Discours de
François Hollande au meeting du Bourget
Dimanche 22 janvier
2012
Seul le prononcé fait foi.
Mes chers amis, vous qui êtes ici, vous
qui me regardez de loin, de plus loin
même, je suis venu vous parler de la
France, et donc de la République. Je
suis venu vous parler de la France qui
souffre, mais aussi de la France qui
espère. Je suis venu vous parler de la
France daujourd'hui une page
est en train de seffacer et
de la France de demain nous sommes
en train de lécrire. Je suis venu
vous parler de la France que nous allons
construire le 6 mai. Je le fais ici en
Seine-Saint-Denis, ce département aux
multiples couleurs, le plus jeune de
France, qui accumule tant de
difficultés, et qui en même temps
recèle tant datouts.
Chacune, chacun, ici, plus loin, en
métropole, en Outre-mer a son histoire,
ses racines, son parcours, ses
préférences, sa singularité. Mais nous
appartenons à la même Nation, avec ses
valeurs, ses principes, sa culture, sa
langue, ses institutions et nous aspirons
donc au même avenir. Lenjeu de
cette campagne qui commence, nallez
pas le chercher dans un affrontement
partisan. Lenjeu de cette campagne
va bien au-delà de nous, de la Gauche.
Lenjeu de cette campagne, à trois
mois du premier tour, cest la
France. Cest la France, toujours.
Devant vous rassemblés, foule nombreuse,
des milliers, je ressens une profonde
émotion, celle dexprimer votre
conviction, votre volonté, votre
espérance. Je mesure la fierté
davoir été désigné par des
primaires citoyennes comme candidat à
lélection présidentielle.
Jai conscience de la tâche qui est
la mienne : incarner le changement, faire
gagner la Gauche et redonner confiance à
la France.
Nous sommes ici, mes chers amis, pour
changer le destin de notre pays. Je suis
prêt à assumer cette responsabilité et
donc à vous dire quelle est ma
conception de la présidence de la
République, et ce qui justifie que je me
présente aujourd'hui. Quelle est la plus
grande mission que de présider la
République française ?
Présider la République, cest se
dévouer à lintérêt général,
dont toute décision doit procéder.
Cest éprouver la France par sa
raison et dans son cur. Cest
prolonger lhistoire de notre pays,
qui vient de loin, avant la République,
avec la République, et qui a souvent, si
souvent éclairé lhistoire du
monde. Cest se situer à cette
hauteur. Cest sen montrer
digne, partout, en tout lieu et dans tous
les actes quexige la fonction
présidentielle.
Présider la République, cest
préserver lEtat, sa neutralité,
son intégrité, face aux puissances
dargent, face aux clientèles, face
au communautarisme. Présider la
République, cest être
viscéralement attaché à la laïcité,
car cest une valeur qui libère et
qui protège. Et cest pourquoi
jinscrirai la loi de 1905, celle
qui sépare les Eglises de lEtat,
dans la Constitution.
Présider la République, cest
refuser que tout procède dun seul
homme, dun seul raisonnement,
dun seul parti, qui risque
dailleurs de devenir un clan.
Présider la République, cest
élargir les droits du Parlement.
Cest reconnaître les
collectivités locales dans leur
liberté. Cest engager un nouvel
acte de la décentralisation. Cest
promouvoir les partenaires sociaux.
Cest reconnaître leur rôle dans
la Constitution. Cest faire
participer les citoyens aux grands
débats qui les concernent, et le premier
sera lavenir de lénergie en
France.
Présider la République, cest
choisir les femmes, les hommes qui
gouverneront la France en respectant
leurs compétences, et dabord
celles du Premier ministre. Présider la
République, cest accepter de
partager le pouvoir de nomination aux
plus hautes fonctions. Cest aussi
ne pas nommer le président ou les
présidents des chaînes ou des radios du
service public audiovisuel et laisser
cette mission à une autorité
indépendante.
Présider la République, cest
démocratiser les institutions. Et
jintroduirai le non-cumul des
mandats pour les Parlementaires, une part
de proportionnelle à lAssemblée
nationale, la parité dans
lexercice des responsabilités et
le droit de vote des étrangers aux
élections locales, sans rien craindre
pour notre citoyenneté, pour la
cohésion du pays, en mettant de côté
les peurs, les frilosités et les
conservatismes.
Présider la République, cest
faire respecter les lois pour tous,
partout, sans faveur pour les proches,
sans faiblesse pour les puissants, en
garantissant lindépendance de la
justice, en écartant toute intervention
du pouvoir sur les affaires, en
préservant la liberté de la presse, en
protégeant ses sources
dinformation, en nutilisant
pas le renseignement ou la police à des
fins personnelles ou politiques.
Présider la République, cest
être impitoyable à légard de la
corruption. Et malheur aux élus qui y
succomberont ! Présider la République,
cest rassembler, cest
réconcilier, cest unir, sans
jamais rien perdre de la direction à
suivre. Cest écarter la
stigmatisation, la division, la
suspicion, les oppositions entre
Français, ceux qui seraient là depuis
toujours, ceux qui seraient là depuis
moins longtemps.
Présider la République, cest
élever et ne jamais abaisser. Présider
la République, cest être ferme,
ferme y compris à légard de
limmigration clandestine et de ceux
qui lexploitent. Mais cest
traiter dignement les étrangers en
situation régulière et ceux qui ont
vocation à lêtre sur la base de
critères objectifs. Cest
accueillir les étudiants étrangers qui
veulent apprendre dans notre pays pour
enrichir le leur et qui font rayonner la
France. Et aucune circulaire ne doit
empêcher de circuler les étudiants, les
savants, les artistes qui viennent ici
pour donner le meilleur
deux-mêmes.
Présider la République, cest
porter les valeurs de la France dans le
monde. Cest considérer les autres
peuples pour quils nous estiment en
retour. Cest sabstenir de
faire la leçon, y compris sur leur place
dans lhistoire. Cest ne
jamais transiger avec les fondements du
génie français, qui sont lesprit
de liberté, la défense des droits de
lhomme, lattachement à la
diversité culturelle et à la
francophonie, la belle langue de France
parlée par dautres que des
Français. Présider la République,
cest ne pas inviter les dictateurs
en grand appareil à Paris. Présider la
République, cest utiliser notre
siège au Conseil de sécurité des
Nations-Unies pour acter le départ de
ceux qui écrasent leur peuple, comme
Bachar el-Assad en Syrie. Cest
inlassablement contribuer à la paix au
Proche-Orient.
Mais Présider la République, cest
savoir aussi prendre des décisions
difficiles, pas simplement à la suite
dun drame. Je pense à nos morts en
Afghanistan, auxquels je veux rendre
hommage ici, avec émotion, avec
dignité, avec respect, comme aux
blessés qui souffrent dans leur chair.
Je pense à leurs familles dans la peine.
Je les ai écoutées. Je pense à leurs
proches qui sinterrogent. Ces
hommes assassinés faisaient leur devoir.
Leur sacrifice suscite le respect de la
Nation toute entière. Mais il faut aussi
avoir la lucidité daffirmer,
au-delà du dévouement des hommes
là-bas pour leur pays, que notre mission
est terminée. Elle avait été engagée
il y a plus de dix ans par Lionel Jospin
et Jacques Chirac dans un but précis,
qui était de répondre à lattaque
terroriste sur les Etats-Unis. Je
lavais pleinement approuvée. Et
bien aujourd'hui, cette mission est
achevée. Il est donc temps de décider
le retrait qui simpose, et je
lai décidé de longue date.
Jen assumerai donc, si les
Français men donnent mandat, toute
la responsabilité. Jen
préviendrai nos alliés et je ferai en
sorte que ce retrait se fasse en bon
ordre, sans en aucune façon menacer la
vie de nos soldats.
