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- De notre
correspondant Marc
CHARTIER
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Métiers dhier - 15
octobre 2005
Par quelle ingratitude de lhistoire
seraient-ils condamnés à loubli,
ces métiers dantan qui étaient
ancrés au coeur de nos villes ou
villages et qui, aujourdhui, ne
servent plus à la rigueur quà
illustrer quelques cartes postales
écornées et jaunies par le temps ? Qui
se souvient encore de laboyeur de
théâtre, du chasse-marée, du crieur de
peaux de lapin, du montreur danimaux,
du loueur de parapluies, de la porteuse
de pain ou même de larracheur de
dents ?
Passionnés de traditions et darts
qualifiés de « populaires », Laurence
Berrouet et Gilles Laurendon ont
patiemment feuilleté les pages dun
passé à tout jamais évanoui, dans le
Paris dhier et davant-hier,
pour ressusciter sous nos yeux linsolite
et le pittoresque sans doute, mais aussi
ces petits boulots de crève-la-faim ou
autres besogneux de tous ordres. Dressant
le portrait des loueurs denfants,
des fouette-culs, des ramasseurs de
crottes et des loueuses de sangsues, ils
nous rappellent ou nous font découvrir
une « face du monde » qui na,
certes, rien de romanesque et dont « il
serait honteux de ne pas se souvenir ».
Leur inventaire nen retrouve pas
moins, sinon la fierté, du moins la
saveur du quotidien avec laccumulation
de tant de savoir-faire artisanaux pour
la plupart disparus au cours de la
première moitié du XXe siècle. De la
marchande darlequins ou du
barbier-chirurgien au professeur de cris
ou à la marchande des quatre-saisons, la
liste est longue de ces professions,
parfois inventées sur le tas, qui
répondaient aux nécessités du temps
jadis.
Nul doute que les bâtisseurs daujourdhui
retrouveront avec plaisir les traces de
certains de leurs ancêtres : le huchier
(qui se transformera plus tard en
menuisier-ébéniste), lallumeur de
réverbères, le charbonnier, le
chaudronnier, le dominotier (spécialiste
du papier peint), le flotteur de bois, le
fondeur de cloches, le paveur et le
ramoneur.
Sans état dâme, les auteurs de
cet ouvrage ne cultivent pas un
passéisme stérile. Parfois, lavouent-ils,
la vérité « pique les yeux ». Mais
ils nous invitent surtout à une
promenade « littéraire et anecdotique
», à un regard admiratif « devant limagination
de tous ces rois du pavé qui
inventèrent les métiers les plus
farfelus pour survivre ».
(Gilles Laurendon, Laurence Berrouet, «
Métiers oubliés de Paris - Dictionnaire
littéraire et anecdotique »,
Parigramme, 2005, 200 pages)
Marc
CHARTIER
http://surlaroutedesbatisseurs.hautetfort.com/
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