Discours d'investiture du 44e président
américain, Barack Obama, mardi 20
janvier 2009
Source Fil-info-France Mercredi
21 janvier
2009 N° 2188/23584
Barack Obama
"Mes chers
compatriotes,
Je me tiens ici aujourd'hui plein
d'humilité devant la tâche qui nous
attend, reconnaissant de la confiance que
vous m'avez accordée, conscient des
sacrifices consentis par nos ancêtres.
Je remercie le président Bush d'avoir
servi notre pays, ainsi que de la
générosité et la coopération qu'il a
déployées pendant toute cette
transition.
Quarante-quatre Américains ont
désormais prêté le serment
présidentiel. Les mots ont été
prononcés alors que gonflaient les eaux
de la prospérité et que reposaient les
eaux de la paix. Pourtant, de temps à
autre, le serment est prononcé alors que
les nuages s'amoncellent et que les
tempêtes font rage. Dans ces moments,
l'Amérique n'a pas simplement continué
grâce au talent ou à la vision de ceux
qui sont haut placés, mais parce que
nous, le peuple, avons gardé la foi dans
les idéaux de nos prédécesseurs, et
sommes restés fidèles à nos textes
fondateurs.
Ainsi en a-t-il été. Ainsi doit-il en
être pour cette génération
d'Américains.
Il est entendu maintenant que nous nous
nous trouvons au beau milieu d'une crise.
Notre pays est en guerre, contre un vaste
réseau de violence et de haine. Notre
économie est sérieusement affaiblie,
conséquence de l'avidité et de
l'irresponsabilité de certains, mais
aussi de notre échec collectif à
opérer des choix difficiles et à
préparer le pays pour une nouvelle ère.
On a perdu des logements ; détruit des
emplois ; fermé des entreprises. Notre
couverture de santé est trop coûteuse ;
nos écoles laissent de côté trop de
gens ; et chaque jours apporte une
nouvelle preuve de ce que la façon dont
nous utilisons l'énergie renforce nos
adversaires et menace notre planète.
Voilà pour les signes de la crise, tels
que les reflètent données et
statistiques. Moins mesurable mais non
moins profond est le minage de la
confiance dans tout notre pays - la peur
tenace de ce que le déclin de
l'Amérique est inévitable, de ce que la
prochaine génération doit viser moins
haut.
Aujourd'hui, je vous dis que les défis
qui nous attendent sont réels. Ils sont
graves et ils sont nombreux. Ils ne
seront pas facilement ni rapidement
relevés. Mais sache-le, ô Amérique :
ils seront relevés.
En ce jour, nous nous rassemblons parce
que nous avons choisi l'espoir plutôt
que la peur, l'unité tendue vers un but
commun plutôt que le conflit et la
discorde.
En ce jour, nous proclamons la fin des
rancunes mesquines et des promesses non
tenues, des récriminations et des dogmes
éculés qui ont trop longtemps
étranglé notre politique.
Nous restons une nation jeune, mais pour
citer les Ecritures, il est temps de
"faire disparaître ce qui était de
l'enfant". Il est temps de
réaffirmer notre force de caractère ;
de choisir une histoire meilleure ; de
porter ce cadeau précieux, cette noble
idée transmise de génération en
génération: la promesse obtenue de Dieu
que nous sommes tous égaux, tous libres
et méritons tous une chance d'aspirer à
la plénitude du bonheur.
En réaffirmant la grandeur de notre
nation, nous comprenons que la grandeur
n'est jamais donnée. Elle doit être
gagnée. Notre cheminement n'a jamais
fait de raccourcis et de résignation.
Cela n'a pas été le chemin des
timorés, de ceux qui préfère
l'oisiveté au travail ou ne recherchent
que les plaisirs des richesses et de la
gloire. Non, cela a été le chemin de
ceux qui prennent des risques, qui
agissent, qui font des choses - certains
que l'on a célébrés mais le plus
souvent des hommes et des femmes ayant
oeuvré dans l'obscurité, qui nous ont
guidés sur les chemins accidentés de la
prospérité et de la liberté.
Pour nous, ils ont rassemblé leurs
maigres possessions et traversé les
océans en quête d'une vie nouvelle.
Pour nous, ils ont sué sang et eau et
conquis l'Ouest ; enduré la morsure du
fouet et labouré la terre dure.
Pour nous, ils se sont battus et sont
morts, dans des endroits comme Concord et
Gettysburg ; en Normandie et à Khê
Sahn.