Présider la République enfin,
cest donner le meilleur de
soi-même, sans jamais attendre en retour
récompense ni même reconnaissance.
Cest être ambitieux pour son pays
et humble pour soi-même. Cest se
donner pleinement, entièrement à la
cause que lon a choisie, la seule
cause qui vaille : servir la France.
Présider la République, cest
mettre toute la puissance de lEtat
au service des citoyens. Cest
donner lexemple, y compris dans son
comportement et pour sa propre
rémunération. Et je ne dis pas cela par
facilité ou par commodité ou pour
plaire, mais tout simplement parce que ce
doit être un principe. Je réduirai de
30 % les indemnités du Président et des
membres du gouvernement, tout simplement
pour donner lexemple au moment où,
précisément, des efforts sont demandés
à nos concitoyens.
Présider la République, cest à
cette fonction que je me suis préparé.
Jen sais la grandeur, la dureté.
Je veux le faire en étant digne de votre
confiance et en restant fidèle à
moi-même. Tout dans ma vie ma
préparé à cette échéance : mes
engagements, mes responsabilités, mes
réussites, mes épreuves. Jai
toujours suivi la ligne que je
métais fixée.
Je suis socialiste. La Gauche, je ne
lai pas reçue en héritage. Il
ma fallu décider lucidement
daller vers elle. Jai grandi
en Normandie dans une famille plutôt
conservatrice. Mais cette famille
ma donné la liberté de choisir,
par son éducation. Je remercie mes
parents. Mon père, parce quil
avait des idées contraires aux miennes
et quil ma aidé à affirmer
mes convictions. Ma mère, parce
quelle avait lâme
généreuse et quelle ma
transmis ce quil est de plus beau :
lambition dêtre utile.
La Gauche, je lai choisie, je
lai aimée, je lai rêvée
avec François Mitterrand dans la
conquête. La Gauche, je lai
défendue fermement dans ses
réalisations : celles de 1981, celles de
1988. La Gauche, je lai servie
comme élu de la République, comme
député. La Gauche, je lai
dirigée avec Lionel Jospin, quand nous
gouvernions ensemble le pays avec honneur
et jen revendique les avancées.
Aujourd'hui, cest moi qui vous
représente. Cest moi qui porte
votre espoir. Cest moi qui porte
lobligation de gagner. Cest
moi qui vais dans ce combat vous conduire
à la victoire, celle que vous attendez
depuis trop longtemps, dix ans déjà.
Dix ans quune droite sest
installée au pouvoir et quelle a
défait ce que nous avons construit.
Chers amis, laissez-moi vous en dire
davantage. Je suis un élu de la France
rurale où les agriculteurs démontrent
lexcellence de leur travail sans en
recevoir le revenu quils méritent.
Je suis de ce Limousin, de cette Corrèze
où jai tant appris. Jai
été maire de Tulle, une ville petite
par la taille, à peine 17 000 habitants,
mais grande par lhistoire. Tulle a
été une cité de la Résistance. Elle a
souffert le martyre : 99 pendus, 200
déportés le 9 juin 1944, emportés par
la barbarie nazie. Chaque année, ce 9
juin, un cortège sébranle dans
les rues de ma ville pour rappeler la
mémoire des suppliciés. Une guirlande
est accrochée au balcon, là où un
corps sans vie se balançait lentement.
Jai leur nom dans la tête. Ce sont
mes héros. Je ne les oublierai jamais.
Ils me font avancer. Ils me rappellent à
chaque moment la belle leçon
dhumanité de ceux qui ont
sacrifié leur vie, leur vie pour notre
liberté. Ces résistants nont pas
eu de célébrité, pas de récompense,
pas de médaille. Ils ne cherchaient
rien, ils ne demandaient pas des bonus ou
des stocks-options pour leurs actions.
Ils étaient des hommes, des femmes
fiers. Ce nétait pas
lambition ou la cupidité qui les
animaient. Ceux-là ont sauvé notre
honneur parce quils croyaient
dabord dans les valeurs de la
France. Et bien cest leur lutte qui
méclaire aujourd'hui.
Je suis président dun Conseil
général, celui de la Corrèze. Un
département célèbre pour ses
personnalités politiques, mais qui est
exigeant. Celui qui réussit à obtenir
son soutien a au moins des qualités de
cur, même sil na pas
toujours raison. Rien ne ma été
donné. Ce que jai arraché, je
lai conquis et je lai fait
fructifier. Jai déclaré ma
candidature à lélection
présidentielle il y a presque un an.
Jai réussi à convaincre les
électeurs des primaires citoyennes,
quand bien peu imaginaient mon succès à
lorigine. Jai veillé, au
lendemain de cette consultation, à
rassembler tous ceux qui sy
étaient présentés, et je les salue
avec affection, comme je salue Martine
Aubry qui nous a permis de nous retrouver
tous ensemble, et Jean-Michel Baylet qui
nous apporte aussi les Radicaux de
gauche.
Chers amis, si jen suis là,
cest le fruit de cette obstination.
Le hasard ny est pour rien.
Cest un aboutissement. Vous me
connaissez, certains, depuis longtemps,
trente ans. Cest un bail qui
récompense, pour les uns et pour les
autres, une fidélité et une ténacité.
Cest vrai que je ne mexhibe
pas, je reste moi-même, cest ma
force. Ce que vous voyez ici, cest
ce que je suis. Je veux conquérir le
pouvoir, mais je ne suis pas un vorace,
je veux simplement le mettre au service
des Français. Le pouvoir, jen sais
la nécessité, lutilité, et
jen connais les dérives. Je suis
placide avec ces choses, jai fait
de lengagement ma vie entière.
Jai sacrifié beaucoup. Jai
donné, jai reçu du temps, du
travail, des coups, mais jai une
cohérence, je my tiens, je suis
constant dans mes choix. Je nai pas
besoin de changer en permanence pour
être moi-même. Jai conscience que
lEtat, pour être efficace, appelle
une direction sûre à sa tête, mais
quil ny a pas de réussite
possible si celui qui est à la tête du
pays, précisément, nassocie pas
les autres, ne mobilise pas les
intelligences, ne gagne pas le meilleur
de ce quil y a dans chacun
dentre nous, ne fait pas entendre
la voix du rassemblement, de la
réconciliation et de lapaisement.
Je naime pas les honneurs, les
protocoles et les palais. Je revendique
une simplicité qui nest pas une
retenue, mais la marque de
lauthentique autorité.
Je vais vous confier mon secret, ce
secret que jai gardé depuis
longtemps mais que vous avez sans doute
découvert : jaime les gens, quand
dautres sont fascinés par
largent. Je prends chaque regard
comme une attente, chaque visage comme
une curiosité, chaque poignée de main
comme une rencontre, chaque sourire comme
une chance.
Je connais lEtat pour en être issu
et pour lavoir servi de multiples
façons. Certains me reprochent de
navoir jamais été ministre. Quand
je vois ceux qui le sont
aujourdhui, cela me rassure ! Ce
sont les mêmes qui reprochaient en son
temps à François Mitterrand de
lavoir été onze fois ! Et dois-je
rappeler, en gardant la comparaison, que
Georges Clémenceau ne devint ministre et
président du Conseil quà 65 ans ?
Mais je nattendrai pas jusque-là,
je vous le promets ! Je sais aussi que
lHistoire peut être tragique, que
rien nest jamais acquis, que tout
ce que lon croit irréversible,
inaltérable, inattaquable peut être à
tout moment atteint en son cur. La
crise, le fanatisme, le terrorisme, sans
oublier les catastrophes naturelles :
nous ne sommes jamais en paix. Le cours
de lHumanité nest pas
tranquille. Il connaît
dinexplicables assèchements, et
parfois dimpensables débordements.
