Pierre-Henri Winzap
sest servi de «
lopinion publique
suisse » pour éviter
manifestement
davoir à entrer
dans lHistoire.
Leût-il fait
quil naurait
pas réussi, un siècle
après, à trancher la
question qui divise
Arméniens et Turcs.
Massacres ou génocides,
personne ne fera revenir
à la vie, victimes et
tortionnaires par des
procès, Car la Justice
nest ni
infaillible, ni
toute-puissante. Il faut
le reconnaître,
humblement, choisir
peut-être une autre voie
et en tirer leçon. Mais
de toute évidence, le «
petit juge »
Pierre-Henri Winzap
na pas encore
appris la sienne.
Cedric
Morgenstern
Correspondant www.fil-info-france.com
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