Encore et encore, ces hommes et femmes
ont lutté, se sont sacrifiés et se sont
usé les mains au travail pour que nous
puissions vivre une vie meilleure. Ils
ont vu dans l'Amérique plus que la somme
de nos ambitions individuelles ; plus que
toutes les distinctions de naissance, de
richesse ou de clan.
C'est le cheminement qui nous continuons
aujourd'hui. Nous demeurons le pays le
plus prospère, le plus puissant sur
Terre. Nos travailleurs ne sont pas moins
productifs qu'au début de la crise. Nos
esprits ne sont pas moins inventifs, nos
biens et nos services pas moins demandés
qu'ils ne l'étaient il y a une semaine,
un mois ou un an. Nos capacités
demeurent intactes. Mais le temps où
nous résistions au changement, où nous
protégions des intérêts étriqués et
repoussions les décisions déplaisantes,
ce temps est assurément fini. Dès
aujourd'hui nous devons nous reprendre,
nous secouer et nous remettre à
construire l'Amérique.
Car où que nous regardions, il y a du
travail à abattre. L'état de
l'économie appelle une action audacieuse
et rapide, et nous agirons, non seulement
pour créer de nouveaux emplois, mais
pour jeter les bases d'une nouvelle
croissance. Nous construirons les routes
et les ponts, les réseaux électriques
et numériques qui irriguent notre
commerce et nous relient. Nous rendrons
sa place à la science et exploiterons
les merveilles de la technologie pour
améliorer la qualité des soins de
santé et abaisser leur coût. Nous
maîtriserons le soleil, le vent et la
terre pour alimenter nos voitures et
faire tourner nos entreprises. Et nous
transformerons nos écoles, lycées et
universités pour répondre aux exigences
d'une nouvelle ère. Tout cela, nous
pouvons le faire. Et tout cela, nous le
ferons.
Certes, certains s'interrogent sur
l'étendue de nos ambitions, laissent
entendre que notre système ne peut pas
supporter trop de grands projets. Ils ont
la mémoire courte. Car ils ont oublié
en effet ce que ce pays a déjà accompli
; ce que des hommes et des femmes libres
peuvent accomplir lorsque l'imagination
rejoint le bien commun, et la
nécessité, le courage.
Ce qui échappe aux cyniques est que le
sol s'est dérobé sous eux, que les
vieilles querelles politiques qui nous
consument depuis si longtemps sont
dépassées. La question que nous posons
aujourd'hui n'est pas de savoir si notre
gouvernement est trop large ou trop
resserré, mais s'il fonctionne, s'il
aide les familles à trouver des emplois
décemment rémunérés, des soins à
leur portée, une retraite digne. Si la
réponse est oui, nous avons l'intention
de continuer. Si la réponse est non, ce
sera la fin de ces programmes. Et ceux
d'entre nous qui gèrent les dollars
publics devront rendre des comptes, pour
dépenser sagement, changer les mauvaises
habitudes et travailler au grand jour,
parce que ce n'est qu'ainsi que nous
pouvons restaurer la confiance cruciale
entre un peuple et son gouvernement.
La question n'est pas non plus de savoir
si le marché est une force bonne ou
mauvaise. Sa capacité à générer de la
richesse et étendre la liberté est sans
égale, mais cette crise nous a rappelé
que sans un oeil attentif, le marché
peut échapper à tout contrôle et que
la nation ne peut pas prospérer quand
elle ne donne qu'à ceux qui sont
prospères. Le succès de notre économie
a toujours a toujours dépendu, non
seulement de l'importance de notre
produit intérieur brut mais aussi de
l'étendue de notre prospérité, de
notre capacité à offrir une chance à
toute bonne volonté, pas par charité,
mais parce que c'est la plus sûre voie
de notre bien commun.
Pour ce qui est de notre défense
commune, nous refusons de faire un
mauvais choix entre notre sécurité et
nos idéaux. Nos pères fondateurs,
confrontés à des périls que nous
pouvons à peine imaginer, ont élaboré
une charte pour établir l'état de droit
et les droits de l'homme, une charte qui
se poursuit dans le sang des
générations.
Ces idéaux éclairent toujours le monde
et nous n'y renoncerons pas par
opportunisme. Aussi, à tous les autres
peuples et gouvernements qui nous
regardent aujourd'hui, des plus grandes
capitales au petit village où naquit mon
père : sachez que l'Amérique est l'amie
de chaque nation et de chaque homme,
femme et enfant qui aspire à un avenir
de paix et de dignité, et que nous
sommes prêts une fois encore à ouvrir
le chemin.