Lhomme dEtat doit se
préparer à tout, cest-à-dire au
pire, et toujours rester vigilant,
poursuivre inlassablement le combat qui
est le sien pour le progrès, pour la
dignité humaine, pour la démocratie, ne
pas se laisser détourner pas les
mouvements dhumeur, par les modes,
par les contournements de
lHistoire, tenir son cap. Je suis
un optimiste de la volonté. Je crois que
le meilleur est possible, quun
peuple réuni autour dun projet
commun construit sa propre histoire. Je
suis convaincu que les Français
attendent aujourdhui une direction
forte, un rassemblement sur
lessentiel, et surtout de la part
de celui qui doit les conduire, une
considération, un apaisement, un
respect, une confiance.
La confiance est un mot qui ne figure pas
dans les lois ou dans les règlements,
qui ne coûte rien mais qui peut
rapporter beaucoup. Elle commande
beaucoup de choses. Elle ne résout rien
par elle-même, mais elle autorise tout
si on sait la saisir. Et cest
pourquoi je veux redonner confiance aux
Français.
Deux grandes dates ont marqué ma vie
politique, lune violente, le 21
avril 2002, une blessure que je porte
encore sur moi, jen ai la trace, ce
soir terrible ou lextrême droite,
faute de vigilance et de lucidité face
à la menace, face à la dispersion, met
la Gauche hors-jeu et permet à la Droite
de sinstaller pour dix ans.
Jen ai tiré toutes les leçons.
Moi, je ne laisserai pas faire, je ne
laisserai pas les ouvriers, les
employés, aller vers une famille
politique qui na jamais rien fait
pour servir les intérêts de ces
classes-là. Je ne laisserai pas un parti
caricaturer les problèmes sans jamais
apporter la moindre solution crédible.
Je ne laisserai pas une formation
politique se présenter comme la voix du
peuple alors quelle veut simplement
se servir de lui. Je ne laisserai pas
séloigner au nom de la France des
citoyens, nos amis, qui peuvent penser
que lennemi est ici, quil a
une couleur et une religion, ce qui
serait contraire aux principes mêmes de
notre République. Je ne laisserai pas
utiliser la colère et la détresse pour
mettre en cause la République, la
construction européenne et les droits de
lhomme. Je ne laisserai pas une
formation politique réclamer le
rétablissement de la peine de mort. Je
me battrai, je me battrai jusquà
mon dernier souffle pour conjurer ce
risque et pour éviter que
lélection présidentielle soit
tronquée. Parce que ce quattendent
une grande majorité de nos concitoyens,
cest finalement le choix entre la
Gauche et le Droite, cest-à-dire
le choix le plus clair pour permettre à
notre pays de faire véritablement la
décision.
Lautre date qui reste gravée dans
ma mémoire est plus heureuse, cest
le 10 mai 1981. Javais 26 ans. Je
sais ce quelle a représenté pour
tous ceux qui avaient attenu pendant des
décennies, si longtemps donc, ce moment,
lalternance enfin, le bonheur de la
victoire. Il y a eu bien sûr
dautres succès pour la Gauche :
1988, 1997, mais ils ne pouvaient pas
avoir la même portée. Et pour autant,
je ne veux pas verser dans la nostalgie.
Lépopée de la Gauche ne peut pas
se réduire à des moments exceptionnels
: 1936, 1981. Moi, je veux installer la
Gauche dans la durée, et si je suis
candidat, cest pour renouer le fil,
pour poursuivre la marche, pour mettre en
accord la Gauche avec la France. Je veux,
amis ici et au-delà, voir votre bonheur
le 6 mai, la joie, je veux voir la joie
de la conquête, lenthousiasme de
laudace, et en même temps les
débordements de la liberté. Je veux
gagner avec vous le droit de présider la
France.
Je connais bien notre pays, je lai
parcouru, sillonné tant de fois, sans
jamais me lasser de le découvrir. Je
connais ses villes qui changent, qui
créent, qui entreprennent, ses espaces
façonnés par le travail patient de nos
agriculteurs, son espace maritime
travaillé par les pêcheurs, ses lieux
de production où lintelligence des
salariés se conjugue avec la compétence
des ingénieurs. Je nignore rien
non plus de nos villages où le silence
sest fait et où la vie sest
retirée, je nignore rien de ces
quartiers de relégation où se mêlent
la colère, le désespoir et malgré tout
le talent et la volonté de réussir.
Cest cette France que je veux avec
vous servir.
Comme vous, je connais la gravité de
lheure que nous vivons. Une crise
financière déstabilise les Etats, des
dettes publiques énormes donnent aux
marchés tous les droits. LEurope
se révèle incapable de protéger sa
monnaie de la spéculation. Notre propre
pays est confronté à un chômage record
et senfonce dans la récession
autant que dans laustérité. Le
doute sest installé. Je le mesure
chaque jour. Il se charge en défiance
envers lEurope et même envers la
démocratie. Il se transforme en
indignation devant linjustice
dun système, limpuissance
dune politique, lindécence
des nantis. Il dégénère en violence
privée, familiale, sociale, urbaine,
avec cette terrible idée qui sest
installée, qui se diffuse dans notre
conscience collective : la marche vers le
progrès se serait arrêtée, nos enfants
seraient condamnés à vivre moins bien
que nous. Eh bien, cest contre
cette idée-là que je me bats. Voilà
pourquoi je suis candidat à
lélection présidentielle. Je veux
redonner confiance aux Français dans
leur vie : la France a traversé dans son
histoire bien des épreuves, bien des
crises, des guerres, des révolutions,
elle les a toujours surmontées, toujours
en refusant labaissement, la
résiliation, le repli, jamais en
succombant au conformisme, à la peur, à
la loi du plus fort, mais en restant
fidèle aux valeurs de la République, en
allant puiser en elle-même le courage
pour accomplir les efforts, pour
défendre son modèle social, pour garder
sa fierté en redressant la tête, en
regardant lucidement le défi à
affronter, en débattant librement et en
faisant les choix qui simposent.
Il ny a jamais, je dis bien jamais,
une seule politique possible, quelle que
soit la gravité de la situation.
LHistoire nest pas
laddition de fatalités
successives, elle nous enseigne
quil y a toujours plusieurs
chemins. La voie que je vous propose,
cest le redressement dans la
justice, cest lespérance
dans la promesse républicaine.
Mais avant dévoquer mon projet, je
vais vous confier une chose. Dans cette
bataille qui sengage, je vais vous
dire qui est mon adversaire, mon
véritable adversaire. Il na pas de
nom, pas de visage, pas de parti, il ne
présentera jamais sa candidature, il ne
sera donc pas élu, et pourtant il
gouverne. Cet adversaire, cest le
monde de la finance. Sous nos yeux, en
vingt ans, la finance a pris le contrôle
de léconomie, de la société et
même de nos vies. Désormais, il est
possible en une fraction de seconde de
déplacer des sommes dargent
vertigineuses, de menacer des Etats.
Cette emprise est devenue un empire. Et
la crise qui sévit depuis le 15
septembre 2008, loin de laffaiblir,
la encore renforcée. Face à elle,
à cette finance, les promesses de
régulation, les incantations du « plus
jamais ça » sont restées lettre morte.
Les G20 se sont succédés sans résultat
tangible. En Europe, 16 sommets de la
dernière chance ont été convoqués
pour reporter au suivant la résolution
définitive du problème. Les banques,
sauvées par les Etats, mangent
désormais la main qui les a nourries.
