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- De notre
correspondant Marc
CHARTIER
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- Energies
renouvelables : y'a plus qu'à... -
5 mai 2005
Déambuler quelques heures, voire
davantage, dans les allées dun
salon tel que celui des énergies
renouvelables (Lyon, 27-30 avril 2005) ne
peut quengendrer loptimisme.
À lheure où notre bonne vieille
planète est en danger dasphyxie,
lunivers de la construction est en
pleine effervescence. De partout arrivent
des solutions techniques aux besoins
exprimés par les convertis de plus ou
moins longue date aux bienfaits de
lécologie. Face au phénomène
gravissime de la pourriture de notre
environnement et à lépuisement à
court ou moyen terme des gisements de
combustibles fossiles (pétrole, gaz,
charbon), les fabricants et les
installateurs ne sont pas restés les
bras croisés. Même ceux que lon
nattendait pas a priori sur ce
marché, pour cause de passé très actif
dans la commercialisation des énergies
les plus polluantes qui soient, ont senti
doù venait le vent : ils se sont
engagés dans la recherche et figurent
désormais - ironie de lhistoire -
au rang des apôtres de la construction
saine.
Il y avait en effet du beau monde à Lyon
en avril dernier. Des organismes
officiels (Fédération française du
Bâtiment, Agence de lEnvironnement
et de la Maîtrise de lEnergie -
ADEME, Office national des Forêts,
Syndicat des énergies renouvelables) au
géo-trouve-tout toujours en avance
dun nouveau procédé ou dune
nouvelle astuce, les différentes
filières de lénergie renouvelable
tenaient salon : la biomasse,
lhydraulique, léolien, la
géothermie, le solaire thermique et le
solaire photovoltaïque.
Le ban et larrière-ban avaient
tenu à sassocier à cette
célébration de lécologie où les
innovations occupèrent le devant de la
scène. Il est bien entendu hors de
question de les énumérer toutes (on
peut les retrouver, ainsi que la liste
exhaustive des exposants, sur le site
www.salon-eneo.com/2005/).
En réponse à cet arsenal dûment
concocté par la technologie, les
installateurs singénient à être
eux aussi au top du savoir-faire.
LUnion climatique de France,
affiliée à la Fédération française
du Bâtiment, est investie dun
rôle de formation et dinformation
auprès de ses 5 500 entreprises
adhérentes. Jean Rougnon, président de
lUnion, laffirme avec
conviction : face à la future Loi
dorientation sur lénergie et
à louverture des marchés du gaz
et de lélectricité en France,
"nos métiers doivent évoluer. En
ce qui concerne leffet de serre,
les performances énergétiques et les
certificats déconomie
dénergie, nos entreprises doivent
participer à leffort collectif et
en récolter aussi les fruits."
Belle et réaliste résolution ! Encore
faut-il quelle puisse être
étayée par un accompagnement
réglementaire et des appuis financiers.
Côté réglementation et directives, la
signature du protocole de Kyoto a
déclenché une accumulation de textes
tous plus généreux les uns que les
autres : Plan national de lutte contre le
changement climatique, Programme national
damélioration de
lefficacité énergétique, Livre
blanc européen sur les énergies
renouvelables (1997), Livre vert sur
lindépendance énergétique de
lEurope, Loi sur
lélectricité du 10 février 2000,
Directive européenne de septembre 2001
sur lélectricité dorigine
renouvelable (fixant à la France
lobjectif de sapprovisionner
pour 21 % de sa consommation
délectricité à partir
dénergies renouvelables), projet
de directive sur les biocarburants, Plan
bois-énergie et Plan soleil engagés par
lADEME, Loi dorientation sur
lénergie qui fera suite au Plan
climat de 2004 et donnera notamment le
jour à la réglementation thermique RT
2005 (exigence de performance plus
élevée de 15 % par rapport à la RT
2000). Cette dernière loi (rebaptisée
depuis début mai 2005 "Loi de
programme fixant les orientations de la
politique énergétique") devait
comporter une nouvelle réglementation
sur léolien qui était loin de
faire lunanimité dans la mesure
où elle portait de 12 à 2O MW le seuil
fixé aux parcs éoliens pour pouvoir
bénéficier de lobligation
dachat par EDF de leur production
électrique. Qualifié
d"éolicide" par les
opposants au projet, cet amendement a
finalement été rejeté par les
sénateurs pour laisser toute latitude de
décision aux communes pour le
développement de léolien.
