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De
notre correspondant au
Cameroun, Jean-Paul
Marius OWONA FOUDA
Nécrologie : Le premier
médaillé Camerounais
est décédé - 26 avril
2010
Copyright
2010 Jean-Paul
OWONA-FOUDA
Le premier médaillé
camerounais aux Jeux
olympiques, ancien
champion dAfrique
des welters, est
décédé de suite dun
AVC samedi 24 avril 2010
à lhôpital
général de Yaoundé. On
le savait très malade
depuis 2005. Mais « Jo
» comme lappelaient
affectueusement ses amis,
tenait malgré tout le
coup. Il souffrait en
fait dhypertension
artérielle. Une vilaine
maladie qui lui faisait
des misères. On se
souvient quil a
fait une crise dAVC
en juillet 2009 au point
dêtre interné à
lhôpital Central
de Yaoundé. Pour loccasion,
il avait alors reçu la
visite du ministre de la
Santé André Mama Fouda
et celui des Sports et de
léducation
physique, Augustin
Thierry Edjoa. Depuis son
relatif rétablissement,
Joseph Bessala passait
tout son temps à son
domicile, situé au
quartier Ngousso, à un
jet de pierre du stade
omnisports de Yaoundé.
Il était ainsi, le
premier sportif
camerounais à avoir
décroché une médaille
dargent aux Jeux
Olympiques, « réservé
en famille et plutôt
sociable au dehors »,
comme le définissent ses
proches.
A 62 ans sonnés, Joseph
Bessala, menait jusquà
sa mort une vie plus quaustère.
Sa vocation première nétait
pourtant pas le noble
art. Mais après sêtre
essayé au football, il
opte finalement pour la
boxe. La chance commence
à lui sourire à la
veille de la Coupe des
tropiques, organisée par
le Cameroun en 1964. Sa
réputation de puncheur
poids plume est parvenue
aux oreilles des
responsables du
ministère des Sports,
qui recherchent des
pugilistes. Ils ont
entendu parler de lui, le
contactent et décident
aussitôt de lenrôler
dans la délégation à
ces Jeux sous-régionaux.
A Yaoundé, le gaucher
expédiera tous ses
adversaires, dont les
plus robustes tiendront
à peine jusquau
deuxième round : KO à
tous les coups. Il remet
ça aux Jeux africains de
Brazzaville (1965), de
Lagos (1966) et de Lusaka
(1967). Ses crochets du
gauche balaient tout sur
leur passage.
Le véritable déclic
interviendra aux Jeux
Olympiques de Mexico en
1968. Joseph Bessala est
aligné dans la
catégorie des mi-moyens
(67 kilogrammes). Il
marche littéralement sur
ses adversaires pendant
la phase des
éliminatoires. Le combat
en finale semble inégal.
« Le démolisseur »,
avec sa taille moyenne,
est face à un adversaire
filiforme qui tutoie les
2 mètres. LAllemand
de lEst Manfred
Wolke gagne la partie aux
points. Il est accueilli
en héros national à son
retour au pays natal.
Reçu en grandes pompes
et décoré par le
président Ahmadou
Ahidjo, il recevra en
prime une voiture et une
maison dans un camp dhabitations
à loyer modéré (HLM).
Le flambeur senvole
pour la France où il
passera 4 années. Il
veut « devenir champion
du monde » et sengage
dans une carrière
semi-professionnelle,
mais les réalités du
milieu lamèneront
à faire le deuil de ses
illusions.
Il revient au pays
écoeuré en 1972. Il nest
pourtant pas au bout de
ses surprises, car il
retrouvera sa maison
occupée par un inconnu
qui le traite comme un
imposteur. Il ira
protester au ministère
de la Jeunesse et des
sports, et, au bout de
quelques mois, est
relogé mais cette fois
dans une maison de
location de lEtat.
Une escouade de
militaires armés viendra
len déloger au
milieu des années 80 au
petit matin, « sans la
moindre explication ».
Il gagne la petite maison
qui faisait jusquà
sa mort sa fierté, et quil
avait réussi à bâtir
« avec les petites
économies ramenées de
France ». Il se lance
dans une carrière
professionnelle dans la
catégorie des welters,
et, en juillet 1974 à
Yaoundé, foudroie le
Zaïrois Clément
Tshinza. Il dispute et
gagne son premier titre
continental lannée
daprès, face au
Ghanéen Eddy Blay.
Mais toutes les belles
histoires ont une fin, et
celle de Joseph Bessala
connaît sa première
alerte cinq ans plus
tard. A Abidjan, il met
son titre en jeu pour la
troisième fois face à lIvoirien
Salam Ouedrago Attila,
qui le domine aux points.
Le vaincu, comme souvent,
est amer et crie au «
complot ». Il repart
tête basse, et quelques
mois plus tard, il sétale
littéralement : un K.O.
face au Marocain Mokhtar
Mimoun. Cest grâce
à son épouse
couturière, comme il
aimait à le rappeler, quil
réussissait à tenir le
coup. On se souvient quil
confiait en 2005 à un
reporter de lagence
Panapress que tous ses
espoirs résident en la
mansuétude du président
Paul Biya. « Je veux quil
ait pitié de moi, je
suis vieux et fatigué.
Je nai rien pour
nourrir ma famille, et le
prie pour quil me
trouve une maison et de
quoi encadrer les miens,
ne serait-ce que pour
tout ce que jai
fait pour le Cameroun ».
Le boxeur sen est
allé, laissant à la
postérité le souvenir dun
vrai conquérant. Adieu
«le champion ».
Jean-Paul
Marius OWONA FOUDA
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