Les agences de notation, décriées à
juste raison pour navoir rien vu de
la crise des subprimes, décident du sort
des dettes souveraines des principaux
pays, justifiant ainsi des plans de
rigueur de plus en plus douloureux. Quant
aux fonds spéculatifs, loin davoir
disparu, ils sont encore les vecteurs de
la déstabilisation qui nous vise. Ainsi,
la finance sest affranchie de toute
règle, de toute morale, de tout
contrôle.
Disant cela, je ne montre pour autant
aucune indulgence sur le quinquennat qui
arrive à son terme. Mais là nest
déjà plus la question. Les jugements
sont faits. Commencé dans la virevolte,
ce quinquennat finit dans la tourmente.
Plombé par des cadeaux fiscaux destinés
aux plus fortunés, il sachève par
des hausses de prélèvements imposées
à tous les Français. Inauguré par une
promesse de retour au plein emploi, il se
termine par un chômage record. Et que
dire des déficits, de la dette, de la
désindustrialisation, de la démolition
des services publics, notamment de
lécole ?
Un seul mot résume cette présidence :
la dégradation. Tout sest
dégradé. Je ne parle pas dune
note. Je ne parle même pas des comptes
publics. Je parle des conditions de vie,
des comportements, tout simplement de la
situation du pays. A linjustice
dans les choix, lincohérence des
décisions se sont ajoutés
laccaparement du pouvoir et la
connivence avec les puissants, avec ce
paradoxe ultime que la volonté
domnipotence débouche sur un aveu
dimpuissance. Voilà pourquoi le
changement nest pas seulement celui
dun président, dun
gouvernement ou dune majorité. Il
faut aller bien plus loin : cest un
changement de politique, de perspective,
de dimension quil faut offrir à
notre pays le 22 avril et le 6 mai.
Si la finance est ladversaire,
alors il faut laffronter avec nos
moyens et dabord chez nous, sans
faiblesse mais sans irréalisme, en
pensant que ce sera un long combat, une
dure épreuve mais que nous devrons
montrer nos armes. Maîtriser la finance
commencera ici par le vote dune loi
sur les banques qui les obligera à
séparer leurs activités de crédit de
leurs opérations spéculatives. Aucune
banque française ne pourra avoir de
présence dans les paradis fiscaux.
Les produits financiers toxiques,
cest-à-dire sans lien avec les
nécessités de léconomie réelle
seront purement et simplement interdits.
Les stocks options seront supprimées. Et
les bonus encadrés Enfin, je proposerai
une taxe sur toutes les transactions
financières, non pas le rétablissement
de limpôt de bourse, ce qui va
être fait et qui a été supprimé il y
a quelques mois cest vous
dire la cohérence ! Non, je proposerai
une véritable taxe sur les transactions
financières, avec ceux en Europe qui
voudront la mettre en uvre avec
nous. Je proposerai aussi, si lon
veut éviter dêtre jugés par des
agences de notation dont nous contestons
la légitimité, de mettre en place au
niveau européen une agence publique de
notation.
Lautre point par rapport à la
finance est européen. La zone euro se
défait sous nos yeux. La France doit
retrouver lambition de changer
lorientation de lEurope. Elle
imposera de savoir convaincre et
entraîner nos partenaires. On me demande
souvent : « mais comment allez vous
faire pour faire venir vos alliés dans
cette Europe, sur les positions que vous
défendez, puisque le Président sortant
ny est pas arrivé » ? Mais ce qui
va changer, cest le vote des
Français, qui sera notre levier pour
convaincre. Les destins de lEurope
et de la France sont liés, la grandeur
de la France ne peut pas être séparée
de la force de lEurope. Nous avons
besoin dEurope, elle doit nous
aider à sortir de la crise mais pas
imposer une austérité sans fin qui peut
nous entraîner dans la spirale de la
dépression. Les disciplines sont
nécessaires, des engagements, devront
être pris pour le désendettement et
être respectés. Mais cest la
croissance qui nous permettra dy
parvenir le plus sûrement. Cest
pourquoi je proposerai à nos partenaires
un pacte de responsabilité, de
gouvernance et de croissance. Je
renégocierai le traité européen issu
de laccord du 9 décembre pour lui
apporter la dimension qui lui manque,
cest-à-dire la coordination des
politiques économiques, des projets
industriels, la relance de grands travaux
dans le domaine de lénergie et
puis les instruments pour dominer la
spéculation, un fonds européen qui
puisse avoir les moyens dagir sur
les marchés avec lintervention de
la Banque centrale européenne qui
devrait être, finalement, au service de
la lutte contre la spéculation.
Jagirai en faveur de la création
deuro-obligations afin de
mutualiser une partie des dettes
souveraines, de financer les grands
projets. Je défendrai, parce que
cest le sens du projet européen,
une démocratie qui associera les
parlements nationaux et européens aux
décisions qui devraient concerner les
Etats. Je proposerai une nouvelle
politique commerciale en Europe qui fera
obstacle à la concurrence déloyale, qui
fixera des règles strictes en matière
sociale, en matière environnementale, de
réciprocité. Une contribution
écologique sera installée aux
frontières de lEurope pour venir
compléter ce dispositif. Je continuerai
à agir pour une parité juste de
leuro vis-à-vis du dollar
américain. Je naccepterai pas que
la monnaie chinoise soit encore
inconvertible alors que cette première
puissance commerciale finit par être
excédentaire sans que sa monnaie,
jamais, ne soit réévaluée.
LEurope a bien des défauts, je les
connais. Mais en même temps elle est
notre bien commun. Défendons-la, elle en
a besoin, elle le mérite ! Ce qui manque
à lEurope, cest du mouvement
et cest un Européen de
cur qui le dit mais pas dans
nimporte quelle Europe : le
mouvement vers une Europe de croissance,
vers une Europe de solidarité, vers une
Europe de protection. Cest la
vocation de la France que de la
construire avec lAllemagne et avec
les pays qui voudront nous accompagner.
Aucun des grands défis de lEurope
ne peut se résoudre sans le pacte
damitié, dans légalité,
que Français et Allemands ont noué au
lendemain de la guerre. Je proposerai
donc à nos amis allemands une nouvelle
relation de vérité et dégalité.
De leur côté, ils devront faire preuve
de solidarité. LAllemagne ne
restera pas forte dans une Europe faible.
Elle ne restera pas riche dans une Europe
appauvrie, voilà la vérité. Je sais
que beaucoup en Allemagne le comprennent.
Mais du nôtre, nous devons faire aussi
des efforts, efforts de compétitivité,
de justice fiscale. Voilà le pacte
quil va falloir nouer et ouvrir un
nouveau cycle en Europe, celui dune
coopération économique, industrielle,
énergétique entre nos deux pays. Voilà
pourquoi, en janvier 2013
cest tout proche, ce sera quelques
mois après le rendez-vous du 6 mai
, si les Français men
donnent mandat, je proposerai à la
chancelière dAllemagne
lélaboration dun nouveau
traité franco-allemand, traité de
lElysée un demi-siècle après
lacte fondateur de De Gaulle et
dAdenauer qui engagea une dynamique
pour nos deux pays.
Chers amis, je veux redonner confiance à
la France dans lEurope. Je veux
maintenant vous dire ce que je veux pour
le redressement de notre pays. Ce qui est
en cause nest plus la souveraineté
dhier, quand notre territoire
était menacé. Ce qui est en cause,
cest la souveraineté de la
République face aux marchés et à la
mondialisation. Voilà pourquoi je veux
redresser la France, la redresser
financièrement, la redresser
économiquement, la redresser
industriellement. Notre pays a abandonné
depuis trop longtemps son industrie,
aveuglé par la chimère dune
économie sans usine, sans machine, comme
si limmatériel pouvait remplacer
le travail de louvrier, du
contremaître, de lingénieur et de
son savoir-faire. La réindustrialisation
de la France sera ma priorité. Je
créerai une banque publique
dinvestissement qui, en complément
des fonds régionaux, accompagnera le
développement des entreprises
stratégiques. Je favoriserai la
production en France en orientant les
financements et les allégements fiscaux
vers les entreprises qui investissent sur
notre territoire, qui y localisent leurs
activités, qui y mettent leurs emplois
et qui sont en plus offensives à
lexportation. Je mobiliserai
lépargne des Français en créant
un livret dépargne dont le produit
sera entièrement dédié au financement
des PME et des entreprises innovantes.