Rappelez-vous que les générations
précédentes ont tenu tête au fascisme
et au communisme non par les seuls
missiles et chars, mais grâce à de
solides alliances et de fortes
convictions. Ils ont compris que notre
puissance ne nous protège pas seule, ni
ne nous donne le droit d'agir à notre
guise. Ils savaient que notre puissance
grandit de son usage prudent ; que notre
sécurité émane de la justesse de notre
cause, de la force de notre exemple, des
qualités pondérantes d'humilité et de
retenue.
Nous sommes les gardiens de cet
héritage. Guidés une nouvelle fois par
ces principes, nous pouvons affronter ces
nouvelles menaces qui exigent un effort
encore plus important, davantage de
coopération et de compréhension entre
les nations. Nous commencerons par
laisser l'Irak à son peuple de façon
responsable et forger une paix durement
méritée en Afghanistan. Avec nos vieux
amis et nos anciens ennemis, nous
travaillerons inlassablement à réduire
la menace nucléaire, repousser le
spectre du réchauffement de la planète.
Nous ne présenterons pas d'excuses pour
notre mode de vie, ni n'hésiterons à le
défendre, et à ceux qui tentent
d'atteindre leurs buts en semant la
terreur et en massacrant des innocents,
nous disons aujourd'hui que notre
détermination est plus forte et ne peut
être brisée ; vous ne pouvez pas nous
vaincre et nous vous battrons.
Car nous savons que le patchwork de notre
héritage est une force et non une
faiblesse. Nous sommes une nation de
chrétiens et musulmans, juifs et hindous
et non-croyants. Nous sommes issus de
chaque langue et chaque culture venue de
chaque coin de cette Terre ; et parce que
nous avons goûté à l'amertume de la
guerre civile et de la ségrégation, et
que nous sommes sortis plus forts et plus
unis de cette épreuve, nous ne pouvons
pas nous empêcher de croire que les
vieilles haines finiront par disparaître
; que les frontières tribales seront
bientôt dissoutes ; qu'à mesure que le
monde devient plus petit, notre humanité
commune se révélera, et que l'Amérique
doit jouer son rôle en ouvrant la voie
à une nouvelle ère de paix.
Au monde musulman: nous cherchons une
nouvelle façon d'avancer fondée sur
notre intérêt mutuel et notre respect
mutuel. Aux dirigeants à travers le
monde qui veulent semer le conflit ou
imputent les maux de leur société à
l'Occident : sachez que votre peuple vous
jugera sur ce que vous pouvez construire,
et non sur ce que vous détruisez. A ceux
qui s'accrochent au pouvoir par la
corruption, la tromperie et en réduisant
la contestation au silence, sachez que
vous êtes du mauvais côté de
l'histoire. Mais que nous tendrons la
main si vous voulez desserrer votre
étau.
Aux peuples des pays pauvres: nous
promettons de travailler à vos côtés
pour que vos fermes s'épanouissent et
que coulent des eaux propres ;
d'alimenter les corps affamés et de
nourrir les esprits assoiffés. Et aux
nations comme la notre qui jouissent
d'une relative abondance, nous disons que
nous ne pouvons plus nous permettre de
rester indifférents à la souffrance
au-delà de nos frontières ; que nous ne
pouvons pas non plus consumer toutes les
ressources du monde sans nous soucier des
conséquences. Car le monde a changé et
nous devons évoluer avec lui.
Quand nous regardons le chemin qui nous
attend, nous pensons avec gratitude et
humilité à ces courageux Américains
qui, en ce moment même, patrouillent
dans les déserts et montagnes reculés.
Ils ont quelque chose à nous dire
aujourd'hui, tout comme les héros qui
reposent à Arlington et murmurent à
travers les âges. Nous leur rendons
hommage non seulement parce qu'ils sont
les gardiens de notre liberté mais parce
qu'ils incarnent l'esprit du service
public ; la volonté de trouver un sens
dans quelque chose de plus grand qu'eux.
Et en ce moment même, un moment qui
définira une génération, c'est
précisément cet esprit qui doit tous
nous habiter.
