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- De notre
correspondant Marc
CHARTIER
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Termites :
attention, danger ! - 12
août 2005
Dans de nombreux départements français,
dans certains arrondissements de Paris,
d'inquiétantes colonies de bestioles
xylophages se jouent de notre
inadvertance.
Entre autres ennemis de notre confort et
de notre tranquillité, les termites sont
à nos portes, voire déjà dans les
entrailles de nos chaleureuses demeures,
à la recherche de leur pitance
quotidienne. Il est plus que temps de
s'en préoccuper. Mais les bâtisseurs
veillent. Ils ont même le secret de la
contre-attaque.
Les méfaits des termites ne datent pas
d'hier, ni d'avant-hier. Ils faisaient
déjà la une de l'actualité au début
du XIXe siècle, notamment en
Charente-Maritime. Envoyé sur place en
mission d'inspection, le naturaliste Jean
Louis Armand de Quatrefages de Bréau
(1810-1892) vit dans l'escalier de la
préfecture de La Rochelle "une
poutre de chêne dans laquelle un
employé, faisant un faux pas, avait
enfoncé la main jusqu'au-dessus du
poignet, et dont l'intérieur,
entièrement formé de cellules
abandonnées, s'égrenait avec un
grattoir, la couche laissée intacte
n'étant guère plus épaisse qu'une
feuille de papier".
Insectes dont l'existence précéderait
de quelque cent millions d'années
l'apparition de l'homme sur la Terre, les
termites auraient attendu le milieu du
XVIIIe siècle pour entreprendre la
découverte de notre pays. Quoi qu'il en
soit, ils semblent vouloir aujourd'hui
rattraper le temps perdu en se lançant
à la conquête de notre territoire, de
nos arbres, des charpentes, des
menuiseries et meubles de nos maisons,
des livres de nos bibliothèques.
D'abord conquis par les charmes de La
Rochelle et de Bordeaux, ils ont ensuite
suivi la route toute tracée par
l'importation de bois exotiques non
traités. Chemin faisant, ils se sont
accoutumés aux conditions climatiques
d'autres régions et ont proliféré
très rapidement, encouragés par les
échanges commerciaux, le transport de
bois, l'amélioration de l'habitat,
l'amplification de l'urbanisation, la
généralisation du chauffage central,
l'enfouissement des réseaux.
Même si, sur les quelque deux mille
espèces de termites recensées dans le
monde, seules six sévissent dans nos
contrées, on n'est pas plus rassuré
pour autant. Qu'ils s'appellent termites
de Saintonge ou termites lucifuges des
Landes, ces insectes font les mêmes
dégâts considérables dans les
constructions. Ils n'agissent pas à
découvert, mais dans l'ombre et le
silence de l'anonymat, poussant même la
sournoiserie jusqu'à miner les boiseries
sans s'attaquer aux parois extérieures :
les pièces porteuses (escaliers,
balcons, planchers, charpentes) d'une
maison peuvent s'effondrer soudainement,
sans le moindre préavis. Ni vu ni connu,
telle est bien la devise, ou plutôt la
pernicieuse manoeuvre des termites.
Les termites qui sévissent dans nos
constructions sont souterrains.
Contrairement aux autres
xylophages(capricornes, lyctus,
vrillettes), ils sont organisés en
société, comme les fourmis ou les
abeilles. Ils circulent à l'abri de la
lumière, déposant sur les parois des
galeries des odeurs particulières
(phéromones de piste ou d'alarme)
indiquant les zones de repos, de stockage
des oeufs, de sortie, d'entreposage des
déjections. Ce "langage" leur
permet de communiquer, de se reconnaître
et d'avertir la colonie sur l'imminence
d'un danger.
Ils creusent leurs galeries dans le sol
ou des matériaux tendres tels que le
bois, les matières plastiques, le
plâtre ou le polystyrène. Pour
s'immiscer dans nos maisons et y trouver
la cellulose nécessaire à leur
métabolisme, tous les moyens sont bons.
Ils trouvent leur chemin en utilisant les
joints d'étanchéité ou de dilatation,
les fissures dans les maçonneries, les
vides sanitaires, les canalisations, les
gaines électriques ou même d'anciens
trous d'autres insectes xylophages. Sur
les matériaux trop durs pour être
creusés (béton, ciment, pierre), ils
construisent un réseau de cordonnets en
utilisant un mélange de bois, de terre,
d'excréments et de salive. Au cours de
leur recherche de nourriture, ils peuvent
même dégrader des matériaux dont ils
ne s'alimenteront pas pour autant :
plâtre, matières plastiques...
Conditions premières à leurs méfaits :
la possibilité d'un approvisionnement en
eau, aussi infime soit-il, et une chaleur
ambiante plutôt douillette (le chauffage
central de nos maisons ou appartements
est idéal !).
Globalement, la tactique mise en oeuvre
pour lutter contre les méfaits des
termites tient en trois phases
principales : le diagnostic, le
traitement préventif et le traitement
curatif.
Les cordonnets, généralement verticaux,
sont des indices permettant de déceler
la présence de termites. On les
recherchera en tout premier lieu dans les
sous-sols où le matériau de
construction est à l'état brut.
Dans les étages, le termite préfère
circuler dans les plâtres des plafonds
et des murs non tapissés où l'on
observera des trous de 2 mm environ
servant de cheminées d'aération.
Dans les bois, l'inspection sera
également visuelle, complétée par des
sondages à l'aide d'un poinçon ou d'un
détecteur d'émissions acoustiques. De
nouveaux outils de détection comme les
chiens renifleurs et les détecteurs
électroniques d'odeurs sont communément
utilisés aux États-Unis et au Japon,
mais pas encore dans notre pays.
Quant aux traitements, qu'ils soient
préventifs (pour limiter ou interdire
l'intrusion des insectes dans un
bâtiment) ou curatifs (lorsque les
insectes sont déjà à l'oeuvre), ils
doivent répondre à la double exigence
de l'efficacité et du respect de
l'environnement. Les produits utilisés
font l'objet de nombreuses recherches de
la part des laboratoires et l'on en voit
apparaître régulièrement de nouveaux
sur le marché. Ils sont appliqués selon
diverses techniques : barrières
insecticides situées au niveau du sol
extérieur, dans les murs périphériques
ou de refend ainsi que dans toutes
menuiseries et structures en bois ;
barrières physico- chimiques
constituées de films en polyéthylène
de haute résistance, imprégnés d'une
matière active insecticide ; pièges
insecticides visant directement les
insectes pour éliminer les colonies ou
les termitières...
Nargués par des insectes sournois et
ravageurs, les bâtisseurs sont prêts à
en découdre. Pour défendre
l'intégrité de maisons et demeures
qu'ils s'ingénient quotidiennement à
édifier, ils sauront, une fois encore,
relever le défi de la compétence.
Pour plus dinformations : http://www.termite.com.fr/ http://www.termites-info.com/
Marc
CHARTIER
http://mchartier.site.voila.fr/
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n° 3
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