Jexigerai des entreprises qui se
délocalisent quelles remboursent
immédiatement les aides publiques
reçues. Je donnerai priorité aux PME :
ce sont elles qui embauchent, ce sont
elles qui doivent être aidées avant
tout, cest pour elles que nous
élargirons le crédit impôt recherche,
que nous abaisserons limpôt sur
les sociétés, que nous créerons une
agence pour les PME. Je soutiendrai
léconomie numérique en organisant
avec les collectivités locales et les
industriels la couverture intégrale de
la France en très haut débit dici
10 ans.
Le retour de la croissance passe aussi
par la transition énergétique. Je me
suis engagé à ce que la part du
nucléaire dans la production
délectricité soit réduite de 75
% à 50 % dici 2025. Nous avons
besoin dune industrie nucléaire
forte, inventant les technologies, les
progrès de demain, mais nous avons
besoin aussi dénergies
renouvelables, nous avons besoin aussi
dun plan déconomies
dénergie parce que ce sont ces
trois actions le nucléaire, les
énergies renouvelables et les économies
dénergie qui nous
permettront davoir une perspective
industrielle. Les économies
dénergie, nous les mettrons en
uvre par un plan de grands travaux
: un million de logements neufs et
anciens bénéficieront dune
isolation thermique de qualité. Nous
créerons des dizaines de milliers
demplois en améliorant en plus le
pouvoir dachat des ménages, par
rapport à leurs frais de chauffage.
Enfin, il ny aura pas de retour à
la croissance, pas dindustrie forte
sans un effort de recherche et
dinnovation. Cest tout notre
avenir de nation industrielle qui se joue
là. Jai confiance dans la science,
dans le progrès, dans la recherche, dans
la capacité des inventeurs à nous
donner les produits de demain sans avoir
pour autant la crainte pour notre
environnement. Parce que la recherche est
aussi au service de lécologie et
de lenvironnement.
Redresser léconomie, redresser
lindustrie, mais aussi redresser
les finances. Le niveau de la dette
publique na jamais été aussi
élevé. La dette publique a doublé
depuis 2002. 10 ans de droite auront
coûté aussi cher que tous les
gouvernements réunis de la Ve
République. Je nai ici pas compté
tous les présidents qui se sont
succédé mais, quels que soient leurs
mérites ou leurs défauts, aucun
navait été capable de mettre la
dette publique à ce niveau-là. Il a
fallu attendre 2002 pour avoir cette
dérive. Pour maîtriser la dette, je
rétablirai léquilibre budgétaire
en fin du mandat qui me sera confié.
Pour atteindre cet objectif, je
reviendrai sur les cadeaux fiscaux et les
multiples niches fiscales accordées
depuis une décennie aux ménages les
plus aisés et aux plus grosses
entreprises. Cette réforme permettra de
dégager près de 30 milliards de
recettes supplémentaires. Mais dans le
même temps, les dépenses de lEtat
seront maîtrisées. Toute nouvelle
dépense sera financée par des
économies, le nombre total de
fonctionnaires naugmentera pas,
mais il sera mis fin à la règle aveugle
du non remplacement dun
fonctionnaire sur deux partant à la
retraite.
Ce redressement, mes amis, est
indispensable. Mais il ne sera possible
que dans la justice. Chaque nation a une
âme. Lâme de la France,
cest légalité. Cest
pour légalité que la France a
fait sa révolution et a aboli les
privilèges dans la nuit du 4 août 1789.
Cest pour légalité que le
peuple sest soulevé en juin 1848.
Cest pour légalité que la
IIIe République a instauré
lécole obligatoire et
limpôt citoyen sur le revenu.
Cest pour légalité que le
Front populaire a uvré en 1936.
Cest pour légalité que le
gouvernement du général de Gaulle a
institué la sécurité sociale en 1945.
Cest pour légalité que
François Mitterrand a été élu en
1981. Cest pour légalité
que nous avons fait, avec Lionel Jospin,
la couverture maladie universelle et
lallocation personnelle à
lautonomie. Cest pour
légalité que nous aurons aussi à
combattre et à proposer aux Français le
changement.
Légalité, cest ce qui a
permis à un enfant orphelin de père
élevé par une mère pauvre, sourde et
illettrée, de devenir prix Nobel de
littérature. Il sappelait Albert
Camus et, après avoir reçu son prix, il
écrivit en ces termes à son vieil
instituteur : « ma première pensée,
après ma mère, a été pour vous. Sans
vous, sans cette main affectueuse que
vous avez tendue au petit enfant pauvre
que jétais, sans votre
enseignement, sans votre exemple, rien de
tout cela ne me serait arrivé. »
Cest pour légalité que nous
devons agir parce que, depuis 10 ans,
légalité recule partout. Partout,
des privilèges apparaissent à mesure
quune nouvelle aristocratie
jemploie le mot à dessein
arrogante et cupide sinstalle et
prospère. 1 % des Français
privilégiés se séparent du reste de la
société. Ils vivent à côté de nous
mais ils ne vivent déjà plus avec nous.
Parfois, ils ne vivent même pas chez
nous. Une véritable sécession sociale a
vu le jour ces dernières années : des
quartiers relégués, abandonnés et de
lautre des quartiers protégés,
sécurisés pour que nul ne vienne
déranger. Je serai le Président de la
fin des privilèges parce que je ne peux
pas admettre que, pendant ce temps-là,
pendant que certains senrichissent
sans limite, la précarité
sétende, la pauvreté
saggrave et 8 millions de personnes
vivent en dessous du seuil de pauvreté,
dont beaucoup trop denfants.
Quon mentende bien,
légalité, ce nest pas
légalitarisme, cest la
justice. Légalité, ce nest
pas lassistanat, cest la
solidarité. Les Français nont
rien à craindre de légalité,
rien à craindre de la justice, rien à
craindre de la redistribution. Les
Français doivent savoir que, sils
mélisent, je ne poserai comme
président quune seule question :
avant tout effort supplémentaire, avant
toute réforme, avant toute décision,
avant toute loi, avant tout décret, je
ne me poserai quune seule question
: est-ce que ce que lon me propose
est juste ? Si cest juste, je le
prends, si ce nest pas juste, je
lécarte. Seule la justice doit
guider notre action.
Cest pourquoi jengagerai avec
le Parlement la réforme fiscale dont
notre pays a besoin. Cest pour la
justice que je reviendrai sur les
allègements de limpôt sur la
fortune, cest pour la justice que
je veux que les revenus du capital soient
taxés comme ceux du travail. Qui peut
trouver normal quon gagne plus
dargent en dormant quen
travaillant ? Cest pour la justice
que je veux fusionner, après les avoir
rapprochés, limpôt sur le revenu
et la contribution sociale
généralisée, dans le cadre dun
prélèvement progressif sur le revenu.
Cest pour la justice que je
porterai la tranche supérieure à 45 %
de limpôt sur le revenu pour ceux
qui touchent plus de 150 000 euros. Et on
ne me fera pas croire quavec 150
000 euros, ce sont les classes moyennes
qui seront concernées ! Cest pour
la justice que je veux que nul ne puisse
tirer avantage de niches fiscales
au-delà dune somme de 10 000 euros
de diminution dimpôts par an.
