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Correspondance suisse de Cedric Morgenstern




L'AFFAIRE KADHAFI : CA CONTINUE !
- 4 janvier 2009



Non, l'affaire Kadhafi n'est pas réglée et les autorités helvétiques continuent à "ramer" face aux exigences toujours plus loufoques du leader libyen.

En octobre 2008, aux portes d'un hiver qui se promettait d'être rigoureux, on apprenait que la compagnie libyenne Tamoil cessait de livrer du pétrole à la Suisse et que le colonel Kadhafi retirait 7 milliards des banques suisses. En outre, des trois liaisons aériennes hebdomadaires vers la capitale libyenne, Swiss n'était plus autorisée qu'à un seul vol et Tripoli exigeait toujours des excuses de Berne.

Presqu'en même temps, Daniel von Muralt, ambassadeur de Suisse en Libye, réfutait formellement cette situation pour le moins catastrophique en ces termes : "C'est de la pure imagination ! J'ai discuté vendredi avec une personne très, très haut placée, que je ne peux citer. Nous nous acheminons vers une résolution du problème. Nous sommes tout près de conclure des négociations".

Trois mois plus tard, à la veille de Noël, on les attendait encore ces fameuses conclusions. Quant au colonel Kadhafi, il exigeait toujours des excuses de la Suisse pour "le traitement inapproprié" subi par les époux Kadhafi, excuses auxquelles s'ajoutaient alors le versement d'une indemnité par la Suisse de Frs. 300.000.- au profit de l'UNICEF et l'application de sanctions, par Berne, à l'encontre des responsables.

Quelques jours plus tard, Tripoli menaçait de durcir ses sanctions contre la Suisse et le vice-ministre libyen aux Affaires Etrangères, Abdul Ati al-Obeidi déclarait publiquement : "Notre patience a des limites!". L'avocat genevois Charles Poncet, qui défend le gouvernement libyen, affirmait alors qu'un comité ad hoc indépendant, composé de deux juristes dont le Suisse Lucius Caflisch, élu en 2006 à la Commission du droit international des Nations Unies, avait siégé sept fois en août et septembre 2008 pour émettre des recommandations que les deux pays allaient devoir s'engager à suivre.

Mais en même temps, la Libye interdisait alors tout vol vers Tripoli, supprimant ainsi la dernière liaison hebdomadaire avec la Libye, les sociétés helvétiques n'avaient plus le droit d'exercer leurs activités librement - les bureaux d'ABB et de Nestlé ont été fermés - il était toujours interdit aux deux Suisses de quitter le pays et selon Me François Membrez, défenseur des deux domestiques maltraités par le couple Kadhafi, le frère du domestique, arrêté en Libye, était toujours porté disparu.

Au 31 décembre 2008, on connaissait enfin la conclusion du rapport rendu par le Professeur Lucius Calisch, mandaté par le DFAE (Département Fédéral des Affaires Etrangères)pour trouver une issue à la crise diplomatique helvético-libyenne. Selon le juriste, le droit suisse et le droit international ont été respectés mais la police genevoise "aurait pu veiller à appliquer de manière plus nuancée et sensible les accords internationaux" lors de l'arrestation des époux Kadhafi en juillet 2008.

Ce rapport - on attend encore celui du juriste libyen - a d'ores et déjà suscité des réactions. Pour Anne-Marie Von Arx-Vernon, qui a recueilli les deux domestiques maltraités par les époux Kadhafi, il n'est pas question de remettre en cause le travail de la Police genevoise. Pour le député socialiste Alberto Velasco, Président de la Commission judiciaire et de la Police du Grand Conseil, "Berne a baissé son froc!". Le DFAE ne souhaite pas s'exprimer pour le moment et le Procureur genevois Daniel Zappelli et le conseiller d'Etat genevois Laurent Moutinot sont injoignables.

L'affaire est donc loin d'être réglée et, selon toute apparence, le Président de la Confédération élu pour 2009, Hans-Rudolf Merz, pourrait bien avoir à se rendre en personne à Tripoli, pour tenter de trouver enfin un compromis à cette crise diplomatique démesurée.

A l'heure où le monde s'embrase parce que le pouvoir politique et le pouvoir judiciaire dérapent un peu partout, on peut dès lors se poser la question : La Suisse est-elle encore à l'abri de la violence terroriste ?



Cedric Morgenstern

Correspondant
www.fil-info-france.com


 


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