|
L'eau
sera la première cause
des guerres du 21e
siècle - 13 avril
2009
Les difficultés d'accès
à l'eau génèrent des
conflits qui vont se
multiplier avec
l'augmentation de la
population et le
réchauffement. La
Coordination suisse
«L'eau comme bien
public» plante le décor
en marge du Forum mondial
qui s'ouvre ce 16 mars
2009 à Istanbul.
«L'eau a joué un rôle
déterminant dans 37
guerres ces 60 dernières
années. D'ici à 2025,
les deux tiers de la
population mondiale
manqueront d'eau. Il y a
donc fort à parier que
les conflits du 21e
siècle porteront sur les
matières premières, à
commencer par l'eau qui
va se raréfier
partout.»
Ce constat est dressé
par Bruno Riesen, chef de
campagne d'Amnesty
International Suisse et
membre de la Coordination
«L'eau comme bien
public», lors d'un
récent symposium qui a
réuni quelque 120
spécialistes à Berne.
La Suisse trop gâtée?
L'eau va provoquer des
conflits locaux,
régionaux et
internationaux. Et la
Suisse? Elle est parfois
frappée par des
accidents climatiques
comme la sécheresse de
2003, mais c'est plutôt
l'abondance d'eau qui
fait souci.
«Depuis deux cents ans,
on a construit des digues
et on se retrouve avec un
problème de
biodiversité et de
sécurité. Comme il faut
redonner plus d'espace
aux rivières pour les
grandes crues, cela cause
des conflits avec les
agriculteurs», explique
Bernhard Wehrli,
professeur de chimie
aquatique à l'Ecole
polytechnique fédérale
de Zurich.
Il y a ici le
savoir-faire, les moyens
et la volonté politique.
Mais, pour réaliser les
objectifs du Millénaire
de l'ONU pour le
développement, la
discussion se heurte aux
buts souvent
contradictoires de la
protection de
l'environnement, de
l'agriculture et des
besoins en énergie de ce
pays.
«En tant que château
d'eau, la Suisse a des
responsabilités face à
ses voisins et doit
formuler des visions
d'avenir». Bernhard
Wehrli déplore les
lourdeurs du système
consultatif et
fédéraliste de la
Confédération et de ses
«26 philosophies
cantonales».
De son côté, la
représentante du
Ministère des Affaires
étrangères, Natalie
Erard, rappelle que l'eau
est un thème politique
important et que «la
Suisse s'attache à la
promotion de la paix,
notamment par le biais de
crédits-cadre». Elle
s'engage pour que le
droit à l'eau potable et
à l'assainissement de
l'eau figure parmi les
droits humains.
L'eau, un droit humain
La Confédération a du
reste soutenu la
proposition de
l'Allemagne de créer un
poste d'expert
indépendant au Conseil
des droits de l'homme de
l'ONU.
Cet expert, c'est
Catarina de Albuquerque.
«Mon travail consiste à
inscrire l'accès à
l'eau potable et à
l'assainissement sur
l'agenda politique de
l'ONU dans le but d'en
faire un droit de
l'homme. Il faut obliger
les Etats à se
préoccuper de ces
questions», explique
cette avocate portugaise.
Et pourtant, ce mandat
d'expert a été durement
négocié entre divers
pays, au point que
Catarina de Albuquerque
n'est pas autorisée à
plancher sur les conflits
transfrontaliers, alors
qu'on recense plus de 260
régions fluviales et
maritimes
transfrontalières sur
cette planète...
«Mon mandat est limité,
reconnaît-elle. Mais les
Etats ont déjà
certaines obligations en
matière de droit à
l'eau, c'est un premier
pas. D'autre part, je
vais m'attacher à
relever les pratiques sur
le terrain. Dans les pays
où il y a des
problèmes, il y a aussi
des solutions.»
Et de citer le Costa
Rica, qui tente de
pallier le problème de
la pollution des eaux par
les pesticides en créant
des plantations d'ananas
écologiques. Ou
l'Afrique du Sud, où la
Cour suprême a interdit
un système d'accès à
l'eau à prépaiement.
Le conflit du
Proche-Orient
Fadia Daibes Murad,
responsable du programme
de DanChurchAid au
Proche-Orient
(Jérusalem), est venue
rappeler à quel point
l'eau est problématique
dans cette région
meurtrie.
«Depuis l'occupation de
1967, Israël a pris le
contrôle du Jourdain et
de la nappe phréatique,
de sorte que les
Palestiniens se sont
retrouvés sur un
territoire fragmenté
sans accès libre à
l'eau, avec des moyens
très faibles», explique
cette experte
palestinienne.
Ajoutée à l'absence de
volonté politique, cette
violation contribue à
alimenter une crise sans
fin. Certes l'Accord
d'Oslo II reconnaît le
droit des Palestiniens à
l'eau, mais impossible de
l'appliquer, puisque
l'eau est contrôlée par
un autre Etat!
«Israël propose la
désalinisation,
l'assainissement ou
l'importation. Mais tout
cela coûte trop cher»,
poursuit Fadia Murad.
Laquelle travaille
plutôt à ce qu'elle
appelle «une marche en
avant» : l'élaboration
d'une plate-forme
palestino-israélienne
pour élaborer une vision
commune et des moyens
alternatifs pour, par
exemple, échanger des
expertises et des moyens
contre de l'eau potable.
La priorité, c'est les
banques, pas les pauvres
De manière générale,
les perspectives sont
minces et le problème
est global, conclut Bruno
Riesen. «En 2025, on
n'atteindra que la
moitié des Objectifs de
l'ONU. Et la crise
financière fait que la
priorité, c'est de
sauver les banques, pas
les pauvres. Ou alors,
comme en Suisse, le
débat est monopolisé
par la pénurie
énergétique qui
s'annonce.»
De son côté, Bernhard
Wehrli est réaliste.
«Notre institut essaie
de trouver des solutions
concrètes. Nous avons
inventé un système de
purification d'eau avec
des bouteilles en
plastique. C'est une
innovation bon marché et
qui fonctionne. Mais
c'est vrai que, pour
appliquer un tel projet,
il faut des millions de
dollars.»
Source : Swissinfo,
Isabelle Eichenberger
Chafik LAMRABAT
|
LES
PAGES "INFO" vous
proposent les meilleurs
sites de leurs
catégories ! |
|
|
|