Je sais que le combat sera rude,
quon cherchera à faire peur,
quon inquiètera
Si demain
nous sommes en responsabilité, ceux à
qui lon prendra feront davantage
entendre leur voix que ceux à qui
lon donnera. Je sais quil
ny aura pas de manifestation pour
nous soutenir. Cest rare,
cest exceptionnel. Mais il peut y
en avoir pour nous contester. Je sais que
certains chercheront à nous faire peur
et à effrayer les classes moyennes alors
quelles ne trouveront
quavantage dans la réforme que
nous présenterons, prétendre que les
grandes fortunes quitteront notre
territoire. Mais est-ce que le bouclier
fiscal a fait revenir les grandes
fortunes en France ? Non ! Est-ce que le
bouclier fiscal les a enrichies plus
encore ? Oui ! Est-ce que les impôts de
la plupart des Français ont baissé ?
Non, ils ont augmenté ! Est-ce que ceux
des plus favorisés ont diminué depuis 5
ans ? Oui ! Est-ce que la TVA nest
pas plus inquiétante dès lors
quelle concernera tous les
Français, mille fois oui, elle est plus
inquiétante que ce que nous proposons !
Ce nest pas seulement la réforme
fiscale. Légalité doit concerner
tous les domaines de la vie en société.
Légalité doit commencer à faire
partir à la retraite ceux qui ont
commencé à travailler tôt, exercé les
métiers les plus pénibles. Et
cest pourquoi, tout en ayant le
souci de maîtriser les comptes et en
ouvrant une négociation sur la réforme
des retraites indispensable
puisque celle qui a été votée est non
seulement injuste mais pas financée -,
eh bien sans attendre louverture de
cette négociation, tous ceux qui ont 60
ans et qui auront cotisé 41 années
retrouveront le droit à partir à la
retraite à taux plein. La négociation,
elle, portera sur la pénibilité, les
décotes, le montant des pensions,
lâge légal, lévolution des
recettes, indispensable, et la
pérennité de notre système par
répartition.
Légalité, cest aussi le
meilleur accès pour tous au logement.
Nous manquons de logements en France. Ils
atteignent des prix insupportables, et
pas simplement dans les grandes villes.
Il faut donc plus de logements.
Cest pourquoi je prendrai une
décision : lEtat montrera
lexemple, il mettra immédiatement
à la disposition des collectivités
locales tous ses terrains disponibles
pour leur permettre de construire de
nouveaux logements dans un délai de cinq
ans. Plus de logements, plus de logements
sociaux, et cest pourquoi le Livret
A qui sert à collecter une
épargne précieuse pour le logement
social-, eh bien le livret A verra son
plafond doubler, afin que tous les
Français, par leur épargne, puissent
financer le logement social.
Il faut plus de logements, plus de
logements sociaux, et des logements moins
chers. Je sais que cela prendra du temps,
mais pour éviter les abus,
jencadrerai les loyers là où les
prix sont manifestement excessifs. Il
faut des villes plus équilibrées. Et je
multiplierai par cinq les sanctions qui
pèsent sur les communes qui bafouent la
loi de solidarité urbaine.
Légalité, légalité
toujours, légalité pour la santé
! Nos professions de santé sont
dune qualité remarquable.
Jen fais à chaque fois
lexpérience. Leur métier est
lun des plus difficiles qui soient.
Sans elles, le système se serait déjà
effondré et, en même temps, trop de
Français doivent renoncer à se soigner,
pour des raisons financières ou pour des
raisons de domicile. Les dépassements
dhonoraires seront donc encadrés.
Nous combattrons les déserts médicaux.
Et par un nouveau système de
tarification, qui fera la part entre
lactivité et le service public,
lhôpital public sera conforté
dans ses tâches et dans ses missions. Et
je prends lengagement que personne,
je dis bien personne dans notre pays, ne
soit à plus dune demi-heure de
transport dun lieu de traitement
des urgences médicales.
Légalité, légalité
encore, cest le même accès pour
tous à leau, au chauffage, à
lélectricité. Il nest pas,
quand même, normal quune famille
modeste paie leau au même prix,
quand elle boit cette eau, que ceux qui
la déversent sans compter ! Je créerai
donc un tarif progressif de leau,
comme du gaz et de lélectricité,
qui garantira, au moins pour un certain
volume, un prix stable et juste.
Légalité, cest le même
salaire quand on a les mêmes
compétences et les mêmes
responsabilités. Comment la France,
comment la République peut-elle accepter
que les femmes soient moins bien payées
que les hommes ? Les exonérations de
cotisations sociales aux entreprises qui
ne respectent pas cette règle seront
purement et simplement supprimées.
Légalité, toujours
légalité, cest aider les
territoires qui en ont le plus besoin et
notamment, et je parle ici en Seine
Saint-Denis, nos banlieues. Cela veut
dire quil faudra cesser
daider de la même façon le
quartier difficile dune ville riche
et le quartier difficile dune ville
qui na que des quartiers
difficiles. Je compte sur tous les élus
locaux pour maccompagner dans ce
mouvement. Il nest pas nécessaire
dêtre de gauche pour être
sensible à la terrible injustice que
représente pour des millions de
Français la vie dans des immeubles
indignes ou dans des cités dégradées.
Légalité, légalité
cest aussi la sécurité pour tous.
Vivre dans la peur est insupportable !
Linsécurité est une injustice
sociale intolérable. Elle touche les
plus modestes, les plus âgés, les plus
jeunes, les plus fragiles. La sécurité
est un droit et je le ferai respecter en
créant des zones de sécurité
prioritaires là où il y a les taux de
délinquance les plus élevés, en
mettant des postes supplémentaires, 1
000 chaque année, dans la Justice, dans
la Police, dans la Gendarmerie, en
rapprochant les Forces de lordre
des citoyens. Et je lutterai contre tous
les trafics, toutes les mafias. Pas plus
que je naccepte la délinquance
financière, la fraude fiscale, pas plus
je ne tolère quun petit caïd avec
sa bande mette une cité en coupe
réglée et fasse vivre à ses habitants
un enfer. Tous ceux-là, les délinquants
financiers, les fraudeurs, les petits
caïds, je les avertis : ceux qui ont pu
croire que la loi ne les concernait pas,
le prochain président les prévient, la
République, oui, la République vous
rattrapera !
Légalité, légalité
toujours, légalité ce sont les
mêmes droits pour tous, quels que soient
son sexe et son orientation, cest
le droit de pouvoir se marier,
dadopter, pour les couples qui en
décident ainsi. Cest le droit,
pour les personnes handicapées, de vivre
la vie la plus normale possible. Et je
veillerai à ce que chaque loi comprenne
un volet handicap.
Légalité, cest aussi
laccès à ce qui est le plus
précieux, y compris quand on na
plus rien, lémancipation,
lenrichissement, la culture. La
culture, Baudelaire lévoquait : «
le meilleur témoignage que nous
puissions donner de notre dignité,
cest la culture ». Et là encore,
nous devons agir. Léducation
artistique sera généralisée,
laménagement culturel de la France
sera une priorité. Il intégrera les
territoires oubliés, les zones
abandonnées, les quartiers dégradés de
nos grandes villes. Et cest
pourquoi nous ouvrirons, là encore, une
nouvelle étape de la décentralisation
culturelle.
Quant à la loi Hadopi, inapplicable,
elle sera remplacée remplacée je
dis bien, car il faut un cadre pour fixer
les droits de chacun par une
grande loi signant lacte 2 de
lexception culturelle, qui
défendra à la fois les droits des
créateurs, parce que nous avons besoin
de créateurs et de production, et un
accès aux uvres par Internet. Nous
ne devons pas opposer les créateurs et
leurs publics. Le public et les
créateurs sont dans le même mouvement
pour lémancipation, pour la
découverte, pour la qualité, pour
lexception culturelle française.
