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De notre correspondant Christian Bailly-Grandvaux

14 février 2005

Conférence de Presse au CAPE (Centre d'Accueil de la Presse Etrangère) Maison de la radio à Paris, le vendredi 11 février 2005, 13h - 14h30
Sous la responsabilité de Monsieur Lanciné Camara, Président de l'UIJA (Union Internationale des Journalistes Africains)

Monsieur Francis Wodié, Président du PIT, (Parti Ivoirien des Travailleurs) Côte d'Ivoire

Point sur la situation actuelle de la Côte d'Ivoire


Cette guerre est l'enchaînement logique de la vague de violence qui a été initiée en 1993 lors de la mort d'Houphouët Boigny, provoquant des dissensions dans la succession entre le Président de l'Assemblée Nationale, Monsieur Henri Bédié, héritier constitutionnel du pouvoir en cas de vacance, et Monsieur Alasanne Dramane Ouatarra, alors Premier Ministre.
Puis vint le boycott actif en 1995, suivi par le coup d'Etat de décembre 1999 par le Général Guei, et enfin les différentes tentatives de coup d'Etat pour renverser Laurent Gbagbo avec le dernier en date du 19 septembre 2002 qui s'est transformé en rébellion armée divisant le pays en deux, le Nord sous contrôle des rebelles, et le Sud sous contrôle des institutions d'Abidjan. Pour ne pas avoir su ou pu mater cette rébellion, l'Etat de Côte d'Ivoire a du négocier avec les rebelles leur donnant ainsi une certaine légitimité. La Côte d'Ivoire est allée à Lomé puis à Marcoussis avec des accords d'ordre privé, ensuite à Accra 1, Accra 2 et au moi de juillet 2004, Accra 3 Accra 3 demande de prendre des dispositions en rapport la constitution pour régler le plus rapidement possible la crise.

Nous avons donc pris des engagements, le PIT, l'Etat de Côte d'Ivoire, et les autres partis de Côte d'Ivoire pour adopter un certain nombre de lois et prendre des dispositions. La loi sur l'amnistie, la liberté de la presse, le code de la nationalité ont été adoptées mais les rebelles estiment que ces lois ne répondent pas à la lettre et à l'esprit de Marcoussis. Mais l'obstacle principal reste la révision de l'article 35 de la constitution.

A Marcoussis, nous avons compris que le cœur du conflit résidait dans l'éligibilité d'Alassane Dramane Ouattara.
Nous avons adopté un projet qui définit les termes de la modification de la constitution dans le respect des droits en vigueur en Côte d'Ivoire.
Donc, le référendum s'impose par les accords de Marcoussis. Le texte a été déposé par le gouvernement à l'Assemblée Nationale qui l'a adopté. Il reste donc le référendum. Il faut que les conditions du référendum soient réunies comme le désarmement, la réunification, le rétablissement de l'administration, la liste des électeurs et les pièces établies pour voter, et enfin, un climat de sécurité. Mais il faut aussi une condition de fond partagée par le
PIT et les chefs d'Etat africains. Les partis signataires des accords de Marcoussis doivent faire campagne pour la victoire du "OUI" au référendum, condition nécessaire pour respecter l'esprit des accords de Marcoussis.
Le peuple reste souverain de son choix et peut très bien valider le "NON" malgré l'engagement des partis politiques, qui pour certain, l'adhésion à la campagne du "OUI" n'est pas spontanée.
Si le référendum est impossible dans le contexte particulier actuellement en Côte d'ivoire, le PIT n'exclue pas le recours à une voie politique qui reste à préciser mais qui pourrait se résumer à l'éligibilité de tous les candidats présentés par les partis politiques ivoiriens signataires des accords de Marcoussis. Ces candidatures échapperaient automatiquement au jugement du conseil constitutionnel. Mais comme tous les accords, rien ne garanti leur application par l'ensemble des acteurs, d'autant que le climat de méfiance est grand. De toutes les façons, le désarmement, la réunification du pays, le redéploiement de l'administration et le l’identification des électeurs est obligatoire pour aller aux élections présidentielles justes et transparents prévues en octobre 2005.
Pour cela, le code de la nationalité reste problématique. Car s’il est appliqué tel quel, les nouveaux naturalisés Ivoiriens deviendraient aussi des électeurs, grossissant ainsi les rangs des uns ou des autres.
A cette question, Francis Wodié propose que la naturalisation ne débouche pas automatiquement sur le droit de vote ni sur l'éligibilité, tout au moins, pas avant un certain temps en appliquant le droit commun.

En supposant que toutes les conditions soient réunies pour aller aux élections, il reste encore un problème de confiance qui fait que certains demandent que les élections soient organisées par l'ONU. A cela le PIT s'oppose à la substitution de la souveraineté de la Côte d'Ivoire par un organisme extérieure. La confiance doit revenir entre tous les partis politiques, d'autant que les élections présidentielles ne résoudront pas tous les problèmes.
Et si les élections ne peuvent pas avoir lieu à la date prévue, les difficultés s'en trouveraient aggravées puisque le conflit actuel trouve sa source dans les dernières élections. Francis Wodié ne voit pas sur qu'elle base juridique ou politique l'Etat pourrait fonctionner dans ce cas. Donc l'intérêt de l'ensemble des Ivoiriens réside à tous faire pour éviter ce scénario. Nous devons faire des concessions, des compromis pour obtenir un consensus. Aucun parti ne peut imposer sa volonté aux autres et que la voie militaire a montré ses limites. Nous ne pouvons pas recourir à l'option militaire. La seule solution est la voie politique, dans le respect de l'application des accords conclus. Nous ne devons pas attendre les sanctions pour agir, cela serait humiliant et inacceptable pour un Etat.
L'apaisement est nécessaire pour arriver à sortir de cette crise. Les journalistes attisent souvent le feu. Ils se comportent moins en journaliste qu’en militant politique et compliquent la tache des politiciens. Les journalistes doivent aussi faire des efforts car ils ont un rôle à jouer en évitant les propos incendiaires et en se cantonnant à leur métier de journaliste en toute objectivité.


Christian Bailly-Grandvaux

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