|
-
LIBRE
ANALYSE DE LA FORTE
PRESENCE CHINOISE EN
AFRIQUE - 13 mars
2008
LE CONSTAT: L'activité
Chinoise fait floresce en
Afrique !
Depuis l'exploitation des
réserves de mines de
cuivre de Chambezi en
Zambie jusqu'aux champs
pétrolifères soudanais
en passant par la
production sucrière en
Sierra Leone et
l'exploitation des fermes
zimbabwéennes, presque
partout en Afrique, la
présence chinoise se
fait sentir et se fait
voir.
Aujourd'hui, presque
chaque pays africain
témoigne d'une présence
chinoise croissante.
Cette présence chinoise
ne date pas d'hier, même
si elle s'est accrue tout
récemment. La présence
chinoise en Afrique s'est
manifestée depuis les
années 60 par l'offre de
diverses compétences
techniques aux pays
africains (dans le
domaine agricole
surtout). La récente
influence chinoise en
Afrique a été promue
par le premier Forum de
Coopération
Sino-africaine qui a eu
lieu à Beijing en 2000 ;
le but de ce forum étant
de promouvoir les
relations diplomatiques,
le commerce et
l'investissement entre la
Chine et les pays
africains. Depuis lors,
le commerce sino-africain
n'a cessé de croître.
D'où vient ce regain
d'intérêt croissant
pour l'Afrique? Que
représente l'Afrique
pour la Chine
aujourd'hui?
Ce que vaut l'Afrique
pour la Chine
Le Gouvernement chinois
encourage les entreprises
chinoises,
particulièrement les
PME, à augmenter leurs
investissements en
Afrique. En effet,
l'Afrique revêt une
importance capitale pour
les investisseurs
chinois.
L'Afrique renferme des
ressources naturelles
abondantes. C'est d'abord
une source clé de
matières premières,
surtout de pétrole brut
dont la Chine est
actuellement le deuxième
plus grand consommateur
avec plus de 25 % de ses
importations de pétrole
venant du Soudan et du
Golfe de Guinée.
L'Afrique, c'est aussi un
créneau pour les
produits chinois à
faible coût de
production. L'Afrique
offre également à la
Chine la possibilité
d'investir dans les
infrastructures telles
que les centrales
hydro-électriques, les
oléoducs et les usines.
La Chine convoite
également en Afrique
bien d'autres créneaux
potentiels où l'Occident
se laisse dissuader par
les préoccupations
politiques telles que les
sanctions ou
l'instabilité. En clair,
le fait que la Chine soit
peu ou pas du tout
soucieuse de l'impact que
pourrait avoir son
association avec des
régimes répressifs et
corrompus sur sa
réputation fait d'elle
une collaboratrice
attirante aux yeux de
certains régimes. Aussi,
l'absence de toute
concurrence de avec les
multinationales
occidentales dans
certains pays jugés
corrompus et non soucieux
du respect des droits
humains profite à la
Chine et lui offre la
possibilité d'y faire
plus de recettes.
La stratégie chinoise de
pénétration du marché
africain diffère de
celle des ex-pouvoirs
coloniaux en bien de
points si bien que la
Chine est loin d'être
soupçonnée de couver
des ambitions
impérialistes.
Stratégies de
pénétration du marché
africain
Dans son opération de
charme en vue de la
pénétration du marché
africain, la Chine
propose aux pays
africains, en plus du
support technique, une
aide financière, des
prêts à des taux
d'intérêt bas,
renouvelables ou
annulables. C'est
d'ailleurs la
disponibilité du prêt
chinois qui a permis à
l'Angola de résister à
la pression exercée par
le FMI et les pays
occidentaux pour que ce
pays, considéré comme
l'un des pays les plus
corrompus au monde,
améliore la transparence
de son secteur pétrolier
et qu'il mette en place
des reformes dans ledit
secteur et dans plusieurs
autres secteurs. Bien
plus, la capacité de la
Chine à présenter aux
pays africains une offre
dépourvue de toute
conditionnalité extra
commerciale, comme le
respect des droits
humains, le respect de la
liberté de presse, la
convention contre la
corruption, fait d'elle
un source alternative
d'investissements et
d'aide inconditionnelle.
