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De
notre correspondant au
Cameroun, Jean-Paul
Marius OWONA FOUDA
Commissions du Rio Del
Rey : Laurent Esso saisit
la justice contre quatre
"journalistes" - 12 mars
2010
Ils sont accusés faux,
usage de faux et
imitation de signature de
hauts responsables et
déjà placés en
détention préventive à
Kondengui.
Annoncé en Europe depuis
la semaine dernière, le
ministre d'Etat,
secrétaire général de
la présidence de la
République (Sgpr),
Laurent Esso vient de
saisir la justice contre
les
"journalistes",
Robert Mintya Meka, Bibi
Ngotta, Hervé Nko'o et
Serges Sabouang.
Interpellés depuis une
dizaine de jours, trois
des quatre prévenus à
savoir, Robert Mintya
Meka, Bibi Ngotta et
Serges Sabouang ont été
placés en détention
provisoire à la prison
centrale de Yaoundé
hier, 10 mars 2010.
Successivement gardés à
vue dans les locaux de la
police judiciaire et au
commissariat central N°1
de la ville de Yaoundé,
les trois mis en cause
ont été présentés au
procureur de la
République lundi et
mardi derniers. Sur les
faits qui leur sont
reprochés, ils disent ne
rien savoir. Peu avant
leur seconde
interpellation, (ils
l'avaient déjà été au
début du mois de
février par les hommes
de la Direction des
recherches extérieures
(Dgre) -les services
spéciaux camerounais-),
ils donnaient déjà ce
qui continue d'être leur
version de l'affaire.
"En notre qualité
de journalistes nous
sommes tombés sur un
document signé du
secrétaire général de
la présidence de la
République par ailleurs,
président du conseil
d'administration de la
Snh, Laurent Esso",
relatait Hervé Nko'o
lors de sa sortie de la
Dgre, le 13 février
dernier.
La correspondance est
"une instruction du
Sgpr à l'administrateur
directeur général de la
Snh pour le déblocage
d'une enveloppe d'un
milliard trois cent
millions de Fcfa
représentant les
commissions à répartir
aux trois hauts
responsables intervenus
dans l'opération
d'acquisition du bateau
hôtel dénommé le Rio
Del Rey et actuellement
affecté au Bir
Delta", poursuit le
reporter aujourd'hui
introuvable (il aurait
réussi à quitter le
pays et à se réfugier
dans un pays d'Afrique de
l'ouest) de Bebela, un
hebdomadaire paraissant
à Douala.
Manne financière
Selon la note
dont Mutations a eu
copie, les
bénéficiaires de cette
manne financière sont :
Antoine Bikoro Alo'o
(directeur général du
Chantier naval), Dayas
Mounoune (directeur
général du Port
autonome de Douala) et le
consultant Dooh Collins.
Les prévenus mettent
également à leur
décharge le fait qu'ils
n'aient pas fait usage
dudit document.
"Nous sommes
interpellés alors que
nous tentions de recouper
les informations y
contenues", se
défendaient-ils y a une
quinzaine de jours. En
face dans l'entourage de
leur poursuivant, on
crie, comme on le fait
depuis l'annonce de cette
affaire, à l'arnaque et
au chantage. "Le
ministre d'Etat ne
reconnaît pas avoir
signé un tel document.
Sa signature peut avoir
été imitée",
s'était laissée aller
une de ses proches
parentes dès les
premiers bruits de ce
dossier manifestement
gênant pour le
management de l'Etat.
Pour matérialiser cette
ligne, le ministre d'Etat
Laurent Esso a porté
plainte pour faux, usage
de faux et imitation de
la signature de hauts
responsables de la
République. Pour le Sgpr
et ses proches, outre la
démarche, des
informations versées au
dossier laissent croire
que les journalistes dans
leur recherche de
l'information, avaient
une arrière-pensée.
L'on cite à ce propos
les entretiens respectifs
à Douala entre George
Mintya Meka et Dayas
Mounoune et Antoine
Bokoro Alo'o. L'on
signale d'ailleurs leur
passage à la Pj au cours
des derniers jours. Sur
cette même lancée,
l'entourage de Laurent
Esso veut comprendre
l'implication du
directeur général de la
Maetur dans les
démarches des
"journalistes"
interpellés. Pour
démêler l'écheveau,
Emmanuel Etoundi Oyono et
son garde du corps
viennent d'être entendus
par la police judiciaire
à Yaoundé. Mais rien
n'a filtré de leurs
auditions.