Chers amis, je veux citer Pierre Mendès
France, qui nous disait que « la
vérité doit forcément guider nos pas
». Je vous dois donc la vérité. Je
connais les contraintes financières,
lampleur de nos déficits, la
gravité de notre dette, la faiblesse de
la croissance en 2012, la lourdeur de
lhéritage qui nous sera légué.
Je ne promettrai donc que ce que je suis
capable de tenir. Je dois maîtriser sans
rien renoncer les choses et dabord
le temps.
Le quinquennat souvrira donc sur
des réformes de structure, celles qui
constitueront un redressement dans la
justice, le redressement économique, la
réforme fiscale, le pacte éducatif, la
décentralisation. Nous traiterons aussi
les urgences, lemploi, et notamment
lemploi des jeunes, le logement, la
santé. Mais cest ensuite que nous
pourrons redistribuer ce que nous aurons
créé, ce que nous aurons fabriqué, ce
que nous aurons engagé, ce que le pays
aura pu, par son redressement, favoriser.
Voilà les temps qui doivent être
proposés.
Mais je ne perdrai pas un seul instant,
pas un seul instant, du mandat qui me
sera confié.
Sur le plan international, avec le sommet
de lOtan prévu à la fin du mois
de mai 2012, nous engagerons le retrait
de nos troupes dAfghanistan. Sur le
plan européen, si les Français
men donnent mandat, mon premier
déplacement sera pour rencontrer la
Chancelière dAllemagne et pour lui
dire que nous devons ensemble changer
lorientation de lEurope vers
la croissance et dans le lancement de
grands travaux.
Ici dans notre pays, sans même attendre
le renouvellement de lAssemblée
nationale, jengagerai, avec les
nouveaux ministres et le nouveau
gouvernement, les premières mesures
contre la finance et pour la réforme
bancaire. Pas un instant, nous ne
resterons inactifs. Le quinquennat ne
sera pas une volte-face, un zigzag, une
contradiction. Dores et déjà,
nous savons où nous voulons aller. Nous
connaissons les temps, les périodes, les
rythmes. Nous avons fixé aux Français
lobjectif, mais également les
moyens. Nous savons que nous avons des
moyens limités, mais que nous avons la
volonté ! Cest cette démarche qui
convaincra. Et ce nest pas en
improvisant en fin de mandat des mesures
politiques, économiques, sociales qui
ont tant manqué depuis cinq ans, que les
Français pourront être sérieusement
convaincus que le changement se fera,
pour les cinq ans qui viennent, de ce
côté-là.
Je veux vous parler, pour terminer, de
notre avenir. Lidée républicaine,
cest une promesse. Une belle
promesse, qui est celle de vivre mieux de
génération en génération. La promesse
républicaine, cest que chaque
génération vivra mieux que la
précédente. Et aujourdhui, cette
promesse est trahie. Notre jeunesse est
sacrifiée, abandonnée, reléguée.
Chômage, précarité, dévalorisation
des diplômes, désespérance, perte
dautonomie, accès au logement
difficile. Sans compter ce que nous lui
laissons, à cette jeunesse, un
environnement dégradé, des retraites
non financées, une dette considérable.
Et pourtant, la jeunesse cest notre
chance ! Comment peut-on accepter que
cette chance devienne une charge ?
Jai beaucoup réfléchi, depuis
plusieurs mois même, à ce que pouvait
être lenjeu de lélection
présidentielle, au-delà de la crise, du
redressement à accomplir, de la justice
à réaliser. Jen suis arrivé à
cette conclusion simple : cest pour
la jeunesse de notre pays que je veux
présider la France. Je veux redonner
confiance à la jeunesse ! Et cest
la raison pour laquelle je veux faire de
léducation une grande cause
nationale. Jai proposé de créer
60 000 postes supplémentaires dans
léducation, pas seulement de
professeurs, mais de surveillants,
dinfirmières, dassistantes
sociales, de tous ceux qui contribuent à
laccueil, à laccompagnement,
à la réussite des jeunes. On me dit «
cest trop ». Non, je dis « ce
nest peut-être pas assez » !
Cest terrible de mener une bataille
contre léchec scolaire, qui fait
chaque année plus de 150 000 victimes,
150 000 qui sortent sans diplôme, sans
qualification, de lécole. La
priorité ira aux écoles maternelles et
primaires parce que cest là que
beaucoup se joue et que les premiers
retards se précisent. Les rythmes
scolaires qui nont aucun
équivalent en Europe seront revus. Au
collège et au lycée, les élèves les
plus en difficulté bénéficieront
dun accompagnement personnalisé,
pour quà la fin du quinquennat, je
dis bien à la fin du quinquennat, le
nombre de jeunes qui sortent sans
qualification du système scolaire soit
divisé par deux. Aucun jeune, aucun
jeune de 16 à 18 ans et je sais
ce quest la déscolarisation dans
beaucoup de nos villes et dans beaucoup
de familles -, aucun jeune de 16 à 18
ans ne restera sans solution de
formation, demploi ou même de
service civique. Personne ne sera laissé
là, de côté, abandonné, oublié !
Cest pour notre jeunesse que nous
devons faire de lemploi une
priorité et créer progressivement 150
000 emplois davenir réservés aux
jeunes, en particulier ceux issus des
quartiers difficiles.
Cest pour les jeunes mais aussi les
seniors que jai porté cette belle
idée du contrat de génération, pour
permettre lembauche de jeunes en
contrat à durée indéterminée dès
lors quils sont accompagnés par un
salarié plus expérimenté, qui
lui-même est maintenu dans lemploi
jusquà son départ à la retraite.
Cest la réconciliation des âges,
cest la solidarité entre les
générations ! Partout où je vais dans
les usines, deux sortes de travailleurs
viennent me voir. Les plus anciens, qui
me posent une seule question : quand
est-ce que nous allons partir ? Et les
plus jeunes, qui me posent une seule
question : quand est-ce que nous allons
pouvoir entrer ? Et je leur dis « mais
si vous les seniors, vous accompagnez les
jeunes, vous leur donnez votre
savoir-faire, votre expérience, votre
compétence, est-ce que ce nest pas
finalement la plus belle mission qui peut
vous être confiée avant dattendre
le départ à la retraite ? Et vous, les
jeunes, si vous entrez enfin dans
lemploi avec un contrat à durée
indéterminée, vous pouvez retrouver
lautonomie que vous attendez depuis
si longtemps ». Je pense aussi aux
jeunes qui sont étudiants et dont les
familles sont modestes. Ceux-là
recevront aussi une allocation
détudes sous conditions de
ressources pour leur permettre
davoir lautonomie.
Cest cela, le projet : faire tout
pour que la jeunesse réussisse, non pas
pour elle-même, non pas parce
quelle serait une catégorie, non
pas parce que je voudrais la flatter,
mais parce que cest ce qui permet
à ceux qui sont parents, grands-parents,
de retrouver eux-mêmes espoir dans
lavenir, fierté dans la réussite,
de se dire « mais quallons-nous
laisser, laisser après nous, quelle
société voulons-nous transmettre à nos
enfants, à nos petits-enfants ? ». Une
société du chômage, de la précarité,
de langoisse, de la dislocation ou,
au contraire, une société où les
chances soient attribuées, où les
conditions de réussite soient posées et
où lon se dise : je vais bientôt
partir, que ce soit à la retraite ou
pour le grand voyage, je vais bientôt
partir mais au moins, je sais que ce qui
a été transmis sera finalement, pour la
génération qui arrive, la réussite
possible que je nai même pas eue
pour moi-même.