Car quoi qu'un gouvernement puisse et
doive faire, en fin de compte c'est sur
la foi et la détermination du peuple
américain que repose cette nation. C'est
la bonté d'accueillir un étranger chez
soi quand les digues cèdent, le
désintéressement des travailleurs qui
préfèrent travailler moins que voir un
ami perdre son emploi, qui nous permet de
surmonter nos heures les plus sombres.
C'est le courage du pompier qui se
précipite dans un escalier enfumé, mais
aussi la volonté d'un parent d'élever
un enfant, qui en définitive décide de
notre sort.
Les défis qui nous attendent sont
peut-être nouveaux. Les instruments avec
lesquels nous les affrontons sont
peut-être nouveaux. Mais ces valeurs
dont dépend notre succès, l'ardeur au
travail et l'honnêteté, le courage et
le respect des règles, la tolérance et
la curiosité, la loyauté et le
patriotisme, tout cela est ancien. Tout
cela est vrai. C'est ce qui a fait la
force tranquille du progrès au fil de
notre histoire. Ce qu'il faut, c'est
revenir à ces vérités. Ce qu'il nous
faut aujourd'hui, c'est une nouvelle ère
de responsabilité, la reconnaissance,
chez chaque Américain, des devoirs que
nous avons envers nous-mêmes, notre pays
et le monde, des devoirs que nous
n'acceptons pas à reculons mais que nous
saisissons volontiers, sachant bien qu'il
n'y a rien qui satisfait plus l'esprit,
qui forge plus la personnalité, que de
nous donner complètement à une tâche
difficile.
C'est le prix et la promesse de la
citoyenneté.
C'est la source de notre confiance,
savoir que Dieu nous demande de définir
un destin incertain.
C'est la signification de notre liberté
et de notre foi, c'est la raison pour
laquelle les hommes, femmes et enfants de
toutes les races et toutes les religions
peuvent partager les célébrations sur
cette magnifique esplanade, et pour
laquelle un homme dont le père il y a
moins de 60 ans n'aurait peut-être pas
pu être servi dans un restaurant peut
aujourd'hui se tenir devant vous pour
prononcer un serment des plus sacrés.
Marquons donc ce jour du souvenir, de qui
nous sommes et de tout le chemin que nous
avons parcouru. Dans l'année de la
naissance de l'Amérique, dans les mois
les plus froids, un petit groupe de
patriotes se serrait près de feux de
camps mourants sur les berges d'une
rivière gelée. La capitale était
abandonnée. L'ennemi avançait. La neige
était teintée de sang. Au moment où le
sort de notre révolution était le plus
douteux, le père de notre nation a
ordonné que l'on lise ces mots au peuple
:
"Que l'on dise au monde à venir
(....) qu'au coeur de l'hiver, quand
seuls l'espoir et la vertu avaient
survécu (...), la ville et le pays,
confrontés à un danger commun, y ont
fait face".
Amérique, face à nos dangers communs,
dans cet hiver de difficultés, bravons
une fois encore les courants glacés, et
affrontons les tempêtes qui surgiront.
Que les enfants de nos enfants puissent
dire que quand nous avons été
éprouvés nous avons refusé que le
chemin s'arrête, que nous n'avons pas
rebroussé chemin ni faibli ; et qu'avec
les yeux fixés sur l'horizon et par la
grâce de Dieu, nous avons continué à
porter ce formidable cadeau de la
liberté pour le remettre aux
générations futures."
Merci. Dieu vous bénisse. Et Dieu
bénisse les Etats-Unis d'Amérique.
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recevoir et de répandre, sans
considération de frontière, les
informations et les idées par quelque
moyen d'expression que ce soit"
- Article 19 de la Déclaration
universelle des droits de l'homme
Déclaration internationale des droits de
l'homme, adoptée par l'Assemblée
générale de l'ONU à Paris, le 10
décembre 1948.
B -
"Toute personne a droit à la
liberté d'expression. Ce droit comprend
la liberté d'opinion et la liberté de
recevoir ou de communiquer des
informations ou des idées sans qu'il
puisse y avoir ingérence d'autorités
publiques et sans considération de
frontières."
- Article 11-1 de la "Charte des
droits fondamentaux de l'Union
européenne".
2000/C 364/01. Nice, le 7 décembre 2000.
C -
"La libre communication des pensées
et des opinions est un des droits les
plus précieux de l'Homme : tout Citoyen
peut donc parler, écrire, imprimer
librement, sauf à répondre de l'abus de
cette liberté dans les cas déterminés
par la Loi."
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août 1789.
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