Dans son communiqué de
presse signé le 24
février dernier,
Henriette Ekwe relaté
avec force détail le
calvaire vécu par son
collaborateur Hervé
Nko'o et ses camarades en
des termes
particulièrement
émouvants :
"cellules sans
ouvertures extérieures,
éclairées en permanence
par de gros projecteurs
pour priver les
suppliciés de sommeil,
troubles de sommeil par
le bruit constant
d'écoulement d'eau ;
passages et séjours dans
des cellules anormalement
froides alors que les
détenus sont
entièrement nus ;
interdiction de toilettes
pour uriner. Il faut le
faire sur place lorsqu'il
vous en vient l'envie ;
sommeil interrompu la
nuit pour la chambre de
tortures où l'on
"traite" les
détenus jusqu'au petit
matin ; application de
coups de barres de fer à
béton de 10 sur la
plante des pieds
entraînant blessures et
ecchymoses, puis les
bourreaux passent un
chalumeau allumé à
quelques centimètres des
blessures pour en raviver
la douleur, puis on fait
sautiller le supplicié
sur du gravier en le
forçant à chanter ;
balançoire : ligoté
comme une bête prête à
rôtir, on fait tourner
la barre de fer tandis
que des coups pleuvent
sur le dos des
suppliciés. Des coups
assénés au choix, avec
des tuyaux en caoutchouc,
des chaînes ou du fer à
béton de 10 ; supplice
du fût d'eau, où l'on
plonge la tête des
victimes dans l'eau
jusqu'à la limite de la
noyade ; séances de
torture"
supplémentaires
"infligées aux
journalistes lorsqu'ils
refusent d'ingurgiter des
urines macérées depuis
des semaines dans des
seaux"
Bruit d'argent et
de pétrole
A l'origine de
l'affaire aujourd'hui
présentée comme celle
des commissions du Rio
Del Rey, un bâtiment
(bateau hôtel)
récemment mis à la
disposition du Bir Delta,
un document signé du
Sgpr, Laurent Esso en
date du 20 juin 2009. La
quintessence de la pièce
querellée laisserait
croire que Laurent Esso,
de part sa position de
secrétaire général de
la présidence de la
République, a exercé
des pressions sur
l'administrateur
directeur général de la
Société nationale des
hydrocarbures (Snh) pour
payer des commissions
d'un montant global d'un
milliard trois cent
millions de Fcfa à
Antoine Bikoro Alo'o,
Dayas Mounoune et Dooh
Collins.
Selon des sources proches
du dossier, la première
interpellation des
journalistes à la Dgre
aurait été
infructueuse, malgré la
torture à eux
administrée par leurs
bourreaux, telle qu'elle
a été révélée dans
un pathétique
communiqué de la
directrice de publication
de l'hebdomadaire Bebela,
Henriette Ekwe.
L'enquête ouverte
n'aurait pas permis de
mettre la main sur le
concepteur du document
qualifié de faux par le
Sgpr et son entourage.
Les présumés
bénéficiaires de
l'enveloppe supposée
débloquée laissent
également croire que
ledit document n'a jamais
existé auparavant. Pour
soutenir leur propos, ils
mettent en cause les
règles de rédaction
administrative. Certains
n'hésitant pas à
affirmer que le cachet
portant le sceau de
l'Etat est un faux ? lui
aussi.
Acquis selon Snh info à
17 milliards de Fcfa à
la Turquie, le Rio Del
Rey, De son nom de
baptême, est un bateau
hôtel qui tient sa
dénomination au bassin
sédimentaire d'où est
tiré l'essentiel de la
production pétrolière
du Cameroun. A la faveur
de l'insécurité
galopante tout le long de
la frontière maritime du
Cameroun, le Rio Del Rey,
à l'origine, était
prévu pour venir en
appui logistique aux
compagnies pétrolières
opérant dans le domaine
maritime minier du pays.
Bâtiment de 70m de long
sur 20 de large, il
dispose d'un tirant d'eau
de 2,30m. D'une capacité
de 150 lits, il comprend
quatre niveaux avec une
aire d'atterrissage pour
hélicoptère
(l'hélideck).
Source : Mutation du
11mars 2010.
Jean-Paul
Marius OWONA FOUDA
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