Au coeur de cet arsenal réglementaire,
avec un ancrage sur le terrain
opérationnel, lADEME joue un rôle
primordial dans le développement du
recours aux énergies renouvelables. Cet
organisme sest vu fixer comme
objectifs prioritaires la promotion des
projets énergies renouvelables de
manière générale, un soutien aux
collectivités et entreprises pour le
montage de projets éligibles aux
certificats déconomie
dénergie, laide à la
réalisation dopérations
exemplaires dans le domaine du
photovoltaïque, la recherche et le
développement sur les matériaux et
systèmes photovoltaïques ainsi que sur
la géothermie profonde, le
développement des biocarburants
dorigine lignocellulosique,
limplantation de sites éoliens
"dans les meilleures
conditions", un redéploiement du
soutien financier et de lexpertise
pour lutilisation du bois et du
solaire thermique dans lhabitat
collectif, lindustrie et le
tertiaire.
Une autre fonction de lADEME a
finalement une incidence directe sur le
bénéfice que les particuliers peuvent
tirer dune implantation énergies
renouvelables : laccompagnement du
dispositif du crédit dimpôt lié
à cette implantation. La loi de finances
2005 a en effet instauré des mesures
fiscales pouvant représenter une forte
incitation à lutilisation des
énergies renouvelables. Pour les
habitations principales achevées depuis
plus de deux ans, le crédit
dimpôt est de 15 % pour les
chaudières à basse température
individuelles et collectives et de 25 %
pour les chaudières à condensation.
Pour ces mêmes habitations, le taux est
de 25 % pour les matériaux
disolation thermique (y compris les
vitrages et volets isolants) et les
appareils de régulation de chauffage
(thermostats dambiance, robinets
thermostatiques). Pour les équipements
de production dénergie utilisant
une source dénergie renouvelable
(dont le solaire photovoltaïque) ou des
pompes à chaleur pour les habitations
principales neuves ou anciennes, le taux
atteint 40 %.
Certes, les grands principes du
développement des énergies
renouvelables sont clairs et communément
admis :
"Lavenir énergétique est
probablement lun des trois défis
majeurs de ce siècle, avec celui de la
gestion de leau et celui des
ressources alimentaires." (document
ADEME)
"Les émissions de CO², de
particules et de gaz polluants sont
directement liées à notre consommation
dénergie. Ces émissions nuisent
à la qualité de lair et
entraînent laccroissement de
leffet de serre. La planète se
réchauffe, provoquant des dérèglements
climatiques. En adoptant quelques
réflexes simples ou en utilisant des
équipements et des produits adaptés,
vous contribuez chaque jour à réduire
ces émissions tout en diminuant vos
dépenses énergétiques" (document
ADEME)
Des passerelles apparaissent
aujourdhui comme indispensables
pour relier les beaux et généreux
principes à la réalité quotidienne.
Telle est, entre autres, la nouvelle
mission que lUnion climatique de
France a définie pour ses entreprises
adhérentes. Nen doutons pas ! Les
pros du Bâtiment seront à la hauteur.
Des organismes-relais sont par ailleurs
nécessaires pour informer,
éventuellement former et soutenir
financièrement les consommateurs
(dénergie). Doù le rôle
essentiel de lADEME et des
associations de défense de
lenvironnement.
Mais avant tout et pour clore ce bref
survol dun sujet vaste comme le
monde en péril, sans doute faut-il
souligner que la foi ne suffit pas ici à
soulever les montagnes de
limmobilisme, mais quelle a
besoin de sincarner dans des gestes
citoyens, responsables et solidaires.
Vaste programme en effet !
Marc
CHARTIER
http://mchartier.site.voila.fr/
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n° 3
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