Ainsi, la Chine est
perçue par beaucoup de
gouvernements africains
comme une alternative aux
pays du G8, parce qu'avec
la Chine, ils n'ont
guère à se soucier de
la bonne gouvernance. La
Chine, bien plus, a
déclaré son respect du
principe de la
souveraineté nationale
des pays Africains et la
non interférence dans
leurs affaires internes.
La coopération
sino-africaine présente
indéniablement des
avantages pour les deux
parties, mais elle semble
être, à y voir de
près, la
répétition-type des
relations commerciales
établies par
l'impérialisme européen
; la répétition de la
vieille histoire du
commerce africain avec
l'Europe. On peut oser
affirmer alors, sans
risque de se tromper, que
l'avenir demeure une
défi pour l'Afrique.
L'Avenir : un challenge
permanent pour l'Afrique
Le commerce sino-africain
présente des
caractéristiques
semblables au commerce
que l'Europe a entretenu
des décennies durant
avec l'Afrique. L'Afrique
exporte des matières
premières vers la Chine
qui en retour
approvisionne le marché
africain en biens
manufacturés. Résultat
prévisible : une balance
commerciale négative
pour l'Afrique !
L'Afrique exporte des
matières premières vers
la Chine et importe des
produits chinois à
faible coût de
production qui se vendent
moins cher et rivalisent
avec les industries et
les entreprises locales.
Ainsi, l'industrie locale
se trouve dans une
position défavorable à
cause de la croissance
des exportations
chinoises vers l'Europe
et les Etats-Unis. Cette
situation détruit tout
espoir pour l'Afrique de
pénétrer les marchés
européens et étasuniens
et encore l'espoir de
voir prospérer les
industries et les
entreprises africaines au
niveau local.
Les exemples qui
illustrent combien de
fois les entreprises
africaines végètent
dans les profondeurs
abyssales de la galère
à cause de la forte
présence chinoise sur le
marché domestique
africain sont légion. Le
cas du textile en est un
parmi bien d'autres. A
l'expiration de l'Accord
Multifibre (MFA) en
Janvier 2005, les
exportations chinoises
vers les Etats-Unis son
monté en flèche et les
exportateurs africains se
sont rendus compte qu'ils
ne pouvaient pas leur
faire concurrence.
Plus de dix (10) usines
textile au Lesotho ont
fermé en 2005 et dix
mille (10.000) employés
au moins se sont
retrouvés au chômage.
En Octobre 2005, des
syndicalistes
représentant les
industries de vêtements,
de textiles, de
chaussures et de cuir de
plusieurs pays - Le
Ghana, le Kenya, le
Malawi, Madagascar, l'Ile
Maurice, la Namibie, la
Tanzanie, le Nigeria, le
Lesotho, le Swaziland, la
Zambie, le Zimbabwe et
l'Afrique du Sud- se sont
réunis au Cap dans le
but de discuter des
effets de l'expiration de
l'Accord Multifibre
(MAFA).
Les conclusions de cette
réunion montrent que le
continent africain a
perdu plus de 250.000
emplois puisque les
marchés domestiques
africains avaient été
inondés de produits
textiles à faible coût
de production ainsi que
l'importation de
vêtements en provenance
de la Chine.
Il serait injuste et peu
réaliste de suggérer
que la forte présence
chinoise ne fasse naître
que des problèmes en
Afrique. L'Afrique
devrait apprendre de la
Chine ; elle pourrait
tirer de sa présence une
expérience profitable.
Les gouvernements
africains devraient
pouvoir soulever devant
le comité responsable
des conflits de
l'Organisation Mondiale
du Commerce les pratiques
de dumping de la Chine et
mettre en place des
mesures qui limiteraient
l'invasion chinoise du
marché domestique
africain, comme l'ont
fait les Etats-Unis et
l'Europe pour les
marchés étasuniens et
européens. Aussi,
devraient-ils promouvoir
dans toute affaire de
commerce et
d'investissements
l'intérêt des
consommateurs et
l'économie au niveau
local. Par ailleurs, la
société civile
africaine devrait pouvoir
exercer une pression sur
les gouvernements
africains dans une
tentative de renforcer au
moins quelques uns des
droits humains et un
minimum de bonnes
pratiques
environnementales liées
à la démarche et à la
présence chinoise sur le
continent africain.
Marius SELAY K.
|
LES
PAGES "INFO" vous
proposent les meilleurs
sites de leurs
catégories ! |
|
|
|