Et moi, moi qui suis devant vous candidat
à lélection présidentielle, si
je reçois le mandat du pays dêtre
le prochain président, je ne veux être
jugé que sur un seul objectif : est-ce
quau terme du mandat qui me sera,
si les Français le veulent, confié,
est-ce que les jeunes vivront mieux en
2017 quen 2012 ? Je demande à
être évalué sur ce seul engagement,
sur cette seule vérité, sur cette seule
promesse ! Changer leur vie serait pour
moi la plus grande des fiertés. Ce
nest pas un engagement à la
légère que je prends. Cest pour
mobiliser toute la Nation par rapport à
cet enjeu.
Chers amis, jai parlé du Rêve
français. Oui, le beau rêve, le rêve
que tout au long des siècles, depuis la
Révolution française, les citoyens ont
caressé, ont porté. Ce rêve de vivre
mieux, ce rêve de laisser un monde
meilleur, ce rêve du progrès, ce rêve
de pouvoir franchir à chaque fois les
étapes de lhumanité, ce rêve ne
nous appartient pas quen propre,
mais il se trouve que cest nous, la
France, qui avons inventé la
République. Cest nous qui avons
porté cet idéal quune société,
si elle sorganisait, si elle se
donnait les moyens, si elle faisait de
légalité, de la liberté et de la
fraternité son mode de vie, pouvait
être lémancipation pour chacun.
Cest ce rêve-là que jai
voulu de nouveau ré-enchanter et
aussitôt, la Droite sest gaussée.
Comment, comment serait-il possible de
parler de rêve en cette période ?
Cest vrai, ce nest pas un
rêve que nous vivons
Comment
serait-il possible de parler de rêve au
moment où la crise condamnerait toute
ambition ? Ce serait une chimère. Mais
moi, je ne vous appelle pas à mettre
votre tête dans les étoiles. Je vous
appelle à retrouver le récit
républicain, celui qui nous a fait
avancer pendant des décennies, le récit
de la Révolution française, de ces
hommes, de ces femmes aussi, qui ont
voulu avancer dans une histoire inconnue
qui souvrait sous leur yeux, qui
était lhistoire de
légalité humaine.
Oui, ce récit républicain qui
sest poursuivi avec les
républiques, avec la IIIe République,
avec, aussi, la Libération, le Conseil
national de la résistance, ce rêve, ce
récit républicain que mai 68 a aussi,
dune certaine façon, fait
ressurgir ! Et puis, mai 1981 et tant
dautres étapes. Cest cela,
le récit de la République. Il
nappartient pas quà la
Gauche. Tous ceux qui se sont succédé
pendant des décennies à la tête du
pays ont porté le récit républicain. A
chaque fois, et quels que fussent les
reproches que nos prédécesseurs aient
pu leur adresser, cétait,
finalement, leur ambition aussi, faire
avancer la France. Alors le rêve,
surtout, portons-le !
Et je me permettrai de citer Shakespeare,
qui rappelait cette loi pourtant
universelle : « ils ont échoué parce
quils nont pas commencé par
le rêve ». Eh bien nous réussirons
parce que nous commencerons par évoquer
le rêve ! Le rêve français, cest
la confiance dans la démocratie, la
démocratie qui sera plus forte que les
marchés, plus forte que largent,
plus forte que les croyances, plus forte
que les religions ! Le rêve français,
cest lachèvement de la
promesse républicaine autour de
lécole, de la laïcité, de la
dignité humaine, de lintérêt
général.
Le rêve français, cest le creuset
qui permet à toutes les couleurs de peau
dêtre à égalité de droits et de
devoirs. Le rêve français, cest
laffirmation des valeurs
universelles qui vont bien au-delà des
frontières, qui vont bien au-delà de la
Nation. Ce nest pas un espace
limité, mais qui est proclamé à tous,
à la face du monde. Le rêve français,
cest notre histoire, cest
notre projet ! Le rêve français,
cest une force, cest le
projet que je vous propose, parce
quil nous ressemble, parce
quil nous rassemble !
Je veux, je veux que nous allions
ensemble vers la France de demain ! Une
France du travail, du mérite, de
leffort, de linitiative, de
lentreprise, où le droit de chacun
sappuiera sur légalité de
tous. Une France de la justice, où
largent sera remis à sa place, qui
est celle dun serviteur et non
dun maître. Une France de la
solidarité, où aucun des enfants de la
Nation ne sera laissé de côté. Une
France du civisme, où chacun demandera
non pas ce que la République peut faire
pour lui, mais ce que lui, peut faire
pour la République ! Une France de la
diversité où chacun apportera sa
différence, mais dans lunité de
la République, où les Outre-mers nous
ouvrent à tous les horizons du monde et
où les enfants dimmigrés doivent
être fiers, fiers dentre
Français, Français, parce que
cest le plus beau nom quon
puisse donner à un citoyen du monde, à
une France de lexemple, où le pays
se retrouve dans ce qui lélève,
dans ce qui le réunit, le dépasse, une
France de la confiance où toutes les
forces qui la constituent se mobilisent
pour lavenir !
La France, la France nest pas un
problème. La France est la solution !
Voilà le choix, chers amis, voilà le
choix qui vous attend. Toujours le même,
toujours celui, depuis que la démocratie
existe, entre la peur et lespoir,
entre la résignation et le sursaut,
entre lagitation et le changement.
Eh bien le changement, le changement,
cest maintenant ! Le redressement,
cest maintenant ! La justice,
cest maintenant !
Lespérance, cest maintenant
! La République cest maintenant !
Mobilisons-nous, rassemblons-nous et dans
trois mois, dans trois mois, nous ferons
gagner la Gauche, avancer la France et
nous réussirons le changement ! Le
changement, jy suis prêt !
Vive la République ! Et vive la France !
Source quotidien international Fil-info-France du
lundi 23 janvier 2012
Site officiel de François Hollande :
francoishollande.fr
Site officiel du Parti
socialiste : parti-socialiste.fr
Voir : AFFAIRE
DSK - FIL INFO DSK -
FIL-INFO-FRANCE
Lien permanent :
http://www.fil-info-france.com/discours_Francois_Hollande_meeting_Bourget_22_janvier_2012_fil-info-politique.htm
LIVRE : Sélection du livre de Shlomo
Sand, historien israélien spécialisé
dans l'histoire contemporaine.
Comment le
peuple juif fut inventé ?
-
SOS-Reporters
: Liberté d'expression et
liberté d'opinion sans frontière !
LIBERTE
D'EXPRESSION ET D'OPINION, DROITS :
Rappel des
droits ( textes ) fondamentaux :
A - "Tout
individu a droit à la liberté d'opinion
et d'expression, ce qui implique le droit
de ne pas être inquiété pour ses
opinions et celui de chercher, de
recevoir et de répandre, sans
considération de frontière, les
informations et les idées par quelque
moyen d'expression que ce soit"
- Article 19 de la Déclaration
universelle des droits de l'homme
Déclaration internationale des droits de
l'homme, adoptée par l'Assemblée
générale de l'ONU à Paris, le 10
décembre 1948.
B -
"Toute personne a droit à la
liberté d'expression. Ce droit comprend
la liberté d'opinion et la liberté de
recevoir ou de communiquer des
informations ou des idées sans qu'il
puisse y avoir ingérence d'autorités
publiques et sans considération de
frontières."
- Article 11-1 de la "Charte des
droits fondamentaux de l'Union
européenne".
2000/C 364/01. Nice, le 7 décembre 2000.
C -
"La libre communication des pensées
et des opinions est un des droits les
plus précieux de l'Homme : tout Citoyen
peut donc parler, écrire, imprimer
librement, sauf à répondre de l'abus de
cette liberté dans les cas déterminés
par la Loi."
- Article 11 de la Déclaration
des Droits de l'homme et du citoyen du 26
août 1789.
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Bon surf !
Happy surfing!
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